Les étoiles à neutrons sont-elles solitaires ?

© AFP 2023 ESA/Hubble & NASALes étoiles à neutrons sont-elles solitaires ?
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Des étoiles à neutrons pourraient se trouver au centre de systèmes semblables au Système solaire. Des astronomes australiens affirment que des astéroïdes et peut-être des planètes tournent autour de l'une d'entre elles. Si c'est juste, cela voudrait dire qu'un système de planètes pourrait exister près de toute étoile.

Dans un article publié par la revue The Astrophysical Journal Letters, les astronomes australiens annoncent avoir constaté une perturbation des impulsions produites par une étoile à neutrons, autrement dit un pulsar.

Ces étoiles émettent un rayon étroit d'ondes radio, accompagnées parfois de rayons X et de lumière visible. Ce rayon tourne avec l'étoile et est périodiquement dirigé vers la Terre. Le signal produit est périodique et ses perturbations indiquent que quelque chose est arrivé à l'étoile. Les Australiens ont constaté des perturbations du signal d'un pulsar de la constellation de la Poupe observé avec des radiotélescopes. En 15 ans les paramètres des signaux se sont modifiés. Les astronomes en sont venus à la conclusion que l'étoile à neutrons était entourée d'astéroïdes. Selon eux, le puissant rayon qui tombe sur un astéroïde transforme ce dernier en plasma. Une couche de plasma enveloppe le pulsar d'un écran magnétique, freine sa révolution et exerce un impact sur la naissance du rayon.

Mais d’où viennent les astéroïdes? Car un pulsar, c'est ce qui reste après l'explosion d'une supernova. Les auteurs de la publication ont supposé qu'au bout d'un certain temps, une partie de la matière envolée de la supernova revenait et s'assemblait sous forme d'un disque entourant l'étoile à neutrons et que des astéroïdes et peut-être même des planètes se formaient à nouveau au sein du disque.

Alexandre Bagrov de l'Institut d'astronomie de l'Académie des sciences de Russie estime cependant que les perturbations des signaux peuvent avoir d'autres explications. Il note que le milieu interstellaire est plein d'objets vagabonds comme les noyaux de comètes.

« Chaque étoile de la galaxie a dans son sillage au moins un millier de corps de ce genre. Si le vagabond percute par hasard une étoile à neutrons, cela produira les phénomènes décrits par les astronomes australiens. La collision doit modifier la période de révolution de l'étoile. A mon avis, cette publication prouve que l'étoile a été percutée par un vagabond galactique et non pas par un astéroïde évoluant autour d'elle. »

Il existe cependant d'autres arguments en faveur de l'hypothèse des Australiens. Au moins un pulsar avec un disque a été découvert dans notre Galaxie. En 1992, deux objets ressemblant à des planètes ont été observés à proximité d'un autre. Vladimir Sourdine, chargé de cours à la faculté de physique à l'Université de Moscou raconte:

« Nous ne comprenons pas jusqu'à présent à partir de quelle matière ces planètes se sont formées: l'explosion devait tout faire voler en éclats. Aussi l'idée que des astéroïdes pouvaient rester à proximité du pulsar est-elle tout à fait saine. Le pulsar, lorsqu'il est jeune, est une puissante source de rayonnement radio et X. Son rayon peut croiser un astéroïde et l'évaporer en partie. Alors un nuage de plasma perturbe le rayonnement du pulsar et empêche le rayon de passer en direction de la Terre. L'idée est tout à fait normale et tout est bien sur le plan de la physique. Il faut, certes, tout étudier et tout vérifier, mais à première vue l'idée est raisonnable. »

Une autre chose n'est pas claire. Après l'explosion la supernova perd une grande partie de sa masse et, par conséquent, son champ gravitationnel s'affaiblit. Tout les corps qui tournaient autour d'elle (planètes, astéroïdes, comètes) devraient quitter les environs de l'étoile à neutrons nouvellement formée. Néanmoins, pour une raison inconnue, une partie de la matière projetée par l'explosion s'arrête et revient vers le pulsar en formant un disque. Les lois traditionnelles de la mécanique astrale sont incapables de l'expliquer, relève Vladimir Sourdine. Tout porte à croire que le phénomène est beaucoup plus compliqué que nous ne l'avons imaginé. T

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