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Stratégie énergétique russe/ gène de l'agressivité/ soudure

Stratégie énergétique russe/ gène de l'agressivité/ soudure

Une stratégie énergétique russe difficile à établir

13 groupes thématiques ont travaillé sur la stratégie énergétique de la Russie jusqu'en 2030. Mais sans résultat pour l'instant, indique le site nkj.ru, qui expose les difficultés auxquelles se heurtent les chercheurs.

Pour l'élaboration de la stratégie de développement énergétique de la Russie, on utilise les méthodes, modèles mathématiques et bases de données de l'Institut de recherches énergétiques de l'Académie des sciences russe (ASR). Lors d'un récent présidium de l'ASR, le directeur de cet institut, l'académicien Alexeï Makarov, a présenté un rapport sur cette stratégie.

Alexeï Makarov a tout d'abord précisé le contexte dans lequel s'inscrivaient ces prévisions. Pour prévoir le développement énergétique de la Russie et élaborer la politique énergétique de l'Etat, sont prises en compte les tendances générales mondiales du développement de l'industrie - un développement moyen du PIB dans le monde d'ici 2030 estimé à 3,5-4 %, pour une population de 8 milliards d'habitants, ce qui entraînera un essor de la consommation énergétique de 30 à 50%. Les ressources énergétiques de la planète suffiront pleinement pour satisfaire ces besoins, et le développement de nouvelles technologies de transformation de l'énergie d'ici 2030 élargira substantiellement les possibilités de remplacement des sources traditionnelles d'énergie et modifiera leur compétitivité. 

La stratégie de développement de l'énergie de la Russie élaborée par l'Institut de recherches énergétiques part de l'hypothèse que le PIB sera multiplié par 3 à 5 d'ici 2030, pour une augmentation des dépenses d'énergie de seulement 45 à 75%. D'où la nécessité de réduire d'environ 2 fois et demi l'énergie consommée pour atteindre ce PIB. L'intensification de la prospection géologique de ressources énergétiques permettra d'assurer une augmentation de la production d'énergie de 25 à 45%. Le nucléaire et l'hydraulique commenceront à remplacer le pétrole et le gaz. Selon les prévisions de l'institut, la production de gaz devrait s'accroître d'environ un tiers d'ici 2020, avant de commencer à baisser. Une augmentation de la production pétrolière est prévue jusqu'en 2015 (elle passera de 510 à 530 millions de tonnes), après quoi elle se stabilisera jusqu'en 2025 afin de commencer, elle aussi, à décroître lentement. Dans le même temps, les exportations de ressources énergétiques augmenteront de 15 à 25% jusqu'en 2020, et devraient ensuite reculer (en raison du développement très probable, dans le monde, de sources d'énergie alternatives, notamment renouvelables).

La complexité des prévisions réside dans le fait que le secteur énergétique russe a pour particularité, à la fois, d'avoir une faible productivité, de n'accorder qu'une faible importance à la diversification des ressources énergétiques et d'avoir un impact majeur tant sur l'économie que sur l'environnement.

Pour alléger la charge qui pèse sur l'environnement, autrement dit réduire les émissions de gaz à effet de serre, la stratégie prévoit de développer prioritairement les centrales nucléaires et hydrauliques, d'introduire des technologies gaz-vapeur en remplacement des centrales thermiques, d'accroître l'utilisation de sources alternatives d'énergie. La production de houille devrait diminuer après 2015. Toutes ces mesures devraient conduire, d'ici 2015, à une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre à un niveau représentant entre 78 et 82% de celui de 1990.

Les chiffres avancés par Alexeï Makarov lors de cette réunion ont été critiqués. Le docteur ès sciences économiques Alexandre Glebov, vice-ministre du Développement économique, a souligné qu'une baisse de la consommation d'énergie pourrait être obtenue grâce à la modernisation importante du secteur énergétique lui-même, qui devrait être effectuée d'ici 7 à 10 ans. L'académicien Oleg Favorski a noté, cependant, que l'Etat n'investissait aucun moyen dans la modernisation de ses usines. La consommation d'énergie a augmenté de 4% au premier trimestre 2008 par rapport à la même période en 2007. Si nous prévoyons de produire 250 GW d'énergie en 2020, a-t-il expliqué, l'augmentation annuelle de nos capacités devra être de 10 GW.

L'académicien Robert Nigmatouline estime que la promesse faite par Rosatom (Agence russe de l'énergie atomique - Ndlr) de construire, en 12 ans, 32 centrales nucléaires n'est pas en adéquation avec la situation actuelle dans cette branche: "Qui va les construire, s'est interrogé l'académicien?" "Sur les 55.000 personnes qui travaillaient dans le secteur de l'industrie nucléaire, il n'en reste que  5.000, a-t-il ajouté."

Selon l'académicien Edouard Volkov, il faudrait miser sur le gaz. "Notre ressource, c'est le gaz. Il faut développer les gisements gaziers, a-t-il affirmé." Et d'ajouter: "Les conditions n'existent pas, pour l'instant, pour développer une stratégie énergétique, car il n'y a aucun modèle de développement de l'économie du pays." C'est, probablement, la raison pour laquelle nous en sommes, en sept ans, à la quatrième variante de développement du secteur énergétique, a commenté l'académicien Oleg Favorski. Le représentant du ministère russe de l'Industrie et de l'Energie, Vladimir Saïenko, a relevé que 13 groupes thématiques avaient travaillé sur la stratégie énergétique de la Russie, sans résultat pour l'instant. Si bien que les prévisions du développement énergétique de la Russie ne figurent toujours pas dans la stratégie étatique.

Le gène de l'agressivité chez les athlètes

Il est impossible de parvenir à de bons résultats sportifs sans une certaine dose d'agressivité, ont établi des chercheurs russes, dont les travaux sont présentés sur le site nkj.ru.

Des spécialistes de l'Institut russe de recherche pour la culture physique et le sport étudient les fondements génétiques du comportement agressif. Ils ont récemment obtenu la confirmation de l'idée selon laquelle l'agressivité est indispensable aux sportifs. Ils ont, pour ce faire, effectué des prises de sang sur un groupe de sportifs et un groupe témoin constitué de volontaires. Ils ont ensuite procédé à des analyses ADN. En utilisant des marqueurs génétiques spéciaux, les chercheurs ont étudié les variations de plusieurs gènes ayant un rapport avec le comportement agressif de l'homme.

Le premier gène ayant retenu l'attention des chercheurs est le gène 5-HTT, à l'origine du transporteur de la sérotonine. Le rôle de ce transporteur consiste à éliminer ce neurotransmetteur de la fente synaptique après la transmission de l'impulsion nerveuse d'une cellule à une autre. Le secteur clé du gène 5-HTT peut être "court" ou "long", et c'est en fonction de cela que varie l'activité de cette protéine.

Les études ont montré que les porteurs de deux variantes "longues" du gène sont plus agressifs que les porteurs de deux variantes "courtes", et ces derniers sont également plus anxieux. Les porteurs de deux variantes "longues" étaient plus nombreux dans le groupe de sportifs étudié que dans le groupe de contrôle. Les scientifiques en ont conclu que les porteurs de variantes "longues" du gène 5-HTT étaient visiblement meilleurs en sport que les porteurs de variantes "courtes". Qui plus est, les individus appartenant au premier groupe s'avèrent être plus stables sur le plan psycho-émotionnel, ce qui n'est pas sans importance pour des sportifs. Les zones du cerveau liées aux émotions fonctionnent différemment chez les porteurs des gènes "courts" et "longs".

Le second gène auquel se sont intéressés les chercheurs est le gène de la COMT, une protéine qui régule la quantité d'un autre neurotransmetteur, la dopamine. La mutation ponctuelle de ce gène diminue les manifestations d'agressivité. Si bien que les porteurs de ces deux gènes mutants sont moins agressifs que les porteurs de deux gènes normaux. Ils sont eux aussi plus anxieux, plus timides et davantage sensibles à la douleur. Les chercheurs ont découvert que l'agressivité des sportifs était liée aux variations de ce gène.

Les scientifiques pensent que l'agressivité interne de l'individu peut constituer un facteur stimulant lors du choix de la pratique d'un sport. Et c'est lors des compétitions sportives que s'extériorise et se trouve compensée l'agressivité qu'il recèle. C'est elle, en dernière analyse, qui conduit à des records et des victoires.

Nouvelle technologie pour soudures délicates

Des physiciens russes ont conçu un procédé qui améliore considérablement la soudure de pièces métalliques ayant des parois très fines, rapporte le site informnauka.ru. Cette technologie repose sur l'utilisation de deux électrodes (au lieu d'une), reliées entre elles par un fil extrêmement fin.

Des chercheurs de la faculté de physique de l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou et de l'Université technique de Moscou ont élaboré une méthode permettant de repousser sérieusement les limites des possibilités des soudures électriques. Grâce à ce procédé mis au point sous la conduite de Boris Chvilkine, Natalia Miskinova et Rounar Kouzmine, il sera désormais plus facile de souder entre elles des pièces métalliques extrêmement fines, et les déchets seront moins nombreux.

Le geste d'un soudeur peut sembler simple, mais il nécessite souvent tout autant de précision et d'assurance que celui d'un bijoutier ou d'un chirurgien. Comment se déroule une soudure traditionnelle? Le soudeur approche d'une surface métallique une première électrode, par laquelle on fait passer un courant élevé. C'est la pièce métallique elle-même qui constitue une sorte de seconde électrode. Quand la distance entre la surface de cette pièce et l'électrode devient critique, il se produit un bref court-circuit, un arc électrique se forme, le métal fond et colle en quelque sorte entre elles les pièces à assembler: il se forme un "point" de soudure.

Mais les choses ne sont en réalité pas aussi simples. Il suffit que le soudeur retienne un peu trop son bras ou approche l'électrode un peu trop près pour qu'un trou se forme à la place du "point". Les déchets sont particulièrement nombreux lorsque les pièces à assembler sont fines.

L'invention proposée par Boris Chvilkine et ses collègues, qui est en train d'être brevetée, permettra de résoudre ces problèmes dans une grande mesure. Le travail sera effectué de manière plus sûre, même sur des pièces métalliques fines. Le procédé peut se résumer ainsi. Le soudeur disposera deux électrodes au lieu d'une. Celles-ci seront reliées entre elles par un court fil métallique très fin, qui assurera le réchauffement optimal du métal à l'endroit du futur "point", et donc garantira une soudure de qualité. Ce fil extrêmement fin, explique en substance Boris Chvilkine, sera fortement chauffé, fondra et s'évaporera. Il jouera en quelque sorte le même rôle qu'un fusible dans le tableau électrique d'un appartement.

Ce nouveau procédé présente deux caractéristiques très utiles. Premièrement, il permet de réaliser des "points linéaires", autrement dit des points d'une longueur supérieure à celle de l'électrode. Pour une longueur de fil de 0,5 cm, par exemple, on aura un point de 0,55 cm. En second lieu, il apparaît que le métal fond beaucoup mieux aux extrémités des pièces soudées, c'est pourquoi la soudure est fine et égale.

Ce procédé permet par ailleurs de souder différents métaux, y compris des métaux ayant des températures de fusion extrêmement différentes. "Nous avons testé la soudure de lamelles de nickel, de laiton et même de cuivre, lequel on le sait, ne fond pas très facilement, ainsi que de l'acier avec de l'aluminium, rapporte Boris Chvilkine. L'épaisseur des pièces à souder peut parfois être que de quelques fractions de millimètre seulement, et le diamètre du fil osciller entre quelques dixièmes et quelques centièmes de millimètres." Il s'avère, enfin, que l'on peut parvenir à des résultats satisfaisants en utilisant une tension relativement peu importante: pour souder, par exemple, deux lames de rasoir, une tension de 100 volts suffit. Cette nouvelle méthode présente donc aussi l'avantage d'être économique.

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