Le MAE un outil juridique dangereux contre les droits fondamentaux ?

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Alors que nous voyons que le Mandat d'arrêt européen (MAE) est de plus en plus employé de manière très inquiétante dans des domaines en dehors de son cadre juridique initial, pour arrêter des citoyens au sein de l'Union européenne, comme dans le cas de non-paiement de pensions alimentaires, dans des cas de dissidence politique ou dans des cas qui ont déjà été jugés, Catherine Grèze, Eurodéputée du Sud-Ouest de Europe Écologie Les Verts, qui interpelle en urgence la Commission européenne sur l'emploi abusif du Mandat d'arrêt européen (MAE)http://catherinegreze.eu/blog/?p=3460 envers Aurore Martin, donne sa position dans un entretien.

C'est quoi le contexte du MAE ?

« Tout d'abord, je dois dire que le MAE est quelque chose de nécessaire et d'utile. C'est le premier point. Il a été créé à la suite des attentats du 11 septembre avec la lutte contre le terrorisme pour faciliter les extraditions entre États. C'est la coopération judiciaire entre les pays ».

Sur quel aspect du MAE êtes-vous donc critique alors ?

« Il y a deux choses. Je me place sur le terrain politique. On a un Mandat d'arrêt européen qui a été signé, il y a deux ans contre Aurore Martin. Je le conteste. On a le code de procédure pénale, le code 695 où un État ne peut pas donner suite à un MAE si la personne est poursuite pour ses opinions politiques. Dans le cas d'Aurore Martin, il est question d'opinions politiques. C'est une question de liberté d'expression. On détourne le MAE de ses vrais objectifs. On arrive à un autre objectif qui est contraire à l’État de droit».

Marche-t-on sur la tête avec de MAE ?

« Le contexte aujourd'hui au Pays basque est différent. Il y a deux ans, on était encore dans un contexte où il n'y avait pas une expression non violente reconnue au cours des élections. Aujourd'hui, on a la participation de Sortu et de Bildu. La coalition de Bildu, qui exprime un indépendantiste basque, permet de voir la possibilité d'une voie politique non violente. Avec ce (MAE), on marche sur la tête. C'est aller contre le processus de paix entamé. On est à un moment historique qui est la question de la paix au Pays basque. Le Pays basque est le dernier conflit pas totalement réglé en Europe. On est trop fort pour donner des leçons au monde entier, mais chez nous on a des choses à régler. Cette paix ne peut passer que par la paix au Pays basque».

Comment réagissent les politiques au Pays basque ?

« A Bayonne, on assiste à une levée de boucliers qui se traduit par une alliance qui va du NPA à l'UMP. Les élus sont unanimes pour condamner cette extradition. On a eu un acte stupide de notre gouvernement. C'est une méconnaissance du dossier sur place. C'est grave car on a un gros espoir au Pays basque. On condamne quelqu'un pour des faits qui sont légaux chez nous. On a un nivellement des libertés par le bas».

L'arrestation d'Aurore Martin un signe négatif pour la paix ?

« L'ETA a annoncé la fin de la lutte armée. Kofi Annan était là pour la conférence internationale en 2011. Une feuille de route en cinq étapes pour renoncer à la lutte armée a été négociée. Les gouvernements français et espagnols doivent agir dans ce sens et l'arrestation d'Aurore Martin est un signal négatif».

Est-ce une provocation politique ?

« Je ne sais pas si c'est une méconnaissance ou de la bêtise..»

Vous croyez à la naïveté du gouvernement ?

« Je n'y crois que très moyennement car Manuel Valls est intervenu juste avant l'arrestation d'Aurore Martin très négativement sur l'avenir de la collectivité territoriale au Pays basque. Ça ne serait pas un hasard».

Le mouvement d'indépendance se développe ?

« En Catalogne côté espagnol, j'ai des amis qui n'auraient jamais voulu l'indépendance il y a 15 ans. A force d'avoir un État qui est obtus et qui ne laisse pas les gens s'exprimer dans leur langue, on pousse les gens aux extrémismes. C'est pas très intelligent d'avoir fermé la porte».

Comment est l'ambiance auprès de la population ?

« Les militants non violents comme les militants écologistes sont atterrés. Ils veulent croire que le processus de paix ne sera pas remis en cause».

L'emploi du MAE en France peut menacer l'activité citoyenne ?

« Oui, c'est fou. C'est la porte ouverte à la restriction de nos droits fondamentaux. Là, cet outil est détourné et c'est inquiétant que ça soit mis en place par un gouvernement socialiste».

Une mesure fasciste ?

« Non, je ne dirais pas ça, c'est aller trop loin. Il y a une grande part de méconnaissance du dossier».

Vous le pensez réellement ?

« Les médias ne font pas leur travail d'information sur les faits. On parle très peu du Pays basque. Qui sait qu'on a 800 prisonniers politiques dans le Pays basque ?».

Qu'est-ce qui mettra un terme au problème basque ?

« Aujourd'hui on a des moyens pacifiques pour régler le problème basque. On parle de ça avec nos collègues d'Irlande. La solution est d'avoir une volonté politique».

Manuel Valls à la solde de Madrid ?

« Ah, non vous ne pouvez pas me faire dire ça ! Manuel Valls ouvre une porte à la restriction de nos libertés fondamentales. Ce qui est déjà énorme ! Il n'use pas de son pouvoir politique pour appuyer le processus de paix !».

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