La science fondamentale, bouée de sauvetage pour l’humanité

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Le célèbre physicien et prix Nobel Andre Geim prédit le déclin imminent de l’humanité. Sans le soutien de la science fondamentale mondiale, cela se produira certainement d’ici les 50 prochaines années.

Scientifique russe, aujourd’hui devenu citoyen néerlandais et Chevalier de l’ordre de l’Empire britannique, M. Geim est contre toute attente revenu en Russie pour participer à un débat pourtant sur l’avenir de la science russe. Andre Geim a expliqué cet élan inattendu d’activisme social par sa volonté de soutenir la recherche fondamentale, sans laquelle, affirme ce lauréat du prix Nobel, la Russie est vouée à rester sur la touche.

Selon Geim, un problème est sous-jacent dans l’ensemble du monde : la nécessité d’avancer dans la science fondamentale. Les technologies que nous utilisons s’épuisent. Geim donne un exemple : il y a dix ans nous, changions d’ordinateur tous les deux ans, tant les progrès étaient rapides. A présent, quand nous changeons d’ordinateur ou de téléphone portable, les améliorations que nous y trouvons sont minimes. Il ne s’agit que de changements esthétiques, la technologie reste la même.

Le lauréat du prix Nobel estime que le monde est face à un nouveau paradigme, un nouvel état de l’économie mondiale : « Nous sommes au début d’un processus de stagnation mondiale. Nous avons utilisé toutes les ressources les plus accessibles, mais maintenant, nous devons payer les erreurs des 50 dernières années, quand nous avons cessé d’investir dans la science et la technique fondamentales ».

De nombreux scientifiques partagent cette vision de la nature de la crise actuelle. Selon Sergei Malkov, chercheur de l’Institut d’économie de l’Académie des sciences de Russie et professeur à l’Université d’Etat de Moscou :

« L’heure est grave. La crise économique va encore se poursuivre pendant près de sept ans, voire même se renforcer. Cela peut conduire et conduira à l’instabilité politique. Au fond, nous le voyons déjà. Mais il faut être somme toute optimiste. Nous allons espérer que la transition vers une nouvelle phase de développement économique se fera sans bouleversement social et politique sérieux ».

Dimitri Zykov, rédacteur en chef de la revue Science et vie est du même avis :

« En effet, durant les 20 dernières années, la science mondiale a subi de très lourdes pertes précisément dans le développement de ses domaines fondamentaux. Et cela inspire de sérieuses craintes face à ce qu’évoque justement Geim, à savoir que nous avons déjà « consommé » toutes les technologies disponibles. Et nous n’avons pour l’instant rien imaginé de nouveau. Mais il me semble qu’il exagère un peu. Tout ne va pas si mal. La direction actuellement prise par le développement peut conduire à court terme à la création de technologies nouvelles et plus perfectionnées, à la croisée de la physique, de la biologie, de la médecine et de la chimie ; et des technologies liées au développement de l’informatique. Il s’agit d’électronique complexe, de systèmes intelligents et autodidactes, de systèmes à restauration automatique, et sur cette base, l’industrie mécanique, le bâtiment, les transports et l’énergie ».

En fait, les scientifiques constate un fait déjà bien connu : seul l’Etat peut promouvoir la grande science, car il anticipe sur l’avenir et fixe des objectifs stratégiques. Tandis que le business est par définition orienté pour faire des bénéfices « ici et maintenant ».

Les experts ne se mêlent pas de prédire quels domaines de la science fondamentale sont les plus prometteurs pour demain. Mais ils sont sûrs que les dépenses faites pour la science fondamentale sont dérisoires face aux résultats qu’elle apporte. C’est pourquoi ceux qui économisent sur ce domaine commettent un crime contre le futur de l’humanité.   N

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