La Russie est prête à offrir aux compagnies assurant le trafic transcontinental dans les pays d'Asie du Sud-Est un itinéraire court sans pirates. Selon le ministre russe des Transports Igor Levitine, « Sovcomflot » engagera en septembre une expédition expérimentale de Mourmansk dans les ports sud-coréens, nippons et chinois via l'Arctique pour confirmer les avantages de la Grande Voie du Nord.
L'itinéraire entre la partie européenne de la Russie et l'Extrême-Orient par les mers de l'Océan glacial et du Pacifique a été conçu dès les années 1980. Cependant, en période de désintégration de l'URSS et de gestation de la Russie rénovée cette alternative au canal de Suez a été abandonnée. Fait paradoxal : les pirates ont poussé à la reprendre. La communauté mondiale avec à sa tête l'ONU est en train d'élaborer les normes et les règles de la lutte contre la piraterie et la Russie propose d'engager le trafic maritime d'Europe dans les ports d'Asie du Sud-Est dans les eaux arctiques.
Les avantages de l'itinéraire ne sont pas à douter, dit le président de l'Association du droit international de la mer Anatoli Kolodkine :
La Grande Voie du Nord est meilleur marché et plus courte.
Certes, il existe des dangers dans l'Arctique : ce sont des glaces plutôt que des pirates. La Russie dispose de la flotte nucléaire pour s'y opposer. Les brise-glaces étendront, en outre, les délais de navigation par la Grande Voie du Nord, dit le chercheur Arthur Tchilingarov, député de la Douma d'Etat :
Les délégués à la conférence consacrée à la renaissance de la Grande Voie du Nord ont envisagé l'approvisionnement hydrographique, hydrométéorologique de la sécurité des navires. Le ministère des Situations d'urgence entend aménager ses centres sur le littoral de l'Océan glacial. Nous accordons une attention sérieuse à la sécurité.
Il est prévu de construire de petits remparts dans les glaces où il sera possible de réparer si nécessaire le navire avant de poursuivre l'expédition.
Le ministère russe des transports doit évaluer les délais de passage des navires en saisons différentes. Cela permettra de se faire une idée de la rentabilité du trafic. Non seulement les navires battant pavillon russe choisiront cet itinéraire. La Norvège s'y intéresse vivement. L'expérimentation persuadera les compagnies de navigation du bien-fondé de l'alternative nordique à la Voie maritime méridionale et on pourra fixer la taxe que devront payer les navires étrangers à la Russie.
