Interview accordée à RIA-Novosti par Alexandre Yakovenko, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, à la veille de la visite du Secrétaire général de l'OTAN George Robertson à Moscou

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Question: Le Secrétaire général de l'OTAN George Robertson doit effectuer une visite à Moscou, voudriez-vous commenter, s'il vous plaît, les rapports entre la Russie et cette organisation.

Réponse: La visite de travail du Secrétaire général de l'OTAN George Robertson à Moscou confirme le caractère stable des rapports politiques entre la Russie et l'OTAN conformément à la Déclaration de Rome "Les relations OTAN-Russie: une qualité nouvelle". Cette visite donnera lieu à un échange de vues circonstancié sur les problèmes les plus urgents de la sécurité internationale dans la région euro-atlantique et à une analyse des résultats de la coopération pratique entre la Russie et l'OTAN visant à mettre en oeuvre le Programme de travail du Conseil Russie-OTAN pour cette année.

En dix-huit mois depuis la signature de la Déclaration de Rome, le Conseil Russie-OTAN est devenu un mécanisme efficace de coopération, de consultations, d'adoption de décisions et d'actions communes, ce qui confère aux rapports Russie-OTAN une dimension nouvelle et contribue au renforcement de la confiance et de la compréhension, à l'amélioration du climat politique dans l'espace euro-atlantique et à l'édification d'un avenir plus sûr pour tous les Etats d'Europe.

Question: Quels sont les thèmes abordés dans le dialogue Russie-OTAN?

Réponse: Le dialogue politique permanent dans le cadre du Conseil Russie-OTAN porte sur la sécurité, les problèmes et les crises et vise la recherche d'approches communes en vue de les régler. La situation en Afghanistan est l'un des sujets permanents du dialogue politique. Nous estimons que l'intensification de toutes les formes de coopération dans le cadre du Conseil Russie-OTAN accroît les possibilités de la Russie et de l'OTAN d'agir conjointement pour trouver les moyens de réagir aux nouveaux défis et menaces.

Question: Quels sont les éléments confirmant l'efficacité du nouveau mécanisme de coopération entre la Russie et l'OTAN?

Réponse: On peut constater que le travail substantiel et utile effectué dans le cadre du Conseil Russie-OTAN contribue à la transformation du Conseil en un élément important de l'architecture européenne de sécurité. Les documents fondamentaux communs du Conseil Russie-OTAN, notamment sur les problèmes des Balkans, contribuent au renforcement de la stabilité en Europe du Sud-Est.

La coopération Russie-OTAN connaît un développement dynamique. Les efforts communs déployés dans la lutte contre le terrorisme ont donné des résultats concrets. La Russie et l'OTAN étudient les possibilités de coopérer dans le règlement des crises. Il est prévu de tenir des exercices conjoints destinés à développer la conception de base des opérations de paix communes. La Russie et l'OTAN mènent un dialogue approfondi sur les questions les plus importantes relatives à la non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs et étudient les possibilités de coopération réelle dans le domaine de la défense antimissile de théâtre. Des projets intéressants sont mis en oeuvre dans le domaine de la réaction civile d'urgence et de la liquidation des conséquences des catastrophes naturelles et technologiques.

Nous constatons un progrès réel dans la coopération entre la Russie et l'OTAN dans le domaine militaire axée sur l'élaboration de programmes efficaces visant à renforcer la compatibilité militaire de la Russie et de l'OTAN et l'organisation de manoeuvres conjointes, à commencer par les exercices de cadres d'état-major.

Question: Quels problèmes peuvent surgir dans les rapports Russie-OTAN à la suite de la nouvelle phase d'élargissement de l'alliance et comment pourraient-ils être réglés?

Réponse: Il faut reconnaître qu'il existe des domaines où nos positions et nos points de vue divergent dans les rapports entre la Russie et l'OTAN. Cela concerne notamment l'élargissement de l'alliance, dont la deuxième vague est entrée dans sa phase de réalisation. Notre attitude envers ce processus est négative, mais tranquille. Nous n'avons pas l'intention de dramatiser, mais nous n'avons pas non plus l'intention de continuer à occuper la position d'observateurs indifférents.

Nous estimons que la mise en oeuvre par l'alliance de sa politique d'élargissement remet en cause les accords européens fondamentaux conclus dans le domaine de la sécurité militaire. Il est particulièrement important que l'évolution de l'OTAN, y compris son potentiel militaire, soit rigoureusement conforme aux besoins individuels et collectifs légitimes de la sécurité, à la logique des engagements pris dans le cadre de l'OSCE et qu'elle ne suscite pas la tentation de placer les intérêts de l'alliance au-dessus de ceux de l'ensemble de l'Europe.

Le respect par l'alliance de ses engagements à faire preuve de retenue comme le stipule l'Acte fondateur Russie-OTAN acquiert une importance particulière en rapport avec la nouvelle vague d'élargissement. Nous continuons à attirer l'attention de nos partenaires sur le fait que les trois Etats baltes et la Slovénie ne sont pas signataires du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE) et que les régimes de limitation des armements ne sont pas en vigueur sur leur territoire.

Au cours des rencontres des ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Conseil Russie-OTAN qui ont eu lieu en juin dernier à Madrid et Bruxelles, l'alliance a confirmé, en principe, que les garanties politiques de la retenue militaire concernent également les Etats qui adhèrent à l'OTAN. Mais cela ne suffit pas. La situation pourra être qualifiée de normale lorsque ces Etats prendront leurs engagements dans le cadre du FCE adapté et lorsqu'il y entrera en vigueur.

Il est évident que, si le processus de ratification du FCE adapté ne commence pas aussitôt après l'admission officielle des membres nouveaux à l'alliance en mai 2004, cela peut provoquer non seulement une situation de crise dans le système du contrôle européen des armements conventionnels, mais aussi une complication des rapports entre la Russie et l'OTAN.

Question: Pouvez-vous commenter le prochain départ de George Robertson du poste qu'il occupe à l'OTAN?

Réponse: Comme on le sait, George Robertson s'apprête à quitter le poste de Secrétaire général de l'OTAN. Son successeur est connu. Nous apprécions hautement la contribution apportée par George Robertson à la fondation du Conseil Russie-OTAN et au redimensionnement des relations entre la Russie et l'alliance d'après la formule des "Vingt". Nous espérons que le caractère prioritaire de la coopération Russie-OTAN sera conservé et que le dialogue politique et la coopération pratique entre la Russie et l'OTAN se développeront de façon dynamique.

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