Pourquoi le pouvoir craint la rue (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 16 avril - RIA Novosti. Des marches "du désaccord" et "de l'accord" ont eu lieu ce week-end en Russie. Les internautes peuvent avoir l'impression que Moscou est en ébullition. Policiers antiémeute, interpellations, amendes, bagarres, Kasparov, Kassianov, Rogozine, autant de symboles de la confrontation pouvoir/opposition. La couverture médiatique était disproportionnée au vu du nombre modeste des protestataires.

A Moscou l'auditoire des internautes est de près de 4,5 millions de personnes. Ces gens ne remarquent pas ce que le pouvoir dit ou, au contraire, ne dit pas au sujet des "gens pas d'accord" par télévision interposée. Leur impression générale ne peut être qu'univoque: le pouvoir craint l'opposition. L'opposition ne craint pas le pouvoir.

On ne comprend pas la raison pour laquelle le pouvoir a peur des manifestants. Est-il possible qu'en dépit des résultats électoraux et des taux d'approbation élevés il doive nourrir de l'inquiétude quant à la solidité de ses positions?

La réaction des autorités aux marches de quelques milliers de "gens pas d'accord" est significative. Les prochaines élections auront probablement pour thème central la consolidation de la société face à la menace extérieure. Pour cela tous les faits de la dernière période peuvent être mis à profit: déploiement d'éléments de la défense antimissile américaine à nos frontières, rapports du Département d'Etat sur le sous-développement de notre démocratie, inflexibilité de l'amendement Jackson-Vanik, exportation des révolutions colorées.

Les "marcheurs pas d'accord" seront bientôt qualifiés de "renégats" et "d'émigrés intérieurs" et suspectés d'avoir été "embrigadés" par des agents étrangers. Le tout accompagné de photocopies de relevés bancaires impressionnants.

En appeler à l'électorat conservateur qui en principe approuve l'anti-américanisme et prône un pouvoir à forte poigne et à écarter les moulins à paroles de la scène politique se justifie tactiquement. Mais sur le plan stratégique, c'est préjudiciable. La force idéologique d'une position doit être démontrée dans le cadre d'une polémique ouverte.

Seulement il ne faut pas oublier que les "marcheurs d'accord" réalisent leur droit civique exclusivement par le biais de la critique des "gens pas d'accord", le plus souvent en refusant autant qu'eux la corruption et la restriction des libertés. Par conséquent, de manière latente, au-delà de la "question américaine", ces gens eux non plus ne sont pas d'accord.

Or, on sait très bien ce qui arrive quand la demande de justice prend le pas sur l'anti-américanisme. Souvenons-nous de la perestroïka.

Ce texte est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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