Russie: la cote de popularité de Poutine en chute (sondage)

© Sputnik . Alexeï Nikolski / Accéder à la base multimédiaLe président russe Vladimir Poutine
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Pour la première fois le crédit de confiance accordé par la population à Vladimir Poutine est passé sous le seuil des 50%, les gens sont fatigués d'espérer, écrit vendredi le quotidien Vedomosti citant les résultats du récent sondage du centre analytique Levada.

Pour la première fois le crédit de confiance accordé par la population à Vladimir Poutine est passé sous le seuil des 50%, les gens sont fatigués d'espérer, écrit vendredi le quotidien Vedomosti citant les résultats du récent sondage du centre analytique Levada.

 

La cote de popularité et de confiance du président Poutine ont brusquement chuté depuis son retour au Kremlin, comme le montre le dernier sondage du centre Levada (les 10-13 août 1.600 personnes ont été interrogées, avec une marge d'erreur de 3,4%). 48% des Russes jugent positivement les actions de Poutine, contre 25% d'opinions négatives. En mai, le rapport était de 60%-21%; pendant les deux premiers mandats de Poutine il était en moyenne de 65%-15% (et même de 80%-10% fin 2008). Jusqu'à présent, les indices les plus bas avaient été enregistrés en hiver 2005, pendant la monétisation des avantages: 55%-23%.

 

A la question concernant le soutien ou la désapprobation des actions de Poutine en tant que président, au cours des deux premiers mandats 60-65% donnaient une réponse positive, 77% à la fin de son deuxième mandat, 57% en mai 2012, et 52% aujourd'hui. La part des mécontents variait autour de 13-16%, de 10% en 2008, pour atteindre aujourd'hui 24%. Poutine avait déjà connu des périodes encore pires: en février 2005 le rapport était de 49% contre 25%.

 

Les deux premières questions ne concernaient que l'attitude envers Poutine en tant que président. La question suivante portant sur le niveau de confiance envers Poutine était posée indépendamment du poste occupé et a mis en évidence qu'aujourd'hui les sentiments sont pires qu'en hiver 2011-2012. 57% font plus ou moins confiance au dirigeant (dont seulement 10% complètement); ils étaient 63% en janvier, et 76-84% en 2008-2010 (dont 26-28% complètement). Le groupe de ceux qui ne lui font pas confiance a atteint 30%, sachant qu'ils étaient 12-16% en 2008-2010.

 

La population est fatiguée d'attendre une évolution positive de Poutine, déclarent 56% des interrogés (53% en février). Les Russes doutent que Poutine exerce un impact suffisamment fort sur la situation: aujourd'hui 53% parlent de son influence forte et très forte, contre 66% en mai, après son retour au Kremlin, et 76% en avril 2008, après son départ du Kremlin.

 

La baisse de la confiance accordée à Poutine et au gouvernement, sa délégitimisation a commencé après la crise de 2008 quant il est devenu évident fin 2011 qu'il n'y aurait plus d'amélioration par rapport au niveau de vie des années antérieurуs, constate Lev Goudkov, directeur du centre Levada: la hausse électorale de la cote de popularité n'a donné qu'un effet éphémère.

 

D'autres études montrent que la part des partisans de Poutine a chuté de 47-49% en 2008 à 22%, poursuit Goudkov, et est devenue égale à celle de ses adversaires; et l'apathie, l'aliénation et la résignation sont devenues les sentiments dominants. Et il ne s'agit pas seulement de la situation économique: le sentiment d'impasse, d'absence de perspectives, la lassitude envers Poutine et son équipe , d'irritation par la corruption ressentie par tout le monde comme l'un des principaux problèmes du pays, prédominent. Au sein de la population le soutien latent des couches urbaines instruites qui manifestent sur les places augmente. Toutefois, le nombre de participants n'augmente pas, fait remarquer Lev Goudkov. L'époque de la cote de popularité "en téflon" (lorsque les problèmes graves ne contribuaient pas à rehausser la popularité du président) est terminée: la population a des griefs contre Poutine et le système qu'il a créé, conclu l'expert.

 

Les sondages de la fondation Opinion publique (FOM) confirment la tendance révélée par le centre Levada. En 2008, la cote de popularité de Poutine atteignait 70%, en mars 2012 elle était de 55%, et aujourd'hui elle oscille autour de 44-46%, comme en hiver; depuis 2008 le niveau de méfiance a augmenté de 8% à 23%.

 

Le service de presse du président s'est refusé à tout commentaire à ce sujet.

 

Ce niveau de confiance est tout à fait suffisant pour poursuivre la politique choisie par le gouvernement, et les 25% d'opinions négatives envers un homme politique qui domine depuis 12 ans est un très bon résultat, constate Dmitri Orlov, membre de la Chambre civile russe et du conseil suprême de Russie Unie. Au cours de ses deux premiers mandats Poutine était principalement le président de l'espoir, et il le demeure, estime l'expert. Mais aujourd'hui, il est perçu de manière plus rationnelle, sans la glorification et la mystification d'antan – simplement comme un dirigeant compétent et expérimenté. Il serait injuste pour le gouvernement de prendre ces changements comme une grave menace et commencer à arroser la population d'initiatives extrêmes – il n'y a aucun besoin ni électoral, ni technique. Au contraire, il faut poursuivre la politique rationnelle en s'appuyant sur le dialogue avec les divers groupes, résume Dmitri Orlov.

 

Poutine a cessé d'être le président de l'espoir pour tous les groupes de la population qu'il était au début de sa présidence, réfute le politologue Dmitri Orechkine. Les libéraux sont déçus, qui pensaient initialement qu'il poursuivait la politique axée sur l'Europe de Boris Eltsine. C'est également le cas des patriotes, qui comptaient sur une "main forte", et des gens de gauche, qui espéraient obtenir une protection contre des oligarques – on peut le voir d'après les manifestations en "trois dimensions". Il existe un processus fondamental: la société devient plus riche, et elle a de nouvelles exigences, mais le "Poutine collectif" ne répond plus à ces exigences. Il n'arrivait qu'à satisfaire que la demande de hausse des revenus vieille de dix ans; aujourd'hui, cela pose également problème, constate l'expert. Dans cette situation, le gouvernement a seulement deux cartes à jouer – le système de stimulation négative (la persécution de l'opposition) et les grands projets géopolitiques (à l'instar d'une nouvelle petite guerre ou l'adhésion de la Biélorussie); mais le premier suscite de plus en plus d'irritation, et il existe peu de ressources pour le second. Le gouvernement n'a pas d'issue favorable, briguer un troisième mandat était une erreur magistrale, résume Dmitri Orechkine.

 

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