Vitali Kaloev s'est envolé pour l'Allemagne avec un visa Schengen, délivré par l'Ambassade d'Allemagne à Moscou. Et la demande du visa a été accompagnée par une invitation officielle des autorités municipales de la ville d'Uberlingen, près de laquelle est survenue la tragédie il y a 10 ans. Vitali Kaloev a expliqué à La Voix de la Russie, qu’il voudrait se recueillir sur le lieu du crash et déposer des fleurs devant le mémorial en l’honneur des victimes. Et les fonctionnaires des services aux frontières allemands affirment que le visa n’a pas été délivré indûment.
« Un représentant du Consulat général est ici, et il essaie de régler cette question. Les autorités expliquent que l'Ambassade d'Allemagne à Moscou n'a pas accordé la délivrance de ce visa à Kaloev avec la Suisse. C'est une première chose. Et il y a une deuxième chose : une délégation suisse va participer à la cérémonie, et soi-disant, ils ne veulent pas me voir là-bas. Je rends visite sur le lieu de la catastrophe, où est morte ma femme et où sont morts enfants. Je viens ici mettre des fleures. Et rencontrer ces gens qui m'ont aidé a survivre cette tragédie ».
Le service allemand des gardes-frontières affirmait que la clarification de toutes les circonstances sur la délivrance du visa à Kaloev prendrait plusieurs heures. Au final, après quelques heures passées à l’aéroport, il a pu entrer sur le territoire allemand pour participer à la cérémonie de commémoration, a annoncé au correspondant d’Itar-Tass le Consul général de Russie à Munich Andreï Grozov.
Ce scandale a deux aspects : un aspect purement juridique et un aspect humain. Kaloev a tué le contrôleur aérien Peter Nielsen, à cause duquel le 1 juillet 2002 l’avion des lignes aériennes de Bashkirie est entré en collision avec l’avion de fret de la compagnie DHL. Nielsen, contrôleur aérien de la compagnie suisse Skyguide était considéré comme le principal coupable de la catastrophe qui a provoqué la mort de 71 personnes, dont 52 enfants. Il a été condamné à huit ans de prison et libéré tôt pour bonne conduite. Formellement, l'Ambassade d'Allemagne aurait dû prendre en compte le fait que Kaloev a été reconnu coupable en 2005 de l’assassinat dans l’un des pays d’Europe. Et du point de vue purement juridique, la Suisse pourrait exiger l’interdiction d'entrée dans l'UE pour Kaloev. Et les autorités municipales de la ville d’ Uberlingen ne pouvaient pas ignorer toutes les circonstances concernant Kaloev. Elles auraient dû vérifier tout cela à l'Ambassade lors de l'examen de la demande du visa.
L'autre aspect est éthique. Kaloev a perdu dans le crash toute sa famille. Et ce sont les autorités suisses et notamment la compagnie Skyguide, qui ont pendant longtemps refusé de s’excuser, sans parler du fait de prendre la responsabilité de la tragédie, rappelle Ksenia Kaspari, journaliste de La Voix de la Russie et l’auteur d’un nouveau livre sur Vitali Kaloev.
« Les autorités suisses ont pris contact avec Kaloev, pendant l’enquête qu’elles menaient. Immédiatement après l'accident, les Suisses ont refusé de reconnaître leur faute et ne voulaient même pas s’excuser. Et ce n’est qu’après que Vitali ait fait ce qu'il a fait, que les autorités se sont excusées. Et Kaloev a tué le contrôleur tout simplement parce qu’il lui semblait que les autorités suisses ne prenaient aucune mesure, et Skyguide ne présente pas ses excuses, ne cherchant même pas à coopérer à l’enquête. Lorsqu’il a été jugé et s’est retrouvé en prison, Vitali Kaloev a reçu une lettre avec des excuses officielles de la compagnie Skyguide, signée par Alan Rossier. Mais cela s’est produit après qu’il ait tué le contrôleur aérien, deux ans après la catastrophe aérienne. C’est également à ce moment que les autorités de la Suisse se sont pour la première fois excusées devant les autorités de la Fédération de Russie ».
La catastrophe au-dessus du lac de Constance s’est produite dans la luit du 1e au 2 juillet 2002. Les enfants russes qui se trouvaient dans l’avion, se dirigeaient en Espagne pour les vacances. L'enquête conclut qu’une erreur du contrôleur aérien de la compagnie suisse Skyguide est bien à l’origine de la catastrophe. Le contrôleur a vu trop tard une situation dangereuse, et l’un des pilotes a entrepris de son propre chef une manœuvre très dangereuse. Les employés de Skyguide s’en sont sortis avec des peines avec sursis et des amendes.
