Bientôt une guerre sanglante en Europe ?

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L'historien Eric Hobsbawm, d'origine autrichienne et britannique, décédé à Londres en octobre 2012 à 95 ans et Egon Bahr, l'éminence grise du SPD, 91 ans, vivant en Allemagne, ont évoqué à 4 ans d'intervalle la forte possibilité d'une guerre en Europe, une pensée également partagée par de nombreux lecteurs.

Avons-nous deux experts séniles, l'un souhaitant ne pas aller seul dans la tombe et l'autre un illuminé avide d'un coup publicitaire juste avant la nouvelle année 2014 ? Qu'on ne s’y trompe pas. La publicité n'intéresse pas ces deux hommes, surtout pas celui qui est parti. Leur âge, selon le concept platonicien, les a placés au rang de sages. Ces hommes ont utilisé leur savoir, leur vécu accumulé au fil de l'Histoire, leur capacité à prendre de la distance, pour parler. Le non-dit habituel de nos responsables politiques est brisé. Les hommes de terrain ont la parole.

Eric Hobsbawm a parlé dans un long entretien accordé au Stern en 2009 d'une guerre sanglante en Europe. Egon Bahr, journaliste politique avant de devenir l'éminence grise du SPD, réputé pour sa diplomatie et le choix des mots, fut le conseiller du chancelier Willy Brandt, SPD, et le théoricien de la politique de rapprochement de l'Allemagne fédérale à l'Est (Ostpolitik). Egon Bahr a évoqué au début du mois de décembre 2013 devant des lycéens médusés l'imminence d'une guerre.

L'historien. Eric Hobsbawm, devenu marxiste « à cause de la grande dépression des années 30 à Berlin», comme il le disait, a connu la fin de plusieurs systèmes et surtout la chute de la République de Weimar, l'anéantissement du nazisme, la fin de la RDA, la chute du communisme. Eric Hobsbawm s'attendait à la chute du capitalisme, quitte à irriter d'aucuns à l'évocation de ce terme du registre de Karl Marx. « En tant qu'historien, je sais qu'il n'existe pas de solutions durables. Le capitalisme, aussi, même si il apparaît comme immortel dans la tête des gens, va aussi disparaître ». Eric Hobsbawm a observé avec la montée du chômage et de la pauvreté une similitude entre son époque d'avant guerre et la nôtre. « Alors que j'étais encore à l'école à Berlin, j'ai vécu les combats de rue et je sais ce que cela signifie quand le chômage dévore la société. C'est comme une maladie qui brise l'âme et pourrit le corps. La peur rampe à travers le corps de la petite bourgeoisie. Dans les années 30 je savais que nous nous trouvions sur un Titanic et que nous allions heurter bientôt l'iceberg. La seule chose qui resta incertaine fut de savoir ce qu'il se passerait quand cela arriverait ». Pour Eric Hobsbawm, le 15 décembre 2008, le jour de la faillite de la banque Lehman, va plus changer le monde que l'effondrement des tours du 11 septembre 2001. « Je n'ai jamais pu comprendre comment les mêmes idéologues, qui vantaient l'économie de marché avant la grande dépression, ont pu dominer, la fin des années 70, les années 80 et 90 du siècle dernier. Cette même idéologie a mené le monde, par la pauvreté, la misère, le chômage, à une catastrophe épouvantable. Les experts sont des ignares qui ferment les yeux devant la réalité. L'homme a une mémoire courte. Nous les historiens écrivons sur les crimes et la folie de l'humanité. Nous rappelons ce que l'homme veut oublier. »

Le politique. «L'arrivée d'Hitler signifie la guerre, avait dit mon père, et je ne l'avais pas cru», a lancé Egon Bahr, 91 ans, en parlant à la surprise de son auditoire durant 40 minutes de la guerre qui nous menace, au lieu de faire comme prévu son exposé sur Willy Brandt. Le journaliste Sebastien Riemer du Rhein-Neckar-Zeitung,témoin de la scène,a vu des lycéens qui avaient du mal à prendre au sérieux le vieux politicien mais qui n'osèrent pas consulter leurs smartphones. « Le plus grand danger de notre époque est internet. Nous refusons de le voir pour la première fois de l'Histoire et nous ne voulons pas imaginer qu'un tel outil puisse être utilisé pour faire la guerre », aurait notamment dit Egon Bahr selon le Rhein-Neckar-Zeitungen évoquant les dangers d'une guerre numérique. Vu l'expérience politique d'Egon Bahr, on peut se poser des questions sur le maigre témoignage du journaliste du Rhein-Neckar-Zeitungqui se limite à l'arrivée d'une « cyber war » (une demande d'entretien a été envoyée auprès Egon Bahr pour précisions) quand les voyants rouges sur la pauvreté en Allemagne ne cessent de s'allumer. Nous pouvons au moins constater qu'un imminent politicien s'est permis de prendre la parole librement pour sortir ce qu'il avait sur le cœur, quitte à penser que l'Histoire se répète car comme le jeune Egon Bahr en son temps, ces jeunes lycéens ne purent s'imaginer l'imminence d'une guerre en Europe. Des jeunes lycéens qui pourraient dire un jour : « L'arrivée d'Internet signifie la guerre avait dit Egon Bahr et je ne l'avais pas cru ». La rencontre se déroulait à Heidelberg dans la fondation Friedrich Ebert, du nom du premier Reichskanzler d'après guerre 14-18, tout un symbole pour le vieil homme.

Situation sérieuse. Der paritätische Gesamtverband, association d'aides au plus démunis, a donné deux conférences de presse importantes où on apprend le 6 décembre dernier que 100 000 personnes sont sans assurance maladie en Allemagne et le 19 décembre 2013, qu'un nouveau record de pauvreté est passé de 14 % en 2006 à 15,2% en 2012. Il est à noter que cette organisation caritative dénonce la fausse étude publiée en mars 2013 par le gouvernement fédéral sous la houlette de Ursula von der Leyen (actuelle ministre de la Défense !), étude à laquelle nous avions à juste titre réservé un article pointant une mascarade où Ursula von der Leyen, alors ministre du Travail et des Affaires sociales, avait déclaré que « les données actuelles montrent une évolution positive de la vie en Allemagne ».Les études et analyses de terrain du Der paritätische Gesamtverband rejoignent hélas les analyses d'Eric Hobsbawm. N

 

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que la responsabilité de l'auteur

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