La fille de Gaïdar, Maria, prétend que ce qui s'est passé n'a rien à voir avec une intoxication alimentaire et dit qu'il "s'agit probablement d'un empoisonnement au moyen d'une substance toxique inconnue de la médecine civile". Se référant à l'avis des médecins, elle a déclaré: "Tous les symptômes - affaiblissement, somnolence, perte de conscience, déconnexion du cerveau, saignement de gorge, paralysie partielle - corroborent la thèse de l'empoisonnement".
Cependant, un toxicologue russe ayant requis l'anonymat pense que le mal dont souffre Iegor Gaïdar ressemble beaucoup à une crise d'hypertonie. "Les saignements et les vomissements sont caractéristiques de l'hypertonie artérielle. Le plus souvent ces crises frappent les personnes replètes, obèses", a indiqué le médecin en faisant remarquer que s'il s'était agi d'un empoisonnement grave la durée de l'hospitalisation de la victime aurait été bien supérieure à une semaine.
La thèse de l'empoisonnement du célèbre réformateur russe est résolument appuyée par un autre politique libéral, Anatoli Tchoubaïs, président de RAO UES Rossii (Electricité de Russie): "L'élimination miraculeusement manquée du triangle Politkovskaïa-Litvinenko-Gaïdar aurait été très attractive pour les partisans d'un changement de pouvoir non constitutionnel en Russie".
Le politologue Andreï Piontkovski, a interprété à sa manière ces propos d'Anatoli Tchoubaïs: "Il ne pointe pas du tout le doigt sur Boris Berezovski et son entourage. Tchoubaïs montre carrément qu'il existe au Kremlin une certaine colonne souhaitant s'emparer du pouvoir par la force". Andreï Piontkovski estime que la maladie de Iegor Gaïdar a été mise à profit par Tchoubaïs pour cerner sa position: "Il a laissé entendre aux groupements antagoniques au Kremlin qu'il soutenait Vladimir Poutine et se prononcerait en faveur d'une réélection du président pour un troisième mandat".