Gérer sans risques les combustibles nucléaires usés

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Le groupe Rosatom s'occupera du démantèlement des navires de stockage des matières radioactives ayant épuisé leur ressource et mis hors service de la marine de guerre russe. A l'époque de l'URSS ces navires ont été tout simplement coulés. La Russie va pour la première fois procéder à leur démantèlement : quatre navires de la Flotte du Nord mis hors service seront démantelés après 2017. Le démantèlement de navires civils a déjà commencé.

La marine de guerre s'est dotée de navires de stockage des combustibles nucléaires utilisés dans les années 1960 alors qu'on a commencé à récupérer le combustible irradié provenant des réacteurs nucléaires des premiers sous-marins nucléaires soviétiques et du brise-glace Lénine. La région principale où sont stationnés ces navires est le Nord, où la plupart des sous-marins et des navires de surface à propulsion nucléaire étaient exploités. En fin de compte ces entrepôts flottants, une fois leur mission accomplie, sont devenus une des principales menaces pour l'écologie de la région polaire.

Le navire Lepse, base flottante d'entrepôt des éléments irradiés, est un des exemples les mieux connus. Construit en 1941, ce cargo est devenu le premier navire de service de la flotille atomique : en 1961, le Lepse a été aménagé pour récupérer les combustibles irradiés. En 20 ans, il a effectué 14 missions de récupération des combustibles provenant des réacteurs des brise-glace Lénine, Arktika et Sibir. Les combustibles usés étaient transférés sur des navires de stockage. Pourtant, dès les années 1960, le navire a accueilli à son bord des produits usés défectueux depuis le brise-glace Lénine ce qui a provoqué une forte hausse du taux de radioactivité dans le compartiment où ils étaient stockés et dans les compartiments voisins. Ces produits ne pouvaient plus être déchargés. En 1981, le Lepse a été transformé en navire de stockage du combustible nucléaire usé et des déchets radioactifs liquides.

Un autre accident a eu lieu en 1984, lorsque le déversement des déchets radiocatifs liquides pendant une tempête a conduit à la contamination de la plupart des compartiments du Lepse. Il a été décidé de mettre le navire hors service. Cependant, ce processus s'est éternisé pendant près de 30 ans : à l'époque, les technologies de démantèlement dans des conditions de sûreté n'existaient pas. Au total 260 kg d'uranium U-235, 156 kg de produits fissibles et 8 kg de plutonium Pu-239 y sont stockés. Le Lepse en tant que cas le plus compliqué sera la première base flottante de stockage des matières radioactives à démanteler.

En décembre 2013, après des travaux préparatoires, le navire a été transféré au chantier naval Nerpa où il sera débarassé des superstructures avant le démantèlement définitif. Les compartiments contaminés seront recouverts de gaines spéciales, découpées en blocs transportables, placées dans des conteneurs-sarcophages et envoyées au système de retraitement Mayak dans la région de Tcheliabinsk pour une conservation durable.

En général, l'enfouissement des déchets radioactifs n'est pas un problème très complexe : dans le cas du Lepse et d'autres navires du même genre, le fait que les travaux s'éternisent était essentiellement lié au défaut de financement et aux problèmes d'infrastructure et de personnel propres aux années 1990-2000. La situation a changé : les délais du démantèlement des bases flottantes de stockage des déchets radioactifs ont été fixés et les moyens financiers débloqués. Le remplacement de ces navires est une tâche non moins importante. En 2011, le cargo spécialisé Rossita destiné à la récupération et au transport du combustible usé et des éléments radioactifs provenant des sous-marins nucléaires a été livré à Atomflot. Atomflot qui fait partie de Rosatom a dorénavant la charge de récupérer et de stocker les combustibles usés provenant des navires à propulsion nucléaire aussi bien civils que militaires. Dans les décennies à venir, il y aura moins de travail : la plupart des sous-marins soviétiques ont été déjà démantelés. Quant aux sous-marins de génération nouvelle, ils seront moins nombreux et la durée de service de la zone active des réacteurs sera de 20-25 ans au lieu de 5-10 ans. Si l'on y ajoute le développement des technologies nouvelles de gestion du combustible usé dans des conditions de sûreté, cela permet de penser que « la crise écologique nucléaire » est surmontée.   N

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