ITER/ TNT/ passeports biométriques/ ISS/ Evenkie/ canards
Thermonucléaire: un supraconducteur russe pour l'ITER
Le 12 février a été signé un accord aux termes duquel la Russie s'est vu confier la fourniture d'un élément majeur de l'installation thermonucléaire ITER (réacteur expérimental thermonucléaire international) - le câble supraconducteur du système magnétique du champ toroïdal (TFMC), rapporte le site nkj.ru.
En application de l'accord qu'elle a signé avec l'Organisation ITER (l'organisation internationale chargée de la construction du réacteur thermonucléaire), l'Agence russe ITER "Institut Kourtchatov" fournira le câble supraconducteur du réacteur thermonucléaire expérimental international ITER (*). Elle sera également chargée de le livrer et de le tester.
Il s'agit du premier des 17 accords de base garantissant la participation de la Fédération de Russie au projet international. Des accords analogues ont déjà été signés avec les Agences ITER du Japon et de l'Union européenne. "Nous attendions ce jour depuis longtemps, a commenté l'académicien Evgueni Velikhov, président du Centre scientifique russe "Institut Kourtchatov". Je suis convaincu que sur les plans à la fois technique et financier, la Russie saura s'acquitter de ses engagements."
Le câble supraconducteur, dont un fragment a été présenté aux personnalités présentes à la cérémonie de signature, a été qualifié de "coeur du tokamak" par le premier directeur général adjoint de l'Organisation ITER, Norbert Holtkamp. Sans lui, a-t-il indiqué en substance, il n'y a pas de réacteur. "C'est le champ magnétique créé par les bobines à partir du câble supraconducteur qui doit contrôler la combustion du "plasma solaire" au sein du réacteur, isoler dans l'enveloppe une flamme dont la température dépasse les 100 millions de degrés Celsius", a-t-il expliqué. "Si le câble réalisé fonctionne 10% mieux que prévu, l'installation thermonucléaire sera deux fois plus efficace, a-t-il relevé. Comme pour tout autre projet de ce type, lors de la construction de l'ITER, il importera au plus haut point que l'on soit sûr de la qualité élevée de tous les composants. Et nous sommes sûrs de la qualité russe."
Evgueni Velikhov a assuré que le supraconducteur élaboré par les chercheurs russes, fait d'un alliage niobium-étain, répondra aux exigences les plus sévères. C'est sur sa base qu'a été créé le Tokamak-15. Il est du reste possible qu'il soit également utilisé dans un autre domaine: pour la résonance magnétique fonctionnelle en médecine. Pour ce qui est des engagements de la Russie découlant de l'accord avec l'Organisation ITER, les spécialistes russes ont déjà réalisé toutes les études nécessaires, et des coopérations existent entre l'Institut Kourtchatov et d'autres organisations russes de recherche et de production.
(*) L'accord sur la construction de l'installation énergétique thermonucléaire ITER sur le territoire français a été signé le 21 novembre 2006 par les représentants de six pays (Russie, Etats-Unis, Japon, Chine, Corée du Sud, Inde) et de l'Union européenne. Les travaux sont coordonnés par l'Organisation ITER, avec le concours d'Agences nationales, telle que l'Agence ITER "Institut Kourtchatov", pour la Russie. Au cours des dix prochaines années, la Russie devra livrer pour 500 millions d'euros de matériels dans le cadre de ce programme.
Démarrage à Ekaterinbourg de la télévision numérique en Russie
La télévision numérique terrestre (TNT) a fait ses premiers pas en Russie à Ekaterinbourg. La couverture de l'ensemble du pays devrait être achevée en 2015, informe le site nr2.ru.
Le gouverneur de la région de Sverdlovsk, Edouard Rossel, et le ministre russe des Technologies de l'information et des Télécommunications, Leonid Reïman, ont inauguré le 16 février dans la capitale de la région de Sverdlovsk (Oural) le premier réseau terrestre russe de télévision numérique.
Le ministre a pu apprécier la qualité de l'image et du son délivrés. Cette technologie, a-t-il déclaré, offre en outre de nombreux avantages. "Elle supprime avant tout l'inégalité actuelle qui fait que des dizaines de chaînes sont disponibles dans les villes, contre seulement deux dans bien des endroits du pays - cela concerne la moitié de la population. Avec l'arrivée de la télévision numérique, toutes les villes seront placées sur un pied d'égalité, a-t-il noté." "Même les villages les plus reculés pourront recevoir désormais 10 ou 20 chaînes", a-t-il insisté.
Leonid Reïman a souligné le caractère plus économique du système, plusieurs chaînes pouvant fonctionner sur une même fréquence. Cela permettra aussi à la population de bénéficier de différents services interactifs, de participer à des sondages, de voter, de commander des films.
"Nous prévoyons d'achever le passage total du pays à la télévision numérique en 2015," a annoncé le ministre. Il a souhaité que les autres régions s'inspirent largement de l'expérience d'Ekaterinbourg. Un programme fédéral ciblé de passage au numérique sera élaboré cette année. Ce projet doit être réalisé, selon Leonid Reïman, dans le cadre d'un partenariat public-privé, le financement devant être assuré par des moyens fédéraux, régionaux et privés. Le ministre a indiqué que la TNT pourrait voir le jour tout prochainement au Tatarstan et dans la région des Khantis-Mansis.
Edouard Rossel a fait remarquer que jouer les pionniers dans ce genre de projets n'a pas toujours été chose facile. Il fallait notamment obtenir du ministère de la Défense qu'il renonce à certaines fréquences au profit de la télévision numérique. "Il nous a libéré ces fréquences", s'est-il félicité. Le gouverneur a dit vouloir installer prioritairement une chaîne culturelle régionale et des programmes éducatifs, tournés, en particulier, vers l'apprentissage des langues étrangères.
Pour recevoir les chaînes numériques, les habitants devront faire l'acquisition d'un décodeur. Les prix oscillent actuellement entre 100 et 250 dollars, mais devraient baisser. La région de Sverdlovsk entend dès à présent en offrir 14.000 exemplaires à d'anciens combattants et des familles modestes.
Les besoins en décodeurs, à l'échelle du pays, sont évalués à quelque 70 millions d'appareils, l'immense majorité des téléviseurs n'étant pas à même de capter le signal numérique. Les seules personnes pouvant s'en passer sont celles qui disposent dès à présent d'un téléviseur captant le signal DVB-T (format de diffusion adopté en Russie pour la TNT fixe) ou d'appareils de communication mobiles dotés d'une puce DVB-H (TNT mobile). Les émissions seront diffusées dans le codage MPEG-4. La diffusion traditionnelle (signal analogique) sera poursuivie dans la région de Sverdlovsk jusqu'en 2015.
La plupart des chaînes numériques disponibles à Ekaterinbourg sont gratuites, telles ORT, Rossia, SGTRK, NTV, Kultura, etc. Certaines chaînes thématiques seront payantes. L'obligation de conserver des chaînes gratuites figure dans la Conception du développement de la télévision adoptée par le gouvernement pour la période 2008-2015.
Passeports biométriques
A compter du 1er avril, tout citoyen russe pourra se faire délivrer un passeport biométrique pour se rendre à l'étranger, annonce le site nr2.ru.
Les autorités russes fournissent depuis déjà plusieurs mois, dans certaines régions, des passeports biométriques aux citoyens qui en font la demande expresse. Cela concerne pour l'instant les habitants de Moscou, Saint-Pétersbourg, et de la région de Kaliningrad. A compter du 1er avril, ces demandes pourront être déposées partout en Russie. Le prix à payer sera plus élevé, en comparaison avec un passeport traditionnel - respectivement 1.000 et 500 roubles pour un adulte et un enfant de moins de 14 ans, contre 400 et 200 roubles dans le cas d'un passeport "traditionnel".
Les nouveaux passeports incluent une puce qui conserve les informations figurant sur la première page du passeport (photo, patronyme, numéro de passeport, date et lieu de naissance, sexe, date de délivrance du passeport et date limite de validité). La photo de l'intéressé est à ce jour le seul paramètre biométrique inclus dans la puce. Il n'est pas prévu, pour l'instant, d'y ajouter les empreintes ou d'autres données biométriques, car les organisations internationales ne le demandent pas.
Le système de fabrication et de délivrance de ces nouveaux passeports monte peu à peu en puissance. Le Service fédéral des migrations prévoit d'en achever la création d'ici la fin 2009. Au total, en 2007, un peu plus de 135.000 passeports de ce type avaient été délivrés. En janvier 2008, les autorités russes en ont délivré 29.000 et reçu 59.000 demandes. Les prévisions pour 2008 portent sur plus d'un million de passeports biométriques.
Ces passeports de nouvelle génération sortent de la fabrique d'Etat Goznak et bénéficient d'un label de qualité très élevé. Ils visent prioritairement à améliorer la confiance que l'on peut attribuer aux documents et visas étrangers présentés par les Russes aux services des passeports et à faciliter ainsi les déplacements de ces derniers. Les nouvelles technologies de fabrication devraient exclure toute possibilité de fraude.
Les Etats-Unis très dépendants de la Russie dans l'espace selon la Nasa
Les Etats-Unis dépendent actuellement de la Russie pour maintenir la viabilité de la Station spatiale internationale (ISS), a reconnu devant le Congrès américain le directeur de la NASA, Michael Griffin, cité par inauka.ru.
S'exprimant lors d'auditions devant le Comité des sciences et des technologies de la Chambre des représentants, Michael Griffin a déclaré qu'il était "content d'avoir bénéficié des services spatiaux russes et que la Russie soit un partenaire pour la création de l'ISS". La participation de la Russie à ce programme, a-t-il dit, donne du temps aux Etats-Unis pour élaborer des systèmes d'acheminement du fret et des équipages en orbite et, par là même, permet aux Américains de préserver "les milliards de dollars [qu'ils ont investi] dans l'ISS".
D'ici l'année 2011 incluse, a fait remarquer Michael Griffin, la NASA paiera à la Russie, selon l'accord conclu, quelque 780 millions de dollars pour l'acheminement vers l'ISS, à bord de Soyouz, des astronautes des Etats-Unis et des autres pays avec lesquels l'agence américaine a conclu des accords. Comme le nouveau véhicule spatial Orion et le lanceur Ares 1 ne seront exploitables que début 2015, a poursuivi Michael Griffin, la NASA devra s'appuyer sur les Soyouz même après 2011. "Et il nous faudra une nouvelle autorisation du Congrès pour acquérir des services de transport russes", a noté le directeur de la NASA. "Nous avons besoin de votre aide, a-t-il expliqué, s'adressant aux membres du comité (la NASA doit impérativement avoir l'autorisation de la Chambre des représentants pour pouvoir conclure ce type de contrat avec la Russie - NdlR). Et il faut que le projet de loi soit adopté dès 2008, car les Russes ont besoin de 36 mois pour fabriquer de nouveaux Soyouz. Le contrat avec eux doit être signé avant la fin de cette année."
Les Etats-Unis, a convenu Michael Griffin, "doivent réduire leur dépendance vis-à-vis des Soyouz". "Mais il n'existe actuellement aucune autre solution concrète, a-t-il noté. Selon mes estimations, a-t-il ajouté, il est peu probable que des vaisseaux commerciaux pilotés américains fassent leur apparition d'ici 2012."
Il est à noter que le premier vice-premier ministre russe Sergueï Ivanov avait demandé à l'Agence spatiale russe (Roskosmos), voilà tout juste quelques semaines, d'intensifier son activité sur le marché, en pleine croissance, des services spatiaux. Il avait appelé à s'appuyer sur les acquis de la Russie dans l'espace pour accélérer la création de produits à forte valeur ajoutée et l'élaboration de propositions commerciales afin de pouvoir "proposer aux consommateurs nos propres complexes de services". "Faute de quoi, avait-il mis en garde, nous nous transformerons peu à peu en "cocher de l'espace" et ne ferons que servir les étrangers."
Centrale hydraulique d'Evenkie: une menace pour tout un peuple?
La centrale hydraulique d'Evenkie, prévue dans le Schéma général d'implantation des ouvrages énergétiques d'ici 2020, pourrait être fatale au peuple évenk, s'alarment les écologistes. Cette usine hydro-électrique qui serait, avec 8.000 MW, la plus puissante de Russie, verra-t-elle le jour?
La centrale hydraulique de 8.000 MW, que projette de construire dans l'arrondissement Touroukhansk de l'Evenkie (territoire de Krasnoïarsk) la société GuidroOGK, pourrait détruire le territoire traditionnel de tout un peuple, ont estimé plusieurs responsables écologiques lors d'une conférence de presse tenue au siège de RIA-Novosti.
"La construction de la centrale d'Evenkie causera un préjudice irréparable au territoire occupé traditionnellement par les Evenks. Un territoire d'une superficie d'un million d'hectares sera submergé par les eaux, et un dommage colossal sera causé à la faune et la flore", a affirmé le premier vice-président de l'Association russe des petits peuples autochtones du Nord, de Sibérie et de l'Extrême-Orient russe, Pavel Souliandziga. La réalisation de ce projet aurait une influence funeste sur les Evenks, a-t-il estimé.
"Leur ethnie risque de disparaître, si les Evenks doivent quitter leurs territoires du fait de leur immersion", a-t-il ajouté. Les habitants de la région ont demandé par écrit aux autorités locales et fédérales qu'il soit mis un terme à l'examen de ce projet, a-t-il rappelé.
Si ce projet est réalisé, a estimé Viktor Zubakin, président de l'Union de protection des oiseaux de Russie, un territoire essentiel du point de vue de la biosphère, où l'on trouve, par exemple, des habitats d'oiseaux portés sur le Livre rouge de la Fédération de Russie, sera englouti. L'apparition de cette centrale constituera, selon lui, une catastrophe écologique pour la région.
La rationalité économique de ce projet est contestée par Ivan Blokov, directeur des programmes Greenpeace Russie. Le kW de puissance installée de cette centrale hydraulique coûtera entre 1.000 et 1.200 dollars, ce qui est de 30 à 40% supérieur aux ouvrages du même type, a-t-il noté.
Le directeur de la politique de protection de la nature du WWF Russie, Evgueni Chvarts, partage cette appréciation quant à l'inefficacité économique de la centrale en projet. "L'Evenkie n'est pas une région-clé avec des pics de consommation d'électricité, où il est indispensable de développer un tel projet", a-t-il précisé.
"Des centaines de millions de roubles ont déjà été dépensés pour étudier le projet de la centrale d'Evenkie. Nous avons rencontré des représentants de GuidroOGK, et les pourparlers durent depuis un an déjà, mais nos tentatives pour obtenir des éclaircissements sur la situation relative à la centrale n'ont débouché sur rien de concret", a indiqué pour sa part Alexeï Zimenko, responsable du Centre de protection de la nature sauvage.
Si elle devait être construite, cette centrale serait, avec ses 8.000 MW, la plus puissante de Russie, et la troisième au monde. Il est prévu qu'elle alimente en électricité la région de Tioumen, l'Oural et la partie européenne du pays, et vienne ainsi renforcer sa sécurité énergétique.
Les canards apprécient Moscou en hiver
Pour la 24e fois consécutive, les biologistes ont recensé cette année les canards qui hivernent à Moscou. Ils ne sont pas moins de 2.600 à avoir choisi, en cet hiver 2007-2008, la capitale comme lieu de résidence, rapporte le site inauka.ru.
Le premier recensement de canards présents à Moscou durant l'hiver a été effectué en 1985-1986. Le pic de leur population a été enregistré en 1989-1990: ils étaient alors 28.000. Par la suite, leur nombre a sensiblement diminué, pour tomber à 7.500 en 1998. Depuis 2000, il a recommencé, globalement, à augmenter.
Les biologistes ont établi un parallèle entre le nombre de canards hivernant dans la capitale et le niveau de vie des Moscovites. Ces derniers ont en effet confié aux scientifiques qu'ils étaient nombreux, l'hiver, en fin de semaine, à aller donner du pain en grande quantité aux canards. Naturellement, lorsque les Moscovites ont connu des temps difficiles, les canards ont cessé d'être pour eux une priorité. Et leur population a alors diminué.
Les ornithologues ont établi que les canards se divisaient en deux groupes. Les membres du premier groupe sont regroupés, principalement, sur le cours inférieur de la Moskova, dans les arrondissements de Kapotnia et Brateevo. Ces volatiles sont plus sauvages, ne laissent guère l'homme s'approcher et se nourrissent seuls, pour l'essentiel. Dans ces conditions, lorsque les hivers sont très rigoureux, leur nombre diminue. Le second groupe préfère les petits cours d'eau et les étangs (outre la Moskova, la capitale compte quelque 30 à 35 petits cours d'eau, plus de 300 étangs et trois lacs). Les canards appartenant à ce groupe ne craignent pas l'homme et s'amassent dans des lieux très fréquentés. Le revers de la médaille étant qu'ils sont donc fortement dépendants de l'homme. On les retrouve notamment autour de certains cours d'eau (Iaouza, Likhoborka, Setoun, Skhodnia) et étangs (Izmaïlovo, Bitsa, Tsaritsyno, Kouzminki)... ainsi qu'au zoo de Moscou.
Tout comme les autres oiseaux, les canards de Moscou s'accoutument bien au milieu urbain. Diverses espèces cohabitent, parmi lesquelles prédomine largement le colvert, suivi, de très loin, par le tadorne casarca. Ce dernier, au plumage fauve orangé, hiverne exclusivement au zoo de Moscou, dont il est originaire, avant de repartir à la belle saison vers les plans d'eau de la capitale.
Dans un pays aux hivers aussi rigoureux que la Russie, une mégapole telle que Moscou présente pour les canards bien des avantages: un microclimat urbain plus doux, une nourriture abondante, une relative sécurité et, élément très important pour eux, des eaux non gelées. Outre ses cours d'eau, ses étangs et ses lacs, Moscou compte aussi de multiples petites pièces d'eau partiellement ou totalement dénuées de glace, en raison des rejets chauds qui y sont déversés, de leur brassage et des substances minérales et organiques qu'elles recèlent. La présence de tous ces canards l'hiver à Moscou atteste que ces bêtes s'habituent bien à l'homme s'il n'entreprend rien de menaçant contre elles.
