Des chirurgiens néerlandais transplantent sur une patiente un crâne imprimé en 3D

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Les neurochirurgiens du centre médical de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) viennent de réaliser une opération sans précédent. Ils ont réussi à remplacer un crâne d’une jeune femme atteinte d’une maladie rare, qui provoque un épaississement des os de la boîte crânienne.

Au moment où la patiente s’est retrouvée sur la table d’opération, l’épaisseur de ses os atteignait cinq centimètres, alors que l’épaisseur des os du crâne d’un homme normal est à peine d’un centimètre. La jeune femme souffrait de migraines terribles et d’une cécité partielle. Actuellement, trois mois après l’intervention chirurgicale, la patiente est revenue à sa vie normale, et les médecins excluent complètement toute complication de son état de santé.

Bon Verweij, le chirurgien qui a effectué cette intervention unique, a partagé les détails avec La Voix de la Russie.

« Nous avons reconstitué la boîte crânienne des yeux à la nuque et d’une oreille à une autre », explique-t-il. « C’était une reconstitution entière, et non pas par morceaux. Cette intervention prouve que nous pouvons remplacer un crâne entièrement. Avant notre opération, les médecins pratiquaient uniquement un remplacement des fragments des os du crâne. On réalisait ce genre d’opérations de « restauration » du crâne, par exemple, après un accident de voiture ou une intervention chirurgicale sur le cerveau. Nous le faisions manuellement à partir du même os. C’était une intervention très compliquée, car la matière osseuse durcit très vite, ce qui ne nous permettait pas d’arriver à la perfection dans notre travail. La partie remplacée du crâne n’était pas jolie esthétiquement et elle effectuait une pression sur le cerveau. C’est alors que nous avons eu l’idée d’imprimer des parties anatomiques sur une imprimante 3D. Nous avons commencé à utiliser ce procédé il y a près de deux ans. Grâce à ce procédé, les os du patient s’adaptent mieux à la forme du crâne et ne le gênent plus après l’opération.

Puis cette patiente qui avait besoin d’une transplantation du crâne, est arrivée dans notre service. Nous avons également fait appel à ce procédé, en remplaçant entièrement sa boîte crânienne, ce qui est plus complexe que le remplacement d’un fragment d’os. »

La Voix de la Russie : Pourquoi avez-vous utilisé un crâne transparent ?

Bon Verweij : C’est une coïncidence, un choix du fabricant. Je suis toutefois très content du fait que l’implant soit transparent, car cela nous a permis de regarder à l’intérieur pendant l’intervention. C’est assez important, car à l’origine, le cerveau de la patiente était fortement comprimé par les parois de son crâne, et nous savions qu’il allait augmenter en volume au cours de plusieurs semaines ou mois. Cependant, nous ne savions pas de combien il allait augmenter. A l’extérieur, tout devait rester comme c’était, tous les changements devaient se produire à l’intérieur.

LVdlR : La transplantation d’un crâne a beaucoup d’avantages incontestables. Comment vit-on avec cet implant ?

B.V. : Avant l’opération, nous avons enlevé la peau de la tête, d’une oreille à l‘autre. Ensuite, nous avons baissé cette peau sur le visage. Après le remplacement de la boîte crânienne, nous avons remis cette peau en place. Les cheveux n’en ont pas pâti, ils poussent sur la peau, indépendamment du crâne.

LVdlR : Comment se sent aujourd’hui la patiente ?

B.V. : Elle s’est complètement rétablie et se sent beaucoup mieux qu’avant. Elle a entièrement retrouvé sa vue et les maux de tête ont disparu. Nous ne voulions pas parler de cette opération avant aujourd’hui pour avoir la possibilité de nous concentrer sur la patiente.

LVdlR : Cette opération est-elle coûteuse ?

B.V. : L'intervention n’a pas coûté plus cher qu’une autre opération qui nécessite l’utilisation d’une imprimante 3D. Le remplacement complet du crâne coûte environ 9000 euros. Ce n’est pas très cher pour une intervention qui a permis de sauver la vie à la patiente.

LVdlR : Combien de personnes auraient besoin d’une telle intervention aujourd’hui ?

B.V. : Aux Pays-Bas, 30 ou 40 personnes auraient besoin de ce genre d’intervention. Je ne peux pas dire avec certitude combien ils sont dans le monde. J’ai commencé à recevoir des demandes de la part des patients des autres pays qui disent que leurs médecins affirment être incapables de les aider. Potentiellement, il s’agirait de plusieurs milliers de patients.

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