Le goût bizarre de la "démocratie souveraine" (Vedomosti)

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MOSCOU, 25 juillet - RIA Novosti. "Lorsque le mot 'démocratie' est accompagné d'épithètes, cela lui donne un goût bizarre", estime le premier vice-premier ministre russe, Dmitri Medvedev.

En effet, depuis la publication lundi par la revue Expert d'une interview de Dmitri Medvedev, on a l'impression, du moins au premier abord, qu'une véritable confrontation idéologique divise la classe politique russe. Pas une opposition caricaturale, quand un groupuscule affaibli exprime une opinion soi-disant différente des autres, mais un vrai combat entre Vladislav Sourkov, chef adjoint de l'administration du Kremlin, champion de la "démocratie souveraine", et Dmitri Medvedev, partisan de la démocratie sans épithètes.

Tous deux sont bien connus et très en vue, tous deux disposent d'importantes ressources politiques et administratives; la seule différence est que Medvedev figure parmi les possibles dauphins de Vladimir Poutine, tel un homme de l'avenir, alors que Sourkov est le dernier cadre de l'époque eltsinienne, tel un homme du passé.

Sa polémique avec Vladislav Sourkov, Dmitri Medvedev l'a entamée lors d'un entretien avec Valeri Fadeïev, rédacteur en chef d'Expert, mais aussi un des auteurs du programme "Modèle économique de la démocratie souveraine", en consultation libre sur le site Internet du parti pro-présidentiel Russie unie. "La démocratie est une chose absolument fondamentale qu'on ne peut opposer qu'aux régimes dictatoriaux et totalitaires", s'insurgeait Dmitri Medvedev, avant de s'attaquer à la notion d'"économie souveraine" (modèle prôné par le document précité) chère à son interlocuteur: pour le numéro deux du gouvernement russe, cette notion revient à celle d'"économie d'Etat", autrement dit à l'étatisation de l'économie.

Toutefois, une comparaison détaillée des programmes - celui publié sur le site Internet de Russie unie et celui exposé par Dmitri Medvedev à Expert (si l'on peut parler de programme) - démontre l'absence de toute différence de principe. Les différences ne sont que terminologiques.

Mais l'essence réelle des déclarations a très peu d'importance: le vrai sens de tout discours long, que nul ou presque ne voudra déchiffrer, réside dans les expressions spectaculaires qui sont, en l'occurrence, ouvertement différentes. Nous pouvons donc nous ranger sous deux bannières, celle de la "démocratie souveraine" et celle de la "démocratie insipide". Et on fera des paris comme dans les courses de chevaux pour retrouver le sentiment magique d'enthousiasme, hélas absurde.

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