La Russie rêve d'un tunnel sous le Béring (Vedomosti)

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MOSCOU, 19 avril - RIA Novosti. Les projets grandioses financés par l'Etat deviennent de plus en plus nombreux. La semaine prochaine, les participants à la conférence "Mégaprojets de l'Est russe" signeront un message aux gouvernements de la Russie, des Etats-Unis et du Canada les invitant à soutenir la construction d'un tunnel sous le détroit de Béring. Selon les experts, les dépenses pour sa construction seront amorties en 30 ans et son coût sera de 65 milliards de dollars.

L'ingénieur français Loïc de Lobel avait proposé au gouvernement russe dès 1905 de construire un tunnel sous le détroit de Béring. A cette époque-là, le projet était resté lettre morte. A présent, un dossier de faisabilité économique est à l'examen au Conseil d'étude des forces productrices (CEFP) parrainé par le ministère russe du Développement économique et du Commerce et l'Académie des sciences de Russie.

L'artère transcontinentale Eurasie-Amérique, longue de 6.000 km sur le territoire russe, comprendra trois secteurs ferroviaires: de Berkakit à Iakoutsk, ensuite jusqu'à Magadan et à Ouelen (Tchoukotka). Les continents seront reliés par un tunnel ferroviaire de 100 à 110 km dont la construction prendra 15 à 20 ans. Le temps de retour sur investissements sera, selon le CEFP, de 30 ans depuis le moment où la voie ferrée atteindra le rendement prévu de 70 millions de tonnes par an, ce qui est comparable au trafic marchandises des canaux de Panama et de Suez. Le montant des investissements est évalué à 65 milliards de dollars.

La voie ferrée assurera l'accès aux ressources hydro-énergétiques de l'Extrême-Orient et du Nord-Ouest des Etats-Unis, ce qui permettra de construire des lignes HT et un passage de câbles par le détroit, en reliant les systèmes énergétiques des deux pays. Cette artère pourra assurer le transport de 3% des cargaisons du monde. L'accroissement annuel du PIB mondial sera de 0,3%, celui du chiffre d'affaires des échanges commerciaux représentera 300 à 350 milliards de dollars, estime Viktor Razbeguine, vice-président du CEFP.

Pour l'instant, les fonctionnaires sont placés devant le dilemme suivant: qui financera l'établissement du projet et des devis? note Maxime Bystrov, vice-directeur de l'Agence fédérale russe pour la gestion des zones économiques spéciales. Le tunnel pourra être exploité comme une concession, estime-t-il. Le ministère des Transports soutient cette idée, mais il n'a pas encore étudié le projet en détail, a déclaré Timour Khikmatov, représentant du ministère.

Selon Boulat Stoliarov, directeur de l'Institut de politique régionale, personne ne construira cette voie ferrée dans un avenir prévisible. Les projets d'investissement actuels en voie de réalisation avec le soutien de l'Etat supposent que l'infrastructure sera créée autour de 10 à 15 ouvrages industriels. Dans ce cas, les intérêts de courte durée seront insuffisants, estime M. Stoliarov. Quant à l'information selon laquelle le volume des marchandises passant par le détroit de Béring pourrait être égal au trafic du canal de Suez, Ivan Chatskikh, directeur général d'UPS RUS, l'a accueillie comme une plaisanterie.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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