Les universités russes s'arment contre le cancer

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La Russie vient d'adopter une stratégie à l'horizon 2030 pour combattre les maladies oncologiques. Cette dernière vise à élaborer et à mettre en œuvre un ensemble de mesures visant à prévenir et à combattre les maladies oncologiques, ainsi qu'à réduire la mortalité qui en découle.

Il est prévu d'intégrer des programmes de dépistage précoce des maladies, de fournir aux patients des médicaments de qualité et accessibles, ainsi que de renforcer le potentiel des ressources humaines du service oncologique. Tout cela se déroulera parallèlement à l'introduction de nouvelles technologies de diagnostic et de soin des maladies oncologiques, et aux études scientifiques et cliniques avancées en la matière.

Le cancer, deuxième cause de mortalité en Russie

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Une tumeur maligne (cancer) est une prolifération cellulaire incontrôlable au sein d'un tissu. Pendant sa croissance, la tumeur enfreint le fonctionnement normal de l'organisme. Ce terme regroupe plus de 100 maladies.

En Russie, 3,5 millions de personnes sont atteintes de maladies oncologiques. On compte plus de 500 000 premiers cas identifiés chaque année. En comparaison avec les pays les plus développés, en Russie la mortalité due aux tumeurs malignes est plus élevée: elle s'élève à 124,4 (sur cent mille personnes) contre 108,1 pour les pays qui ont appris à combattre les maladies oncologiques.

«Les maladies oncologiques sont la deuxième cause de mortalité derrière les maladies cardio-vasculaires, sachant qu'on observe une tendance à la hausse des morts du cancer», explique l'oncologue Igor Khatkov du département Santé de la ville de Moscou.

La vice-première ministre russe Olga Golodets pense que du point de vue de la population, le cancer fait partie des maladies les plus graves, c'est pourquoi il faut attribuer une priorité de financement pour les patients atteints.

La science universitaire s'engage dans la lutte contre le cancer

Pour combattre les maladies oncologiques, la médecine, avec l'appui de la science, propose trois principaux traitements: la chimiothérapie, la radiothérapie et l'intervention opératoire. Tous ces types de traitement se perfectionnent constamment. Apparaissent également de nouvelles méthodes expérimentales de diagnostic et de thérapie oncologique.

Une grande partie du potentiel scientifique de la Russie est représentée par la science universitaire concentrée dans les établissements d'études supérieures qui participent au Projet 5-100 (programme public de soutien des plus grandes universités russes lancé par le ministère russe de l'Éducation et de la Science conformément au décret du président russe Vladimir Poutine du 7 mai 2012 sur les mesures pour la mise en œuvre de la politique nationale dans le domaine de l'éducation et de la science).

Pour de nombreuses universités, l'adaptation et l'intégration de nouvelles technologies dans le domaine de la biomédecine et des nanotechnologies font partie des priorités dans le cadre de la mise en œuvre du Projet 5-100.

MEPhI: les nanocristaux fluorescents

Le laboratoire de nano-bioingénierie sous la direction du professeur Igor Nabiev a été créé au sein du MEPhI (Institut d'ingénierie physique de Moscou) de l'Université nationale de recherche nucléaire. En 2015 déjà le personnel du laboratoire a présenté au niveau international ses élaborations pour le diagnostic très précoce des maladies oncologiques. Le laboratoire a proposé d'utiliser pour la détection des cellules cancéreuses des nanocristaux semi-conducteurs (points quantiques). D'après les auteurs, grâce aux élaborations du laboratoire «il est possible de diagnostiquer la maladie au niveau moléculaire avant l'apparition de la tumeur».

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Le MEPhI abrite aussi le laboratoire de bionanophotonique, qui travaille conjointement avec l'Université d'État Lomonossov de Moscou et des confrères d'Allemagne sur un autre domaine nanotechnologique: la nanothéranostique. Ce terme apparu assez récemment désigne la combinaison des méthodes de diagnostic et de thérapie à l'échelle nanodimensionnelle.

Selon les représentants du laboratoire, «l'une des futures méthodes de nanothéranostique consiste à utiliser des nanoparticules de silicium poreux pour détecter les cellules atteintes». Le groupe de chercheurs sous la direction du professeur Viktor Timochenko a réussi à créer des nanoparticules de silicium (recouvertes d'une solution polymère) qui peuvent être utilisées à la fois pour examiner les tumeurs cancéreuses et pour les détruire en «illuminant» ces particules à l'ultrason.

MISiS: le poison d'un cobra thaïlandais

L'Université nationale de science et de technologies MISiS travaille activement sur le diagnostic et la thérapie des maladies cancéreuses au Centre d'efficacité énergétique du MISiS et au laboratoire de nanomatériaux biomédicaux.

Les collaborateurs du centre ont mis au point, en coopération avec leurs confrères indiens, un produit à base d'alpha-neurotoxines obtenues à partir du poison de cobra thaïlandais et des nanoparticules semi-conductrices (points quantiques) permettant de détecter efficacement et de visualiser les limites de la tumeur cancéreuse.

Pour la visualisation, les chercheurs ont décidé d'utiliser une propriété unique des toxines — leur interaction sélective avec un certain marqueur de la maladie. Les cellules d'une tumeur cancéreuse sécrètent en quantité pathologiquement élevée des groupes spécifiques de protéines. La liaison «neurotoxines-point quantique» arrive avec le flux sanguin dans l'organe atteint et interagit avec les récepteurs choliniques nicotiniques. Sous l'effet des ultraviolets, les points quantiques se mettent à briller en désignant les limites de la tumeur.

ITMO: un nouveau type de nanoparticules de silicium

L'Université d'État en technologie de l'information, mécanique et optique de Saint-Pétersbourg ITMO effectue des recherches productives sur l'usage de nanotechnologies dans la médecine. Par exemple, en collaboration avec leurs confrères finlandais, les chercheurs russes ont mis au point un nouveau type de nanoparticules de silicium qui peuvent être utilisées à la fois pour détruire les tumeurs cancéreuses en les chauffant à des températures très élevées et pour mesurer la température dans l'organisme. "A terme, de tels nanosystèmes permettront de tuer de manière ciblée les cellules cancéreuse par la chaleur, et le contrôle de la température en temps réel sauvera les cellules saines de toute surchauffe incontrôlée", affirment les auteurs de l'étude.

TPU: l'isotope technetium-99

Les universités continuent d'élaborer également les méthodes de diagnostic des maladies oncologiques par d'autres moyens. Les chercheurs de l'Université polytechnique de Tomsk (TPU) en coopération avec leurs collègues de l'Institut de recherche oncologique de Tomsk et de l'Institut de chimie bio-organique affilié à l'Académie des sciences de Russie, ont conçu un produit radiopharmaceutique pour un diagnostic exact de maladies oncologiques à base de l'isotope technetium-99.

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Le chef de la chaire des technologies de substances organiques et de matériaux polymères de la TPU Mekhman Ioussoubov explique le principe du diagnostic:

«La cellule cancéreuse possède un cadenas sous la forme de récepteurs, et la protéine contenue dans le produit fait office de clef pour les récepteurs. Il faut marquer cette clef pour ne pas la perdre parmi les autres clefs similaires. Cela nécessite des agents chélateurs. Ce marqueur est identifié par un isotope de technetium facilement repérable par une caméra de gamma. Cette structure du produit radiopharmaceutique permet de déterminer avec beaucoup de précision la taille de la tumeur et sa localisation. C'est d'autant plus important lors d'un diagnostic du cancer métastatique quand les cellules cancéreuses se séparent de la tumeur initiale pour atteindre d'autres organes.»

Université polytechnique de Saint-Pétersbourg: l'ultrason

Le laboratoire d'appareils médicaux à ultrason de l'Université polytechnique de Saint-Pétersbourg Pierre-le-Grand a développé le prototype du premier produit russe pour le diagnostic et l'élimination d'une tumeur cancéreuse au stade précoce à l'aide de l'ultrason. Le produit mis au point par l'université polytechnique est unique de par l'utilisation de l'ultrason avec trois propriétés à la fois: diagnostique, thérapeutique et thermométrique. En règle générale, les outils analogiques d'ablation des tumeurs fonctionnent sous le contrôle de l'IRM, ce qui rend la procédure bien plus coûteuse.

Comme l'indiquent les auteurs du projet, il est prévu d'utiliser ce produit pour une ablation non invasive des tumeurs du sein, de la thyroïde, du foie et d'autres organes.

Université fédérale de Sibérie: les endophytes

Le laboratoire de biotechnologie de nouveaux matériaux de l'Université fédérale de Sibérie étudie les possibilités d'utilisation des endophytes pour guérir du cancer et d'autres maladies de microorganismes. Alors que l'Université de médecine Setchenov de Moscou travaille sur les marqueurs génétiques et épigénétiques du cancer.

La science sans frontières

Les recherches des universités russes participant au Projet 5-100 sont étroitement liées aux travaux de pointe des chercheurs du monde entier. La plupart des élaborations mentionnées sont des exemples de coopération scientifique internationale efficace.

Depuis 2016, Moscou organise le carrefour international des technologies d'ingénierie physique de biomédecine où se rendent les principaux chercheurs du monde entier. Dans le cadre de ce forum, le professeur de l'Université de Buffalo (USA) Paras N. Prasad a déclaré: «Je suis ravi d'avoir l'opportunité de travailler avec les chercheurs russes parce que je crois en la science sans frontières. Le cancer et les maladies du cerveau sont des problèmes globaux et tous les pays doivent coopérer pour les régler.»

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