Evguéni Iassine, directeur scientifique du Haut collège d'économie: Les assassinats et les attentats dont ont été victimes plusieurs personnalités de tendance libérale démocratique (j'écarte ici le Parti libéral démocrate de Jirinovski) inspirent de très grandes craintes. Cette tendance montre que des terroristes libéraux de droite opèrent dans le pays.
Comme Gaïdar, je suis dans l'impossibilité de citer ces ennemis. Cependant, je n'exclut pas l'existence ici de certains liens indirects entre des forces terroristes et des personnalités au sein du pouvoir. Il semble qu'il y a là-bas des gens qui voudraient beaucoup que Vladimir Poutine reste au Kremlin pour qu'eux aussi puissent conserver le pouvoir.
Léonide Gozman, chef du conseil créatif de l'Union des forces de droite (SPS): Litvinenko était un personnage peu connu, mais en ce qui concerne Gaïdar, c'est une sommité mondiale. Cependant, ces incidents auront des conséquences identiques, ils compliqueront notablement les relations avec l'Occident et saperont le prestige du pays et celui de ceux qui le personnifient.
Chez nous et à l'étranger il y a des gens qui voudraient isoler la Russie des Etats démocratiques, la voir cesser de progresser vers l'intégration avec l'Occident, même si elle le fait de manière assez incohérente. Je suis en mesure de dire qui n'avait aucun intérêt à ce qui s'est passé avec Politkovskaïa et Litvinenko et ce qui ne s'est miraculeusement pas passé avec Gaïdar. C'est le pouvoir russe et le président russe.
Irina Khakamada, membre du bureau de l'Union populaire démocratique: Les raisons de l'élimination de Politkovskaïa et de Litvinenko sont différentes, mais le commanditaire peut-être le même. En ce qui concerne les ennemis, Gaïdar et Tchoubaïs ont en vue des forces à l'intérieur de la Russie, qui ne voudraient pas qu'elle s'ouvre à l'Occident, qui visent à la discréditer et contraindre ainsi Poutine à renoncer à se rapprocher de l'Occident et à rester pour un troisième mandat.