Comment les femmes victimes de violences domestiques vivent-elles le confinement?

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Placé en vase clos, même un foyer idéal peut virer à la cage aux lions. Se sentant «une chose», en difficulté à se reconnaître victimes, bénéficiant du soutien policier ou pas: petit aperçu de la vie de femmes sujettes aux violences conjugales en période de confinement et du dispositif d'aide disponible.

À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, Emmanuel Macron a appelé les victimes de violences domestiques à ne pas rester muettes ni seules. Pourtant, «se dire victime» n'est pas si facile, confie Julie, habitant en Lozère, sur France Bleu. Tout comme quitter définitivement son compagnon.

«C’est dur de se dire victime et, en même temps, je ne me vois pas que comme ça, je suis aussi une combattante», raconte-t-elle, désormais accueillie dans le Centre d'information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF) de Lozère.

«Une fois, j’ai pris un coup de boule, j’avais des hématomes partout sur le visage et c’est peut-être là qu’il fallait partir», se souvient Julie, ajoutant que les volte-face de son ex-compagnon après chaque agression compliquaient la tâche.

En contact avec la police vs plaintes rejetées

La France se classe parmi les pays où les plaintes pour signaler des violences domestiques ont grimpé de 30%, selon les informations de l'Onu Femmes pour fin septembre, citées par Actu. Le pays partage ainsi le sort de Chypre (30%), Singapour (33%) ou l'Argentine (25%).

Les chiffres mentionnés par Christophe Castaner fin mars ont fait état d'une augmentation de 32% en zone gendarmerie et de 36% dans la zone de la préfecture de police de Paris. Ce en une seule semaine.

Pendant le premier confinement, la police est intervenue 22.000 fois de plus que la normale, soit cinq interventions par jour en moyenne, d'après les chiffres du ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Depuis l'introduction du reconfinement d’automne, la plateforme gouvernementale Arrêtons les violences a enregistré une hausse de 15% des signalements en ligne de violences sexuelles et sexistes.

De tous les âges, les femmes coincées avec leur agresseur ont vécu le confinement comme une époque noire. C'est pour ça que les victimes déjà identifiées, à Metz, ont été recontactées directement par la brigade de lutte contre les violences conjugales mise en place en janvier dernier, relate France Bleu.

D'autres ont tendance à ne plus placer d'espoir dans la justice, alors que leurs plaintes restent lettre morte ou, encore pire, une réponse de la police les plonge dans le désespoir:

Un gendarme «a dit que mon mari avait le droit de brûler la maison, même si j’y étais à l’intérieur», raconte une victime à Franceinfo.

«Il existe heureusement des officiers de police judiciaire (OPJ) qui sont à l'écoute et aptes à entendre la souffrance de ces femmes. Mais il y a encore des policiers qui refusent de prendre les plaintes», constate Céline Marcovici, avocate à la cour de Paris et présidente de l'association Avocats, Femmes et Violences, interrogée par Le Point.

Agressions psychologiques, puis physiques

«J’avais peur, j’étais devenue sa chose», se rappelle Solange (prénom modifié) sur Franceinfo. «Je suis sûre qu’il y a beaucoup de femmes qui vivent ce que j’ai vécu. Surtout avec ce confinement actuel. Moi, c’est quand il n’était pas là que je vivais. Et dès qu’il était dans la maison, c’était fini. Alors imaginez être confinée avec cette personne…»

Une fois que «les portes étaient fermées, c’était autre chose», même si l'on avait auparavant une vie parfaite, pointe-t-elle.

Les traits violents se manifestent plus rarement dès le début, affirme Pierre Fourel, le vice-président de l'association Horizons. Il s'agit souvent «de la violence morale. Et petit à petit commence à venir la violence physique», ajoute-t-il sur la même radio.

Où être aidé?

Comme l'a souligné le Président de la République, il faut sans hésitation alerter, dénoncer les cas de violences conjugales. Parmi les options, on peut se servir du numéro de téléphone gratuit et anonyme 3919, envoyer un SMS au 114 ou utiliser la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr.

L'association Prenons la Une invite à composer le 17 en cas d'urgence et danger de mort. En outre, l'association a lancé ce 25 novembre une plateforme d'aide aux journalistes victimes d'agressions sexuelles et sexistes au travail.

En mars, un dispositif permettant de dénoncer les faits de violences a été lancé dans les 22.000 pharmacies (guichets de signalement) ou encore des points d'information dans 40 centres commerciaux, selon RTL.

Mais ce n'est pas tout. Dans les grandes surfaces, la personne en vitrine s'avère être un gendarme. Sur les sites de e-commerce, dont celui de Carrefour, il existe un bouton «je signale» pour se connecter immédiatement «au portail de la gendarmerie des violences sexistes et sexuelles», a indiqué Amélie Oudéa-Castéra, directrice exécutive e-commerce de Carrefour, sur Europe 1.

Prise en charge des auteurs de violences

Un nouveau tournant dans le combat: le gouvernement envisage de mettre en place au moins 16 centres de prises en charge des agresseurs d’ici fin 2020 et autant l’an prochain, a annoncé la nouvelle ministre déléguée à l’Égalité, Élisabeth Moreno sur LCI.

Ce qui est prévu? Mme Moreno cite les stages de responsabilisation, l'aide psychologique et professionnelle sur la voie de la recherche d’un travail.

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