Dans un arrêt définitif mais pas unanime - deux juges sur 17 ayant exprimé une opinion dissidente -, la CEDH a souligné que "la préservation des conditions du « vivre ensemble » était un objectif légitime" des autorités françaises.
Elle a admis que la France disposait à cet égard d'une "ample marge d'appréciation" et que la loi votée fin 2010 n'était pas contraire à la Convention européenne des droits de l'Homme.
La CEDH avait été saisie le jour de l'entrée en vigueur de cette loi controversée en avril 2011 par une jeune femme, avocate de profession. Elle assurait porter aussi bien la burqa - qui cache entièrement le corps, y compris les yeux derrière un tissu à mailles - que le niqab - qui couvre le visage pour n'en montrer que les yeux.
Dans sa requête, la requérante de 24 ans, restée anonyme, affirmait ne subir "aucune pression" familiale et accepter les contrôles d'identité, tout en voulant rester libre de porter le voile à sa guise.
Elle estimait contraire à sa liberté de religion cette loi qui stipule que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage", sous peine de 150 euros d'amende et/ou d'un stage de citoyenneté.
Relevant la légèreté des sanctions prévues, la CEDH a estimé l'interdiction "proportionnée au but poursuivi, à savoir la préservation du « vivre ensemble »".
La jeune requérante est "déçue par ce résultat", mais elle l'"accepte" et l'avait "anticipé", a confié son avocat, Me Ramby de Mello.
"Ce jugement appelle au vivre ensemble: sur le principe, c'est une bonne chose", a ajouté Me de Mello.
Porte-parole de l'association "Touche pas à ma Constitution" et partisan affiché du voile intégral, Rachid Nekkaz a affirmé de son côté que cet arrêt marquait "le début de la fin des libertés en Europe".