« Cette manière irresponsable de présenter les faits peut avoir des répercussions considérables sur la vie de millions de Roms et alimenter des mouvements violents hostiles aux Roms. Bien que les Roms ne soient pas plus enclins à la criminalité qu’un autre groupe, l’insistance avec laquelle les médias mentionnent l’origine ethnique dans les actualités entretient le mythe selon lequel les Roms seraient criminels par nature. Cela n’est pas seulement faux, c’est aussi dangereux, car cela risque d’attiser encore les tensions entre les Roms et la population majoritaire, dans toute l’Europe.
La diffusion de cette image négative entrave également les efforts d’intégration : comment pouvons-nous attendre des Roms qu’ils s’intègrent dans nos sociétés si les médias ne manquent pas une occasion de leur rappeler qu’ils sont indésirables ?
J’appelle les journalistes qui couvrent ces affaires à prendre du recul et à se demander s’il était vraiment nécessaire de préciser l’origine ethnique, si l’intérêt supérieur de l’enfant, notamment son droit au respect de sa vie privée, a été pris en compte, et si la présomption d’innocence a été respectée.
L’expérience nous montre que la diabolisation d’un groupe de personnes dans les médias peut avoir des conséquences politiques et sociétales catastrophiques. Il est nécessaire que les médias usent de manière plus responsable de leur pouvoir d’influence sur l’opinion publique lorsqu’ils traitent des minorités en général et des Roms en particulier. »
Lettre de Nils Muižnieks sur le site du Conseil de l'Europe