Les sectes apparaissent en masse depuis quelques années dans les anciennes république de l'URSS. Ce phénomène risque de se muer en une menace réelle pour l'Etat si ce dernier ne trouve pas de moyens de le combattre. Ce thème a été au centre des discussions lors d'une table ronde organisée à Moscou.
Des experts de Russie, d'Ukraine, d'Arménie et de Géorgie sont préoccupés par la multiplication rapide des sectes dans l'espace postsoviétique. La Russie recense à elle seule 700 000 membres de sectes. En Arménie il y en a plus de 300 000. La Géorgie et Ukraine ne disposent pas de statistiques en la matière mais les spécialistes tirent la sonnette d'alarme.
Selon les experts, les membres des sectes contemporaines sont des représentants d'organsiations non religieuses qui s'écartent dans telle ou telle mesure des dogmes de l'Eglise officielle. Les sectes actuelles poursuivent deux objectifs : le pouvoir et l'argent. Leur activité est plutôt politique et sociale et non pas religieuse, estime Alexandre Amarian, chef du Centre de réhabilitation et d'aide aux victimes de cultes destructifs à Erevan (Arménie).
"Ainsi, le leader des scientologues Hubbard affirme que les sectes modernes aident à devenir milliardaire. Un autre chef de secte connu, Lediaïev, dit que ce sont les sectateurs qui procurent aux gens "du pain et des jeux" dont ils ont besoin, et reçoivent de l'argent pour cela. C'est leur objectif principal, le pouvoir et l'argent. La foi n'a rien à voir avec cela", dit Alexandre Amarian.
Les sectes se sont épanouies dans l'espace postsoviétique dès le démembrement de l'URSS, au début des années 1990, lorsque les idées venues de l'Occident pénétraient facilement les esprits des gens ayant perdu leurs idéaux. Le professeur Alexandre Dvorkine, président du Centre russe d'études reigieuses Saint Irénée de Lyon, en est convaincu :
"Pour qu'un homme devienne membre d'une secte, deux conditions sont nécessaires. Premièrement, l'homme doit se trouver dans un état de suggestibilité. Deuxièmement, il doit recevoir de cette secte une proposition qui corresponde à sa vision du monde. Chaque secte a ses propositions à l'aide desquelles elle recrute ses adeptes : cours d'anglais gratuits, trainings management de carrière, etc.".
Résultat : augmentation du nombre de personnes ayant perdu leur famille et leur emploi à cause des sectateurs. De nombreux adeptes de nouvelles doctrines offraient leurs biens aux chefs de sectes, qui interdisaient souvent aux néophytes de recourir à l'aide médicale professionnelle. Il y a eu des cas tragiques dus à ces interdictions. Une secte a même provoqué la mort massive de ses membres...
Un grand problème lié à la lutte contre les sectes consiste dans le fait qu'aucune loi de l'ex-URSS ne contient de points mentionnant les sectes ni même une notion de secte.
La Russie est consciente de la menace émanant des sectes. A partir de septembre 2010, les programmes scolaires de certaines régions russes comportent une leçon expérimentale "Eléments de la culture religieuse". Selon les spécialistes, elle permettra de faire connaître aux écoliers les fondements des religions traditionnelles mais également de les protéger contre les agissements de chefs de sectes. L’Etat crée des centres de réhabilitation et d’aide aux victimes (réelles ou potentielles) de sectes.
L’Eglise orthodoxe russe et des structures d’autres confessions développent également une activité civilisatrice. Ils expliquent aux croyants ce que sont les sectes et comment on peut échapper à leur influence.
