Club des voyages: «Anneau d’or»

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Notre itinéraire d’aujourd’hui s’écartera un peu de l’« Anneau d’or », tellement populaire parmi les touristes étrangers. La ville de Nerekhta, où nous vous invitons, se trouve à moins de 50 km de la Kostroma, au confluent de deux rivières Solonitsa et Nerekhta.

La première mention de Nerekhta remonte à 1214, lorsqu’elle était disputée par les enfants du prince Vsevolod Le Grand Nid. Avant la fondation de la ville ici cette terre était peuplée par des Slaves et des tribus finno-ougriennes, ces derniers ayant donné le nom d’abord à la rivière, et plus tard à la cité. En langue des aborigènes « Nerekhta » veut dire « rivière dans la vallée ». Dès le 13e s. la ville devient connue pour ses eaux salifères, dont l’extraction est à l’époque un processus fort laborieux. Le chevalement du puits était équipé d’un système compliqué de cordes avec des contrepoids et un mouton massif. Le travail était difficile, mais rapportait bien, et les citadins vivaient aisément. Dans la ville fonctionnaient une centaines de commerces et sept églises en bois. Mais cinq siècles après le débit des eaux salifères diminue et les activités aux salines sont suspendues, surtout que vers ce temps-là on commence à produire du sel meilleur marché dans le delta de la Volga.

Mais ce climat frais est bien propice à la culture du lin, laquelle avec le tissage sur métier donne du travail aux femmes et fournit un revenu considérable. Les toiles de lin, faites à Nerekhta, étaient vendues par des marchands à travers la Russie, mais étaient également exportées, notamment, en Europe occidentale.
Au début du 17e s. les envahisseurs polonais attaquent la ville, la pillent et la brûle. Mais cent ans après Nerekhta se relève entièrement. Ses habitants pratiquent divers métiers – poterie, cordonnerie, joaillerie, tissage, peinture d’icônes.
Le commerce concourt au développement de la cité avantageusement située sur les voies menant à Iaroslavl, Nijni Novgorod et Souzdal. Aussi une première église en pierre y est-elle construite déjà au 17e s. Elle fut visitée par le tsar Feodor Alekséïévitch, quand il se rend pour quelques jours dans la ville en compagnie de la tsarine et de deux frères cadets.
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Dans la seconde moitié du 18e s. des premières manufactures de tissage apparaissent à Nerekhta. L’une d’elles, fondée par de riches marchands locaux, se conserva jusqu’à nos jours.
Comme de nombreuses villes russes, construites principalement de bois, Nerekhta souffrait fréquemment d’incendies. Les plus violentes réduisaient en cendres presque la moitié des bâtiments, et après l’incendie de 1838, conformément à un nouveau plan général de la ville, la cité adopte une structure radiale et circulaire, et non chaotique, comme avant.
Vers le milieu du 19e s. Nerekhta devient un centre textile important du gouvernement, et un chemin de fer Iaroslavl – Kostroma impulse encore son essor.
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Des monuments d’architecture religieuse et laïque du 19e s. valent la peine d’un déplacement à Nerekhta. Il reste beaucoup d’hôtels particuliers de marchands et plusieurs églises en pierre dans le centre de la ville, qui représente essentiellement des bâtisses en bois datant du début du siècle dernier. Rénovées et étagées, celles-ci gardent dans leur beauté originale les chambranles sculptés, qui offrent, ici à Nerekhta, une richissime variété des dessins, ne se répétant sur aucune maison, ce qui fait à juste titre la fierté des citadins.

Quant aux églises, dominant invariablement de petites villes, elles sont au nombre de 17 pour la cité qui ne compte que 26 mille habitants.
L’église de Vladimir, construite à la fin du 17e s. dans le style de l’architecture cultuelle de Iaroslavl, présente sûrement de l’intérêt. Fortement endommagée dans les années d’après la révolution, elle est actuellement reconstruite, tout comme d’autres édifices du culte. L’église de Théophanie, restaurée dans les années 80 du 20e s., abrite un musée qui expose des fragments de la peinture murale, faite par des maîtres de Iaroslavl, l’iconostase du 18e s., transféré ici du village Verkhovié. Du haut du clocher, ouvert aux touristes, on a une vue pittoresque des vieux quartiers, constitués de maisons en bois avec leur décor, et des Galeries marchandes, traditionnelles pour les villes russes.

L’église à deux niveaux de la Résurrection du Christ, édifiée à la fin du 18e s. dans le style rococo, conserva de même partiellement ses fresques; actuellement dans sa partie supérieure est présentée l’exposition « La Russie orthodoxe: rites et coutumes des habitants de la terre de Nerekhta de la fin du 18e s. au début du 20e s. ». Elle intéressera également les visiteurs par la possibilité de se faire prendre en photo en costumes nationaux russes.
D’ailleurs, on peut prendre des photos tout aussi pittoresques, en visitant l’écomusée sous le toit de l’ancienne pharmacie, monument d’architecture dans le style moderne du début du 20e s. Le musée ethnographique de la ville organise régulièrement de nouvelles expositions. Celle qu’on peut voir maintenant est consacrée à Elisavéta Diakova, fille d’un commerçant de la ville.

A la fin du 19e s. cette jeune fille, qui eut l’ambition de devenir la première femme-juriste en Russie, quitta Nerekhta natale et fuit ses parents sévères d’abord dans la capitale, Saint-Pétersbourg, où elle suivit les cours de Besstoujev, puis à Paris, à la Sorbonne. A l’étranger elle s’engagea activement dans la lutte pour l’émancipation de la femme et trouva une mort tragique dans des circonstances non-élucidées dans les Alpes autrichiennes peu avant ses 28 ans. Elle écrivit « Les journaux d’une femme russe », où elle décrivit la vie à Nerekhta à la fin du 19e s.
Au musée sont exposés des objets ménagers de l’époque, et on peut se faire prendre en photo en calèche en tenue de citadin de l’avant-dernier centenaire.
Des icônes restaurées, des trouvailles ethnographiques, des fouilles archéologiques sont présentées dans les locaux d’une autre église, celle de Théophanie.

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Dans le jardin municipal, à gauche de l’entrée, se dresse un obélisque en honneur d’un clerc local au nom de Kriakoutny, dont la légende dit qu’il fut le premier à monter en ballon.

Il y a dans la ville quelques monuments curieux.

En prenant la rue Pobéda depuis la gare vers le centre, on remarquera sur le toit de l’école n°1 à côté d’une antenne de télévision par satellite un monument de l’époque du réalisme socialiste qui s’est conservé par miracle: une statue en gypse argenté figurant une fillette donnant à manger aux poules. Encore un monument non fait de main d’homme des blagueurs locaux attire l’attention au parc — un énorme bloc erratique avec cette inscription laconique: « A Viktor Sidorov de la part des amis — regrets »!

A un kilomètre de Nerekhta se trouve un couvent, fondé déjà au 17e s. Ici sont soigneusement conservées les reliques de Saint Pacôme, et des croyants ne cessent de venir à pied et d’arriver pour les vénérer.

Des religieuses accueillantes vous montreront leurs possessions – potager et jardin qui leur fournissent des légumes et des fruits. Et si vous vous attardez ici et elles cessent de remarquer votre présence, vous pourrez voir comment en se reposant de leurs travaux les postulantes jouent au badminton…

Non loin du couvent il y a une source, dont l’eau est réputée pour avoir des propriétés curatives. Elle porte le nom de Saint Pacôme.
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Merci de suivre le Club des Voyages, rubrique régulière de la Voix de la Russie.
Et maintenant nous vous parlerons de la découverte faite récemment par les archéologues dans le cours supérieur du Don.
Dans la banlieue de la ville de Lipetsk ils ont mis à jour un tombeau d’une femme de la famille du tsar des Sarmates. Ces trouvailles changent foncièrement nos connaissances sur l’histoire de la partie centrale de la Russie. Dans le sépulcre datant du début du 1er millénaire après J.C. les spécialistes ont trouvé des bijoux d’or, de la vaisselle en argent, des céramiques et d’autres ustensiles.

Il y a deux mille ans dans les étendues infinies des steppes d’Europe de l’Est migraient les Sarmates, peuple de la Perse antique, connu des Grecs et des Romains. Pline l’Ancien notait dans sa vaste compilation scientifique l’esprit guerrier et la puissance de cette population. Les contemporains avaient des connaissances fragmentaires et rares de la vie des Sarmates. Et ce n’est que l’archéologie contemporaine qui comble en partie cette lacune.

Les chercheurs ont établi qu’au milieu du 1er s. les Alains avaient apparu sur le cours inférieur du Don pour prendre une position dominante dans les steppes méridionale de Russie contemporaine. Or le cours supérieur du Don était une lointaine périphérie de la Sarmatie et on considérait que ni les Alains, ni les Sarmates n’avait exercé pas d’influence sur la formation de la nation russe. La trouvaille fait à Lipetsk renverse cette théorie.

Il s’agit d’un symbole en or du pouvoir tsariste figurant un aigle aux ailes déployées. Les archéologues ont découvert un tissu pressé bleu-violet et une feuille d’or. On avait à les nettoyer de terre et à déplisser les fragments de la feuille d’or avant de reconstituer ce que les artisans inconnus avaient représenté il y a deux mille ans.

Sont d’abord apparus des silhouettes des cerfs et des béliers. Ils étaient au nombre de plus de 20. En disposant les fragments qui restaient, un spécialiste du style animal des Scythes réussit à les arranger en aigle héraldique dont les ailes déployées mesuraient 52 centimètres. Il devint clair qu’il constituait le centre de la composition, décorant le baldaquin du catafalque de la noble Sarmate. Cette découverte est comparable au célèbre récipient d’argent figurant des Scythes, qui fait partie de la collection de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. L’aigle d’or de Lipetsk est une pièce tout aussi précieuse.

La découverte prouve une nouvelle fois que nous, les Russes, n’étions pas les premiers à peupler la terre ancienne du Don. Avant l’arrivée des tribus russes ici, des civilisations éclatantes existaient qui faisaient une partie organique de l’Antiquité.

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Chers auditeurs, merci d’avoir aimablement suivi cette édition du Club des Voyages, rubrique régulière de la Voix de la Russie. Et à mercredi prochain!

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