L'érosion continue de la propriété privée en Russie (Vedomosti)

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MOSCOU, 30 juillet - RIA Novosti. Le cas de Russneft confirme une observation fort simple: les impératifs de marché ne sont pas, et de loin, à l'origine de toutes les fusions et absorptions réalisées en Russie. Au lieu de doper le développement, on investit, à chaque rachat d'un actif pétrolier ou gazier, dans le repartage continu de la propriété.

L'Etat a déjà montré aux investisseurs que les actifs stratégiques devaient avoir un "bon" propriétaire. Un actif qui se trouve entre de "mauvaises" mains perd en valeur, mais une fois racheté par un "bon" groupe, il retrouve sa valeur d'antan et la confiance de ses créanciers. Russneft, Rusia Petroleum, Sakhalin Energy et Ioukos sont autant de compagnies à succès qui ont dû d'abord affronter des réclamations fiscales, écologiques et autres de l'Etat, puis résister à leur revente et finalement jeter l'éponge (ou disparaître, comme Ioukos). La plupart des actifs ont été rachetés par des structures proches de l'Etat, avec un rabais substantiel.

Toutefois, même compte tenu du rabais, l'acquisition des actifs a au total coûté près de 56,7 milliards de dollars dans les quatre cas précités (près de 33 milliards de dollars issus de la vente des derniers actifs de Ioukos et 9,37 milliards de la vente de Iouganskneftegaz, son principal actif de production; environ 800 millions de dollars pour la participation de TNK-BP dans Rusia Petroleum; 7,45 milliards pour celle rachetée par Gazprom dans Sakhaline-2; près de 6 milliards de dollars éventuellement pour Russneft).

La dette de Rosneft s'élève à 36 milliards de dollars, celle de Gazprom atteint presque 50 milliards de dollars. Les emprunts réalisés par les compagnies publiques à l'étranger et l'afflux massif de capitaux en Russie ont déjà de quoi inquiéter la Banque centrale. Aucun défaut de paiement n'aura lieu, cela est certain. Tout en permettant aux compagnies publiques de contracter des emprunts avantageux, le marché part du principe que la solvabilité des groupes russes, aussi bien publics que contrôlés par l'Etat, est très grande.

La lutte pour le contrôle de Russneft montre aussi que, derrière les apparences de plus en plus civilisées du marché russe, les droits de propriété restent instables, pour ne pas dire conventionnels. Dans cette situation, on peut à peine s'attendre à ce que des entreprises investissent de manière stable dans la modernisation, l'innovation et le développement intensif. Le repartage de la propriété raccourcit l'horizon des prévisions.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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