Le « ministère de la vérité » : un Tchernobyl dans l’espace médiatique ukrainien

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Kiev finalement reconnu qu’un accident s’est produit sur la centrale nucléaire de Zaporojie. La situation d’urgence est survenue le 28 novembre, mais les médias locaux ont reçu l’ordre de ne pas diffuser cette information le jour même. Désormais chaque mot des journalistes sera contrôlé par le ministère de la Politique d’information. La décision de créer ce ministère a été prise après la formation du nouveau gouvernement.

Un endommagement de la protection d’un transformateur a mis hors service le troisième bloc de la centrale de Zaporojie en Ukraine. Il s’agit de la plus grande centrale nucléaire en Europe, avec une capacité de 6000 MW. A titre de comparaison, la capacité de la centrale nucléaire de Tchernobyl, sur laquelle un accident s’est produit en 1986, atteint 4000 MW. Après la tragédie de Tchernobyl, une Convention internationale a été adoptée, en vertu de laquelle les pays doivent informer l’AIEA de tout incident qui se produit sur les sites nucléaires, surtout s’il présente un risque de contamination pour les pays voisins.

Mais Kiev a préféré dans un premier temps passer sous silence l’incident à la centrale nucléaire de Zaporojie. Des millions d’habitants de différentes régions d’Ukraine sont restés privés d’électricité et de chauffage dans leurs appartements, mais les médias n’ont pas parlé de ces faits. Car ils ont reçu l’ordre de la part du gouvernement ukrainien de ne rien dire. S’étant rendus compte qu’il n’y a pas eu de fuites de radioactivité dans l’atmosphère, et l’information sur les coupures d’électricité s’est infiltrée dans la presse étrangère, Kiev a finalement reconnu qu’une situation d’urgence s’est créée à la centrale.

Pour mieux contrôler le flux d’information dans les médias, les autorités de Kiev ont décidé de créer un ministère de la Politique d’information au sein du nouveau gouvernement. Ce ministère a pour objectif de former une bonne image de l’Ukraine et d’empêcher toute influence externe sur l’espace médiatique ukrainien. Les journalistes ont déjà surnommé la nouvelle institution « ministère de la vérité ».

« Le régime ukrainien poursuit sa politique barbare envers les citoyens des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk », commente Sergueï Jelezniak, chef du Comité de la Douma d’Etat en charge de la politique d’information. « Mais pour masquer les conséquences de cette politique, il doit entreprendre des mesures spéciales pour passer sous silence et déformer les informations. Kiev a apparemment décidé qu’un nouveau ministère doit être créé pour relever cette mission ».

Les chaînes de télévision russes ont été interdites en Ukraine après le renversement du régime de Ianoukovitch en février. Quant aux médias, dont les noms contenaient le nom « russe », ils se sont vus retirer leurs licences. Pour remplir le vide qui s’est créé dans l’espace médiatique ukrainien, les autorités ont décidé d’engager des phrases « soigneusement vérifiées » et des employés qui ont été « testés ».

« Ce ministère va évidemment limiter la liberté de parole et former en Ukraine un ordre particulier », analyse le directeur général du Centre d’information politique Alexeï Moukine. « Il est peu probable que le gouvernement va pouvoir résoudre à court terme les problèmes économiques et sociaux de la population. Mais il sera obligé de créer ainsi une image positive du pays ».

Les députés de la nouvelle Verkhovna Rada (parlement ukrainien) ont présenté récemment un projet interdisant le parti communiste, l’idéologie communiste et tous les symboles qui correspondent au parti communiste. Ainsi des drapeaux rouges et des livres sur Lénine font partie des attributs interdits en Ukraine. Mais en interprétant cela, les médias locaux expliqueront qu’il s’agit « d’une manifestation de la démocratie ». Sinon, leurs explications seront censurées par le nouveau « ministère de la vérité ». /N

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