Comment en France, l’Aide Sociale à l’Enfance détruit des familles : interview

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Xavier Collet, 45 ans, s’exprime dans cet entretien au nom du CEDIF (Comité Élargi de Défense de l’Individu et des Familles), une association fondée en 2010 pour défendre l’institution familiale en France.

Le CEDIF explique que « le mariage pour tous déconstruit la famille conçue comme un modèle patriarcal. Que la guerre des sexes avec une défense exclusive des mères ou des pères est instrumentalisée par l’État au détriment de l’institution familiale. Que la loi Taubira ne porte pas tant sur le mariage homosexuel. Que ce projet au nom du tout État est un projet de destruction de l'institution familiale ». Au final, le CEDIF affirme que l’État agit par l'ASE, l'Aide Sociale à l’Enfance, anciennement la DDASS, « sur le contrôle social de la population ». Nous avons aussi voulu donner la parole à l'ASE par le biais de François Coen, conseiller pour la communication et la presse auprès de Dominique Bertinotti, Ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille, car les régions de France en charge de l'ASE se déclare incompétentes pour parler de la position du CEDIF. A notre grand étonnement, François Coen n'a pas répondu rapidement à notre demande, laissant dire par son secrétariat qu'il est en déplacement.


La Voix de la Russie : Quand la DDASS s’est-elle transformée en ASE ? En quoi y a-t-il un changement ?

Les missions de la DDASS ont été redéfinies afin de décentraliser le suivi de l’enfance en danger au niveau des départements. Ceci a donné lieu à la création d’une nouvelle structure départementale improprement baptisée « Aide Sociale à l’Enfance » (ASE).

Sur le papier, le changement réside donc dans le pilotage de cette structure. Mais fondamentalement, il faut bien dire que le rôle de l’ASE s’est élargi avec un développement des « aides à la parentalité ». C’est toute la société française qui tombe dans ce piège de l’Etat Providence qui pousse individu et famille à renoncer à leurs prérogatives les plus sacrées. Les exactions de l’ASE sont donc un véritable marqueur sociologique puisque les familles sont désormais sous tutelle.

LVdlR : Qu'apporte et d'où vient la réforme majeure de la protection de l’enfance réalisée en 2007 ?

La réforme de la protection de l’enfance à travers la loi du 5 mars 2007 énonce un certain nombre de principes au nom du bien de l’enfant. Certes, dans le détail, il y aurait beaucoup à redire. Cependant, ces principes mêmes restent non effectifs.

Le juge des enfants Michel Huyette a d’ailleurs écrit pour dire de ce qu’il pense de l’application de la loi dans le domaine qui nous intéresse, je le cite : « … dans aucune autre juridiction, le droit n’est autant malmené que dans les procédures de protection de l’enfance conduites dans les tribunaux pour enfants.»

La pratique en matière de protection de l’enfance ne suit pas la lettre de la loi : voila qui pose un problème quant à l’état de droit dans ce pays. En terme de procédure, la justice des mineurs ne permet toujours pas le respect du contradictoire.

Quant au rôle de l’ASE, il est effrayant. Les juges des enfants suivent en général leurs rapports, les éducateurs deviennent des sortes de juges d’instruction à charge qui pourront bénéficier des mesures ordonnées.

Comprenons que dans la profession hyper-syndicalisée des travailleurs sociaux, le maintien des budgets et des créations de poste dépend des décisions des juges.

LVdlR : Pour la France, vous prenez le cas de la famille Delvarre où vous dites que l'ASE aurait agi dans ce dossier sans tenir compte des décisions de justice, que les psychologues de l'ASE jusqu'à la directrice auraient décidé au-delà de leur pouvoir pour empêcher l'enfant de retrouver son père. Pouvez-vous réellement dire que l'ASE fonctionne de cette manière sur toute la France ?

Dans le cas de la famille Delvarre comme dans bien d’autres, même les quelques droits de visites accordés ne sont pas honorés. Pour des motifs divers et variés, les parents qui ne vont pas dans le sens des sérvices sociaux sont massacrés dans des rapports et font l’objet d’atteintes à leur autorité parentale y compris dans le cadre des placements. Les mesures prises sont alors reconduites et l’enfant connaît le placement sans pouvoir en sortir.

Certes, l’ASE pourrait avoir une utilité sociale à condition d’intervenir véritablement dans des cas de maltraitance, mais on reconnaît l’arbre à ses fruits et je me tiens à votre disposition pour vous faire le récit d’affaires dans lesquelles l’ASE a détruit des familles, sacrifié des enfants. On pourrait évoquer de véritables rapts légalisés dans nombre de situations.

LVdlR : Vos dires rappellent le contenu de l'association CEED qui dénonce depuis plusieurs années les enlèvements d'enfants pratiqués en Allemagne mettant en cause le Jugendamt. Voulez-vous dire que l'ASE est l'enfant du Jugendamt ?

Les atteintes sont pareillement réalisées avec une présomption de maltraitance contre les familles et une conception selon laquelle l’enfant appartient à l’État avant d’être le membre de la cellule familiale.

Mais pour ce que nous savons du Jugendamt à travers l’expérience de nos ressortissants, nous pouvons constater que le parent français sait d’avance que le Jugendamt favorisera le parent allemand et que son autorité parentale sera vidée de son contenu. Qu’en conséquence, le seul droit du parent français sera le droit du singe, celui de rencontrer son enfant à l’étranger en face d’une assistante sociale du cru. Un droit qu’il faut toujours refuser.

Le Jugendamt agit aussi de la sorte pour faire face à la situation démographique catastrophique de l’Allemagne. Il est imité en cela par les bureaux des tutelles en Suisse dont celui de Zürich a été mis en cause pour un enlèvement international d’enfant. Ces situations sont scandaleuses et ces parents ne sont pas soutenus par les autorités françaises qui acceptent et entérinent ces situations. Je crois d’ailleurs que vous avez parlé de l’affaire Gilberti qui illustre cet état de fait...

LVdlR : L'ASE, une norme européenne voulue par qui et pour quels objectifs ?

Une norme européenne, nous ne l’espérons pas. Le vice-président de notre association, Boris Tanusheff, travaille d’ailleurs avec des associations bulgares pour que les réformes en Bulgarie en matière de protection de l’enfance ne copient pas le modèle ASE.

Aller dans le sens d’un tel modèle est attentatoire au principe de subsidiarité à la base de toute démocratie libérale. La première de nos institutions est la famille, en la détruisant, on priverait l’individu, qu’il soit adulte ou enfant, de ses repères et de son lieu de solidarité naturel. Sans la famille, nous sommes nus et dépendant du seul bon vouloir de l’État. /N

 

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