Détente russo-québécoise: la poutine fait son apparition en Russie!

© AFP 2023 David BoilyPoutine (plat)
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Incroyable: le mets national québécois a fait son apparition en Russie! De fait, on peut maintenant déguster de la poutine à deux pas du Kremlin. Le Président russe se laissera-t-il tenter? Quelle est l’origine de ce plat? Et quel est son avenir en Russie?

On peut désormais manger de la poutine à Moscou et sans faute d'accord ni de majuscule, s'il vous plaît! Ce mets typiquement québécois est composé essentiellement de frites, d'un fromage en grains et de sauce brune. En passant d'un pays nordique à l'autre, il ne sera pas trop dépaysé.

L'an dernier, Masha Klimova et Alexeï Kolesov ont lancé leur première «poutinerie» à Moscou sous forme de camion-restaurant. Depuis, ils essaient de créer l'engouement autour de ce plat savoureux, mais ô combien riche en lipides! Depuis plusieurs mois, ils ont fait le tour des festivals culinaires pour tester leur produit auprès de la jeune clientèle russe. Une clientèle qu'ils décrivent comme «dynamique et ouverte aux nouvelles expériences».

Un couple russe qui voit grand

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Dans les prochains mois, le couple espère pouvoir ouvrir le premier vrai restaurant de poutine à Moscou. Un projet original qui ne manque pas d'ambition. Les deux Russes projettent même de fonder leur propre grande chaîne de restaurants aux accents québécois.
Il leur manque toutefois un ingrédient rarissime en Russie: le fameux fromage en grains qui fait «squish-squish». Les deux entrepreneurs seraient même prêts à s'associer avec un Québécois pour qu'il les aide à mettre la main sur ce petit trésor.

«Nous avons travaillé très fort pour adapter le mets à la clientèle russe en utilisant des produits locaux. Le principal problème, c'est le fromage en grains. C'est une sorte de fromage qui n'existe tout simplement pas en Russie. Aucun fromager ici n'a réussi à recréer ce fromage pour nous», a raconté Masha Klimova à la presse canadienne.

En fait, Mme Klimova et M. Kolesov sont parvenus à créer un fromage assez similaire au traditionnel fromage en grains du Québec. Mais ils souhaitent tout de même améliorer leur recette pour se rapprocher encore davantage du plat d'origine. Un plat qu'ils ne se privent toutefois pas d'adapter pour le public russe. Car si la poutine authentique demeure l'un de leurs meilleurs vendeurs, la «poutine Stroganov» fait aussi fureur.

La poutine Stroganov, un succès interculturel

Originaire de la ville de Saratov, au sud de Moscou, Masha Klimova croit que sa poutine Stroganov est une adaptation parfaite de la spécialité québécoise au marché russe. Du bœuf et des champignons dans une sauce à base de crème sure («sour cream» en anglais, une crème fraîche acidulée) en plus des frites et du fromage… Voilà de quoi épater un public en quête d'innovations gastronomiques!

Rejoint par Sputnik en pleine réception de son fromage, Laurent Proulx s'est dit très heureux de voir la poutine faire son apparition en Russie. M. Proulx est le propriétaire de plusieurs camions-restaurants qui offrent des poutines de grande qualité un peu partout au Québec. En 2017, la poutine de son entreprise, le Groupe canadien, a même remporté la Fourchette d'or, l'un des plus prestigieux prix remis aux meilleurs créateurs de poutine.

«Je me réjouis de l'exportation de la poutine dans le monde, parce qu'une poutine, c'est tout simplement bon. Moi, je ne suis pas dans le business de l'appropriation culturelle, au contraire, je suis pour les échanges culinaires. Si le hamburger a été exporté, pourquoi pas la poutine? Si je tombais sur un foodtruck qui fait de la poutine à Moscou, j'en aurais les larmes aux yeux», a confié M. Proulx à Sputnik.

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Pour Laurent Proulx, le secret de la poutine réside d'abord dans le fromage. «On peut faire une bonne poutine avec des frites de qualité ordinaire, mais l'inverse est impossible», pense-t-il. S'il avait un conseil à donner à Masha Klimova et Alexeï Kolesov, il leur dirait donc de miser davantage sur la qualité du fromage. Ce que le couple entend justement faire.

Le fromage, la clé du succès selon un expert

En ce qui concerne les poutines «interculturelles» comme la Stroganov, Laurent Proulx croit qu'elles sont intéressantes et souvent très bonnes. Cependant, l'expert met en garde contre la dénaturation du produit. «Il ne faut pas surcharger le plat d'ingrédients additionnels. Je conseille aux cuisiniers de ne pas mettre plus de 8 ou 9 ingrédients dans une assiette», a-t-il affirmé.

Sinon, le couple russe doit bien sûr composer avec le fait que le plat national québécois ait le même nom que le Président russe. Ce qui est une pure coïncidence. Au Québec, certains croient que le mot «poutine» vient du verbe anglais «put in» (mettre dedans).

À l'origine, des gens auraient demandé à ce que leur fromage soit mis dans la sauce et les frites. D'où l'expression «put-in» (poutine). Une hypothèse difficile à vérifier pour les historiens du coin. D'ailleurs, Laurent Proulx conteste cette hypothèse. Selon lui, la poutine a été inventée dans les années 1950 par un chef cuisinier surnommé «Ti-pout», ce qui aurait donné le nom «poutine» à son plat.

Mais un autre grand débat fait rage au Québec. Comme M. Proulx, certains prétendent que la poutine vient de Drummondville, alors que d'autres pensent qu'elle provient de Victoriaville. Un débat qui a même fini par créer une certaine tension entre les résidents des deux villes voisines… Vont-ils demander un arbitrage international, à la Russie, par exemple? 

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