"Une ambiance d’avant-guerre" pour la campagne présidentielle en Ukraine (experts)

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Les candidats à l’élection présidentielle ukrainienne ont déjà subi plusieurs attaques physiques. Les politologues interrogés par RIA Novosti ont donc rapidement tiré ce parallèle : pour eux, la campagne électorale reflète l’atmosphère d’avant-guerre qui règne dans le pays.

Les candidats à l’élection présidentielle ukrainienne ont déjà subi plusieurs attaques physiques. Les politologues interrogés par RIA Novosti ont donc rapidement tiré ce parallèle : pour eux, la campagne électorale reflète l’atmosphère d’avant-guerre qui règne dans le pays.

L'élection présidentielle ukrainienne est prévue le 25 mai. Oleg Tsarev, l’un des candidats, a été attaqué mardi. Selon le service de presse du député, il a été frappé par des militants radicaux et se trouve actuellement dans un état grave. Dans la nuit de lundi à mardi, Oleg Tsarev a été bloqué avec son équipe dans le bâtiment de la chaîne ICTV de Kiev, où il s'était rendu pour participer à l'émission "Liberté d'expression" en direct.

Des inconnus ont également vandalisé la voiture d'un autre candidat, Mikhaïl Dobkine, et blessé ses assistants. D'après la presse, le candidat a été aspergé avec du vert d'éthylène (Viridis nitentis) et de la farine au cours de l'attaque.

Morcellement ukrainien

"Aujourd'hui l'Ukraine est morcelée, explique Alexeï Makarkine, vice-président du Centre de technologies politiques. Cela se reflète sur la campagne électorale et pose des difficultés : les candidats soutenus dans les régions de l'ouest du pays ne peuvent pas mener leur campagne dans l'est et inversement".

Et d’ajouter : "La situation fait penser à une avant-guerre et la campagne se déroule dans cette atmosphère également". Selon l'expert, de nouvelles attaques des candidats pourraient encore avoir lieu.

Le politologue Evgueni Mintchenko pense également que la course présidentielle continuera dans la même ambiance. "Je ne vois aucune raison de penser autrement quand on voit qu’aujourd'hui le gouvernement de Kiev ne contrôle pas les radicaux dans le centre et dans l'ouest du pays, et a perdu la main sur tout le sud-est. Le contrôle sur certaines régions, telles que Dniepropetrovsk, est en réalité relatif. Cette dernière n'est pas une région contrôlée depuis le centre : elle a été remise sans concession à l'un des hommes les plus riches du pays", a-t-il expliqué.

Des décisions incohérentes

Les politologues pensent que le déroulement de la campagne électorale en Ukraine pourrait être menacé en raison des décisions incohérentes du gouvernement actuel. "A vrai dire on ignore s'il sera possible de mener la campagne, notamment dans le sud-est. La question est de savoir si on pourra dire qu’elle a été transparente et légitime compte tenu des méthodes de combat politique à l’usage aujourd’hui. Je pense que la succession des étapes devrait être différente : d'abord la recherche d'un compromis national, l'élaboration d'un nouveau système constitutionnel pour le pays, et seulement ensuite l'organisation d'une campagne électorale", estime Evgueni Mintchenko.

D'après Alexeï Makarkine, bien que la campagne électorale se poursuive à l'heure actuelle, l'élection pourrait être menacée si l'état d'urgence était instauré dans le pays. "Les députés ukrainiens voudraient de toute façon adopter une loi pour autoriser le déroulement de la campagne électorale même en plein état d'urgence dans une partie du pays. Mais en général une élection n'est pas organisée dans ce cas", a-t-il souligné.

La crise politique a éclaté en Ukraine fin novembre 2013 quand le gouvernement a renoncé à l'intégration européenne du pays. Des manifestations de masse baptisées EuroMaïdan s’étaient déroulées à travers le pays et avaient dégénéré en janvier en confrontations entre radicaux armés et forces de l'ordre. Des dizaines de personnes avaient été tuées dans les affrontements de rue, où l'opposition avait fait usage à maintes reprises d'armes à feu et de cocktails Molotov.

Un coup d'Etat s'est ensuite produit en Ukraine le 22 février. La Rada (le parlement ukrainien), transgressant l'entente entre le président Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition, a changé la Constitution, remplacé les députés, les dirigeants du ministère de l'Intérieur, et a destitué le chef d'Etat qui a dû fuir le pays. Le 27 février, le parlement ukrainien a approuvé la composition du gouvernement dit "de confiance populaire". Arseni Iatseniouk a été nommé premier ministre.

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