Suspension de la livraison des Mistral: quelles conséquences? (expert)

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Si le contrat pour la livraison des BPC de classe Mistral n'était pas rempli, la France serait plus touchée que la Russie, a dit à RIA Novosti le politologue russe Andreï Kochkine.

Si le contrat pour la livraison des BPC de classe Mistral n'était pas rempli, la France serait plus touchée que la Russie, a dit à RIA Novosti le politologue russe Andreï Kochkine.

La France devrait alors payer une pénalité d'un milliard d'euros - pour un contrat s'élevant initialement à 1,2 milliard d'euros. Il serait toujours possible de revendre les bâtiments, mais avec une réduction de tarif. Les Mistral sont pratiquement prêts et en tant que matériel militaire complexe, ils ont été adaptés à la Russie – les ordinateurs sont russifiés et les niches sont prévues pour les équipements militaires russes.

Selon l'expert, il est encore possible que la France trouve un moyen de livrer les navires à la Russie. Après tout, elle n'a annoncé que la suspension des fournitures. Or des cas similaires se sont déjà produits. Par exemple, à l'époque du général de Gaulle dans les années 1960, après l'attaque de l'aviation israélienne contre l'aéroport de Beyrouth, le gouvernement français avait instauré un embargo sur les livraisons d'équipements militaires à Israël. Cependant, la France avait déjà construit pour Israël des avions militaires qu'elle avait refusé officiellement de livrer. Quelque temps plus tard ces avions se sont quand même retrouvés en Israël par le biais d'autres pays, et Israël a dû annoncer avoir fabriqué lui-même ces appareils.

Le refus d'effectuer ces livraisons pourrait jouer en faveur de la Russie – l'accord pour la fourniture des bâtiments de projection et de commandement Mistral a été conclu à l'époque de l'ex-ministre de la Défense Anatoli Serdioukov, tandis que les responsables actuels, Sergueï Choïgou et Dmitri Rogozine, relèvent activement le niveau du complexe militaro-industriel russe. Les substitutions des importations sont aujourd'hui une priorité, y compris en termes d'équipements militaires. Mais la Russie voudra-t-elle construire son propre Mistral? Le ministère russe de la Défense actuel pourrait revoir la nécessité de le mettre en service au sein de la marine russe. Après tout, l'armement doit s'inscrire dans une stratégie militaire, or auparavant la Russie n'était pas passionnée par les bâtiments de projection et de commandement. D'autant que l'économie russe doit aujourd'hui faire face à bien d'autres tâches, a précisé l'expert russe.

Bien évidemment, la Russie subirait également certaines pertes en cas de rupture du contrat. 400 marins russes sont actuellement en formation en France pour se familiariser avec le Mistral. Mais je vois cela sous un angle positif: 400 jeunes marins retourneraient alors en Russie avec des connaissances de français et un savoir-faire en matière d'exploitation des hautes technologies dans la construction navale. Et du point de vue du personnel, cette formation sera une excellente expérience pour les marins.

*Andreï Kochkine, professeur de politologie à l'Université d'économie Plekhanov

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