L’UE a-t-elle autorisé une application de Google pour les maladies de peau non approuvée aux USA?

© AP Photo / Jeff ChiuBâtiment de Google à Mountain View, Californie
Bâtiment de Google à Mountain View, Californie  - Sputnik Afrique, 1920, 29.06.2021
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Google a annoncé le lancement en Europe d’ici la fin 2021 d’une nouvelle application pour détecter des maladies de peau. L’outil fonctionne grâce à l'intelligence artificielle dont le modèle est certifié dans l’UE. L’optimisme de Google quant à l’efficacité et la sécurité de l’application n’est pas partagé aux États-Unis, selon le magasine Wired.

Le géant américain Google a dévoilé, lors de la conférence annuelle Google I/O en mai dernier, une nouvelle application capable, d’après l’entreprise, d’identifier des problèmes dermatologiques d’un utilisateur grâce aux algorithmes  d’intelligence artificielle (IA).

Google a expliqué que la pertinence de ce projet, en gestation depuis trois ans, s’explique par «près de 10 milliards de recherches liées à des problèmes de peau», enregistrées par le moteur annuellement. L’idée de la société est de permettre aux internautes de ne plus rechercher avec du texte, mais à l’aide de la visualisation d’une pathologie de peau potentielle.

Pour obtenir les résultats de l’analyse dermatologique, l’utilisateur de l’application doit prendre trois photos de sa peau et répondre à des questions sur son type de peau, les symptômes et l’ancienneté du problème.

Base scientifique sans un diagnostic médical

Dans son blog, Google informe que l’outil peut prendre en compte tous les types de peau, un facteur important en cas de visualisation d’un éventuel problème de peau.

«Nous avons développé et affiné notre modèle à l’aide de données dépersonnalisées comprenant environ 65.000 images et données de cas d’infections cutanées diagnostiquées, des millions d’images de problèmes de peau et des milliers d’exemples de peau saine, le tout pour différentes catégories démographiques», selon la société.

Les résultats de l’analyse délivrés par l’application sur la base des données fournies par l’usager et la capacité de reconnaître 288 infections ne constituent cependant pas un diagnostic médical, annonce Google.

«Cet outil n'est pas destiné à fournir un diagnostic, ni à remplacer un avis médical [...]. Nous espérons qu'il vous donne accès à des informations fiables afin de pouvoir prendre une décision plus éclairée sur votre prochaine étape», souligne l’entreprise.

En même temps, le projet s’appuie sur des études scientifiques dont certaines sont déjà rendues publiques et d’autres sont encore en cours. La société cite notamment une publication dans la revue Nature Medicine, qui montre que son produit «peut atteindre une précision comparable à celle des dermatologues américains agréés».

Faibles risques pour l’Europe? Les USA en doutent

Google annonce également que son modèle d’IA alimentant l’application a été certifié en mai 2021 en tant que dispositif médical de classe I dans l’Union européenne, c’est-à-dire présentant le plus faible degré de risque.

Un fait qui renverse la vision traditionnelle de la Silicon Valley de l’Europe comme un paysage parsemé de paperasse hostile aux nouvelles idées, selon le magazine mensuel américain Wired, qui résulte de la stratégie «America not First» (Amérique pas la première) de l’entreprise.

Contacté par le magazine, Hugh Harvey, le directeur général de Hardian Health, un cabinet de conseil en santé numérique au Royaume-Uni, a expliqué que Google aurait pu rencontrer peu d’obstacles pour obtenir l’autorisation européenne, car celle-ci avait été reçue électroniquement une semaine avant l’entrée en vigueur de règles européennes plus strictes sur les applications de santé.

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Un porte-parole de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a refusé de commenter officiellement à Wired l’outil dermatologique de Google pour indiquer cependant qu’un logiciel qui prétend être utilisé pour «diagnostiquer, guérir, prévenir ou traiter des personnes» peut être considéré comme un dispositif médical et nécessiter l’approbation de l’agence.

Roxana Daneshjou, dermatologue et chercheuse dans le domaine de l’apprentissage automatique et de la santé à l’université Stanford, a informé le mensuel américain que l’usage des images d’IA n’était pas approuvé pour les dermatologues aux États-Unis. La spécialiste croit que l’application de Google pourrait délivrer non seulement des résultats de recherches mais une sorte d’expertise médicale, ce qui en fait un dispositif à «risques élevés» demandant l’autorisation de la FDA. Surtout que certaines infections de peau peuvent présenter un danger réel pour la santé.

Le géant américain des services technologiques ne cache pas par ailleurs l’intention de tester son produit d’abord sur le Vieux Continent, ayant ajouté dans son billet de blog la petite réserve que «la sécurité et l’efficacité de l’outil n’ont pas été évaluées par la FDA américaine» et que le dispositif est «non disponible aux États-Unis».

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