En Turquie, le poste de recteur d’université a toujours été considéré comme une charge des plus significatives. Le fait est qu’en tant que dirigeant d’un établissement d’enseignement, le chancelier avait une influence considérable sur le système politique. Toutes les structures universitaires avaient la possibilité de prendre leur propre position, qui pouvait très bien être contraire à celle du régime au pouvoir.
Cependant, les universités turques sont sur le point de se voir privées de ce privilège. D’après un décret signé récemment par le président turc Recep Tayyip Erdogan, le système électoral des chanceliers va être supprimé. Désormais, c’est le président lui-même qui choisira la candidature convenable à ce poste.
L’innovation a suscité des critiques de la part de professeurs et d’étudiants partout dans le pays. Sputnik s’est entretenu avec la présidente de l’Association turque des conseils universitaires Ebru Aylar pour prendre connaissance des conséquences éventuelles de ce nouveau décret.
D’après elle, l’élection du recteur est devenue un spectacle depuis longtemps et cette dernière intervention du président dans le système de l’enseignement supérieure illustre sa puissance croissante.
« Il faut comprendre que cette intervention est un signal de la puissance croissante du président non seulement dans le domaine de l’enseignement supérieure, mais aussi dans tous les domaines de la vie du pays », a-t-elle déclaré.
Selon cette innovation, qui n'a pas encore été officiellement annoncée mais dont certains détails sont déjà connus, le Conseil de l'enseignement supérieur invitera des candidats au poste de recteur afin de vérifier s’ils sont liés à des activités terroristes ainsi que pour s’assurer de leur fiabilité en termes de services de renseignement. La liste des candidats dressée par l’Association sera ensuite soumise au président turc. Ce dernier peut désigner n’importe quel candidat de cette liste ou une autre personne qu’il jugerait plus appropriée pour le poste.
Ebru Aylar souligne que ce processus anéantit complètement l’indépendance des universités dans le pays.
« Aussi frustrant que cela puisse paraître, cette mesure marquera le début d’une nouvelle identité académique dans le milieu universitaire. Il n’y aura pas de place pour ceux qui expriment le point de vue de l’opposition. »
Cependant d’après elle, la communauté scientifique devra unir ses forces et protester contre ce nouveau système d’administration des universités.
Suivez Sputnik sur Telegram pour ne jamais manquer les actualités les plus importantes grâce à nos sélections du matin et du soir. Pour recevoir les actualités de notre chaîne, il suffit de télécharger l'application Telegram sur n'importe quel smartphone, tablette ou ordinateur puis cliquer sur le lien et appuyer sur « Join ».