Arctique : élargir le plateau continental russe

© Photo : RIA NovostiArctique : élargir le plateau continental russe
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La Russie va déposer à l’ONU une demande rénovée visant à élargir le plateau continental russe en Arctique. Les géologues ont réussi à prouver que la dorsale Mendeleïev située dans la partie centrale de l’Océan Glacial Arctique, était un prolongement du continent eurasiatique. Cela signifie que le territoire du plateau continental russe peut atteindre le Pôle Nord. Mikhaïl Chkatov, directeur général de la société russe SevMorGuéo, a parlé à La Voix de la Russie de la découverte faite par l’expédition « Arctique 2012 » et des subtilités de la délimitation territoriale en Arctique.

Ces projets sont développés depuis dix dernières années. Il existe un programme de justification de la frontière extérieure du plateau continental auquel participe le ministère de la Défense, le ministère des Ressources naturelles et l’agence fédérale des Ressources naturelles. Dans ce domaine-là les Etats coopèrent dans le cadre des activités menées par la commission du plateau continental des Nations unies. Il y a des programmes internationaux de cartographie du bassin arctique. Nous coopérons avec la Norvège, le Canada et les Etats-Unis dans le cadre du Conseil arctique. Le 5 ou le 7 novembre prochain un groupe de nos géologues va aux Etats-Unis où aura lieu une importante rencontre des géologues des différents pays, qui sera consacrée aux problèmes de l’Arctique. Ce mécanisme este ultra-compliqué. Pour la première fois en Arctique sous ces latitudes nous avons obtenu des résultats d’une exploration séismique profonde.

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est la zone de souveraineté de 200 miles en Arctique ?

Il n’y a qu’une zone qui ne fait pas l’objet de contestations, c’est la zone de 12 miles de mer territoriale. Tout ce qui est au-delà de ces douze miles se retrouvent dans la zone des différents types d’activités de l’Etat. C’est le cas de ce qu’on appelle la zone économique de 200 miles de largeur dans laquelle l’Etat peut mener certains activités sur son plateau continental : exploiter les ressources naturelles, mener les recherches maritimes – en conformité avec la Convention de 1982 de l’ONU (cette convention n’est signée par aucun Etat de la région arctique sauf les Etats-Unis – NDLR). Les recherches maritimes dans la zone économique peuvent d’ailleurs être menées par d’autre Etats. Mais le plateau continental, c’est autre chose. Il peut sortir de cette zone de 200 miles. Il y a cependant une limitation : le plateau continental ne peut s’étendre au-delà de la zone de 350 miles.

Si on réussit à prouver que la dorsale Mendeleïev est un prolongement naturel du plateau continental russe, on pourra, par exemple, prendre l’isobathe de 2 500 mètres pour déterminer le territoire de notre plateau continental. En s’y basant on pourra prétendre à un territoire de près de 1,2 million km2 . Soit presque jusqu’au Pôle Nord.

Est-ce que la dorsale Mendeleïev a des gisements qui risquent de devenir un objet de litiges avec nos voisins ?

L’Arctique est très riche en ressources naturelles. Elle recèle un quart de ressources en pétrole et en gaz de tout l’Océan mondial. Elle est riche en or et en d’autres ressources, il y a beaucoup d’étain. Au nord de l’Atlantique de nombreux gisements sont épuisés. Et maintenant ce sont les principales ressources, avant tout les ressources vivantes, les ressources biologiques qu’on espère trouver en Arctique. Evidemment, ce n’est pas la seule Amérique qui y a ses intérêts mais aussi la Chine, le Japon et beaucoup d’autres Etats qui souhaitent y faire la pêche et exploiter les ressources naturelles dans les eaux internationaux.

Qu’en pensez-vous, est-ce que la question de délimitation des frontières sera vite résolue ?

Ce problème risque de ne pas être résolu pendant encore plusieurs dizaines d’années. Mais l’approche doit être seule et unique. Il faut continuer les recherches, justifier sa position et négocier. Dès qu’on arrête à travailler activement sur l’élargissement du plateau continental, c’en sera fini pour nous.

Quelles sont les activités menées par la Russie sur le plateau continental et dans sa zone économique ?

Très brièvement. La Russie est un acteur économique actif en Arctique. Avant tout on y exploite des gisements de pétrole et de gaz en étant les premiers de la région dans ce domaine. La chasse est pratiquée sur tout le territoire de notre nord. Presqu’un tiers de notre population habite dans ces régions de permafrost discontinu. Il est donc nécessaire d’y fournir le carburant et les produits d’alimentation. Nos volumes d’exploitation des gisements y sont très importants.

On sait que les Chinois qui n’ont pas l’accès direct à l’Arctique, sont en train de construire leur deuxième brise-glace. Les Coréens et les Japonais construisent eux aussi des brise-glaces. Qu’est-ce qu’ils veulent trouver là-bas ?

L’Arctique est considéré par tous les Etats du monde comme une région où l’on peut appliquer les technologies maritimes, les techniques d’exploitation les plus modernes. Ces Etats veulent avoir des connaissances non seulement sur leur région mais plus globalement sur la Terre. Il y a donc deux grands axes : recherches sur la structure de la Terre, l’évolution et les lois de celle-ci et recherches technologiques. Ces Etats souhaitent participer d’une façon ou d’une autre à des projets pétroliers ou gaziers, en groupe ou individuellement. C’est pour cela qu’ils construisent des brise-glaces et testent des techniques d’exploitation. Les Japonais, les Allemands, toutes les grandes puissances qui veulent une présence active sur les marchés mondiaux, ont besoin de ces connaissances et recherches.

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