Prononçant un discours dans un centre pour les jeunes d’Oxford, dont le texte a été déjà publié dans la presse, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé les récents désordres à Londres et dans plusieurs autres villes « un signal de réveille » pour le pays. Or nombreux sont les experts et les commentateurs à considérer que c’est l’élite politique de toute l’Europe qui doit « se réveiller ».
Parmi les causes de l’explosion de violence de la part d’une partie des jeunes M. Cameron a mentionné l’irresponsabilité, l’égoïsme, l’absence de surveillance parentale et de la discipline à l’école. La lutte contre des bandes de rue devient, selon lui, une « priorité nationale ». Comme le Premier ministre l’a déclaré la veille, le principe qui doit présider à cette lutte est celui de « tolérance zéro » envers les saccageurs.
Comme l’écrit le journal allemand « Der Tagesspiegel », les forces de l’ordre ont déjà identifié et interpellé quelque 2 000 participants aux exactions dans les rues. D’après le chef de la police londonienne Tim Godwin, leur nombre peut passer bientôt à 3 000. Or suivant les données de « Der Tagesspiegel », les prisons britanniques n’en pourront encore accueillir que 2 000.
Le périodique allemand « Frankfurter Allgemeine Zeintung » a appelé dans son commentaire les récents événements en Grande-Bretagne « émeute des perdants » - dans aucun autre pays de l’UE la disparité entre les pauvres et les riches n’est pas aussi grande. L’expert du Conseil pour la politique extérieure d’Allemagne, Alexander Rahr, partage cet avis :
Le potentiel de protestation dans les pays européens est très important. Et tous les politiques doivent en tirer certaines conclusions. Le monde change à vue. Il n’est plus ce qu’il était ces vingt ans, lorsque le libéralisme occidental était considéré comme un modèle de justice sociale. Quand un jeune sur trois, même diplômé, ne parvient pas à trouver un emploi, cela signifie que le système connaît une crise profonde.
On peut discuter à l’infini sur la nécessité des immigrés pour l’Europe, sur leur volonté de s’intégrer dans la société, sur le besoin de stopper leur afflux. On peut se consoler du fait que parmi les saccageurs il y avait aussi des enfants de millionnaires. Mais l’exception ne fait pas la règle. Les violences à Londres, comme à Paris et dans d’autres villes du continent, se produisent précisément dans des quartiers pauvres, peuplés principalement par des immigrés, soulignent les experts.
La sonnerie du « réveille-matin » britannique est un signal pour les leaders d’Europe de se tirer de beaux rêves de « multiculturalisme », de « tolérance » et d’autres illusions pareilles, qui ne font que camoufler l’abîme social qui s’approfondit. Mais, peut-être, est-ce un rappel de l’approche de la date butoir de rembourser les dettes ?
