Pussy Riot ou la société russe divisée en deux

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Le juge du tribunal moscovite de Khamovniki a satisfait la demande du Procureur d’interdire la transmission en direct de l'interrogatoire des témoins pendant le procès des chanteuses du groupe punk Pussy Riot. Cette demande de l’accusation est motivée par le fait que le procès a provoqué une scission au sein de la société russe.

Les Russes se sont en effet divisés en deux groupes. Les excuses que les jeunes filles ont présentées aux croyants, vexés par leur prière punk dans la plus grande cathédrale du pays n’ont pas calmé les esprits. Ainsi, l'archiprêtre Vsevolod Chapline a déclaré dans une interview accordée récemment au journal britannique The Guardian, que les excuses n’ont rien changé.

Parmi les Russes, de moins en moins nombreux sont ceux qui restent indifférents par rapport à ce procès. Selon l’enquête de l’Institut de sondage Levada-center, menée avant les auditions au tribunal, le nombre de personnes qui n’ont jamais entendu parler de « l’affaire Pussy Riot » s’est réduit par deux au cours ce dernier mois, atteignant 21 % des interrogés. Cette décision exceptionnelle pour la jurisprudence russe d’assurer une retransmission du procès en direct s’explique avant tout par une résonance qu’il a provoquée dans la société.

Actuellement, les jeunes filles de Pussy Riot sont accusées de voyoutisme. Si elles sont reconnues coupables, elles risqueront jusqu’à 7 ans de prison. Cependant, peu nombreux sont ceux qui estiment, que les jeunes filles seront jugées pour ce crime. 32 % pensent que les membres du groupe Pussy Riot seront condamnées pour insulte aux reliques sacrées et aux sentiments des croyants, tandis que près de 13 % sont persuadés que le tribunal les condamnera pour des appels à la démission de Vladimir Poutine. 6 % considèrent que les chanteuses seront condamnées pour les deux motifs à la fois.

Les orthodoxes radicaux accusent les jeunes filles de blasphème et appellent la justice à les condamner sévèrement. La déclaration du Conseil suprême de l'Eglise orthodoxe russe datant d’avril dernier, appelle à la réunion des croyants pour la lutte contre les « forces anticléricales ». Dans le même temps, le nombre d’opposants à des peines sévères à l’encontre des chanteuses augmente. Seulement un tiers de Russes (46 % en mars) qualifient d’adéquate la peine, à laquelle les jeunes filles peuvent être condamnées par rapport aux actes ce qu’elles ont commis. 43 % (contre 35 % en mars) pensent qu’une condamnation à la peine de prison serait trop excessive, alors que 15 % sont opposés à une quelconque peine pour les Pussy Riot.

Immédiatement après la prière punk dans la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, les défenseurs des Droits de l’Homme et des membres de l’opposition se sont prononcés pour le soutien des chanteuses. La célèbre journaliste Ioulia Latynina a rappelé en mars que l’Eglise orthodoxe russe ne suit pas les préceptes évangéliques du pardon. Latynina a ajouté qu’elle ne doute pas du fait que l’affaire est instruite sur l'ordre personnel de Vladimir Poutine.

Des célébrités russes des milieux différents ont également apporté leur soutien aux chanteuses, protestant contre le procès. 203 représentants des milieux artistiques différents et de « l'intelligentsia », dont l'écrivain Boris Strougatski, actrice et militante Tchoulpan Khamatova, ainsi que le musicien Andreï Makarevitch, ont signé une lettre ouverte demandant la libération des membres du groupe Pussy Riot. Plus récemment, leur position a été soutenue par le représentant du parti au pouvoir Russie Unie Valery Fedotov.

Une lettre ouverte a été également publiée par des écrivains orthodoxes, mais cette fois en soutien du procès. Parmi les signataires se trouvent Valentin Raspoutine et Valery Khatiouchine.

Malgré les prévisions du galeriste Marat Guelman, l'attitude des Russes envers l’Eglise orthodoxe n’a pas beaucoup changé. Guelman a déclaré que les poursuites judiciaires contre la prière punk vont provoquer une hausse des sentiments anticléricaux dans le pays et susciter une perception plus critique des actions des membres de l’Eglise orthodoxe. Toutefois, selon l’enquête du Levada-center, environ 70 % des personnes interrogées affirment que leur attitude à l'égard de l'église n'a pas changé. Seulement 5 % ont affirmé qu’ils ont été déçus par la position de l’Eglise dans ce procès. 30 % des répondants croient toutefois que l'Eglise orthodoxe russe doit faire preuve de charité chrétienne, et se tourner vers les autorités judiciaires pour libérer les membres de Pussy Riot. /L

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