Au pays de Sergueï Essenine

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La Voix de la Russie poursuit son cycle d’émissions consacrées aux villes russes anciennes, centres du tourisme international. Aujourd’hui nous vous ferons découvrir le petit village de Konstantinovo de la région de Riazan.

C’est dans ce village des environs de Riazan qu’est né et a passé son enfance le célèbre poète russe Sergueï Essenine. Les maisons du village semblent s’éparpiller sur la rive droite escarpée de l’Oka d’où s’ouvre une vue magnifique sur une vaste prairie parsemée de lacs scintillants et de bras du fleuve qu’on voit à peine au milieu d’un fourré de joncs. C’est dans ce village que le futur poète avait passé les années tumultueuses de son enfance chez ses grands parents maternels. Il n’en parle jamais dans ses lettres et poésies mais on sait que la maison à un étage construite par le grand-père du poète se dressait dans le temps sur l’emplacement de la petite isba paysanne des Essenine. Quant son fils Alexandre Essenine avait grandi, ses parents l’ont envoyé à Moscou comme apprenti boucher. En 1893, il a épousé Tatiana Titova, originaire du même village qui a déménagé chez les Essenine. C’est dans cette maison qu’était né en 1895 le futur poète et c’est ici qu’il passée les premières années de son enfance. Après le mariage, son père est rentré à Moscou et la mère est restée dans la maison de ses beaux-parents.

La maison du grand-père avait brûlé en 1910 et les parents du poète ont construit une petite maison en face de l’église de la Vierge de Kazan. Essenine y venait souvent quand il était déjà un poète renommé. Sa mère y a vécu jusqu’à 1955, après quoi la maison a abrité une bibliothèque rurale, - raconte Olga Anikina, collaboratrice du  musée mémorial de Sergueï Essenine.

« Le 3 octobre 1965, le jour du 70e anniversaire du poète, sa maison familiale se transforme en filiale du musée ethnographique de Riazan. Les sœurs du poète étaient encore en vie et ont aidé à tout reconstituer à l’identique. C’est l’icône de la Vierge de Kazan avec laquelle leur mère les a bénites au seuil de leur nouvelle vie conjugale. C’est la table ramenée de Moscou par le père du poète. Toute la famille se réunissait devant cette table pendant les repas. Et voici la lampe à pétrole qui brûlait parfois toute la nuit parce que Sergueï Essenine n’avait de cesse de fignoler ses poèmes. On peut également y voir des objets ayant appartenu à sa mère : une blouse, une pelisse  et un fichu. C’est avec ce petit coffre en bois que Essenine est parti à 17 ans à Moscou. Plus tard, il s’est acheté des valises et a ramené ce coffre que  sa mère conservait religieusement ».

Au milieu de la petite cuisine trône le samovar. Il faisait partie de la dot de Tatiana Fedorovna et servait à préparer le thé chaque fois que ses parents recevaient  les invités. Cette maison est beaucoup plus que quatre murs, le mobilier et d’autres objets. C’est tout un monde, le chez soi dont écrivait Sergueï Essenine. Ce sont aussi les membres de sa famille – sa mère, ses sœurs. C’est même la volaille de la basse cour qui avait eu le mérite de passer dans un poème de Essenine : « On entend le caquetage des poules et les coqs qui semblent célébrer la messe ».

Cette petite maison paysanne a permis au monde entier de découvrir la vie de la paysannerie russe, ses pensées et ses rêves. On peut en parler beaucoup, mais il suffit d’entrer dans la maison pour sentir la présence  de ce jeune paysan et son regard posée sur vous. C’est aussi a fenêtre d’où s’offrent à la vue les paysages de  Konstantinovo dont Essenine écrivait : « le regard se perd dans un bleu infini ». C’est enfin le peuplier planté par Essenine. Les gens du village sont dépositaires des traditions et à cheval sur le temps.

On peut aussi voir à un musée unique en hommage au poème « Anna Sneguina». En 1916, quand a vu le jour le premier recueil de poésies de Essenine, il a été invité par Lydia Kachina, jeune femme instruite et intelligente, propriétaire d’un domaine à Konstantinovo. Vers ce temps-là, le poète était déjà assez connu à Pétersbourg, entretenait des relations avec Block et d’autres poètes et la maîtresse de maison qui aimait la poésie a voulu faire sa connaissance. Quand le poète reviendra à Konstantinovo en 1918, il verra que les nouvelles autorités ont dépossédé Kachina de son domaine, Puis, alors qu’il se trouvait à l’étranger, il écrira le poème « Anna Sneguina » reflétant les grands événements du début du 20e siècle en Russie. Lydia Kachine, la dernière propriétaire terrienne de Konstantinovo, deviendra son personnage principal. La maison à mezzanine  abrite actuellement un musée dédié à la fois à Kachina et au poème.

« On peut y voir des objets personnels de Lydia Kachina et les premières publications du poème. Nous avons également essayé de conserver l’esprit de cette maison et celui du moment crucial de l’histoire russe que a marqué chaque famille ».

Le village de Konstantinovo a actuellement l’air d’un véritable jouet avec ses maisons bien entretenues, les bonnes infrastructures et un excellent restaurant au bord de l’Oka. Comme partout en Russie, le musée est fermé lundi mais ses conservateurs ne respectent pas la règle et la minuscule maison des Essenine est toujours ouverte aux visiteurs.

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