Le gaz russe pourrait compenser le programme nucléaire nord-coréen

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MOSCOU, 6 juillet. (Par Marianna Bélenkaïa, commentatrice de RIA Novosti).

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a achevé sa visite en Corée du Nord et en République de Corée. Le gel du programme nucléaire nord-coréen a été l'un des thèmes essentiels débattus à Pyongyang et à Séoul.

Selon Sergueï Lavrov, la Russie appuie le principe de l'approche plurielle du règlement ainsi que la proposition de la Corée du Nord de prendre pour assise à la première étape la conception du gel (du programme nucléaire) en échange de compensations.

Il est proposé qu'en échange de l'abandon des programmes de production d'énergie nucléaire la Corée du Nord puisse se procurer d'autres sources d'énergie à des prix préférentiels. A l'heure qu'il est, il s'agit de fournitures de fuel américain. Toutefois, dans un avenir proche, le mécanisme de compensation pourrait s'étendre à des livraisons de gaz russe à la Corée du Nord.

Le président du Comité de la Douma (chambre basse du parlement russe) pour l'énergie, le transport et les communications, Valéri Yazev, a déclaré à la presse que le gel des programmes nucléaires nord-coréens dépendait directement des délais et du mode d'acheminement des ressources énergétiques dans ce pays et à cet égard la priorité pourrait être accordée au projet de fourniture de gaz russe.

Interrogé par RIA Novosti sur la question de savoir qui avait avancé cette proposition, Valéri Yazev a fait remarquer que cette idée était dans l'air. La Russie cherche de nouveaux marchés gaziers en Orient étant donné que pour l'heure il ne faut pas s'attendre à une augmentation tangible de la consommation de gaz en Europe, a-t-il ajouté.

Valéri Yazev a indiqué que deux projets d'approvisionnement de la Corée du Nord en gaz existaient.

Le premier concerne le transport du gaz extrait à Sakhaline (île extrême-orientale russe) au moyen d'un gazoduc long de 2.400 kilomètres partant des gisements insulaires et rejoignant la République de Corée via la Corée du Nord. La péninsule coréenne est dépourvue de gazoduc, il est seulement envisagé d'en construire un.

Ce projet en est au stade de l'élaboration du dossier d'opportunité. Le coût approximatif des travaux est de quelque 5 milliards de dollars. Des compagnies russes et américaines sont impliquées dans ce projet. Pour la partie russe il s'agit de Gazprom, de Stroïtransgaz et de ITERA.

Le second projet entre dans le cadre du programme de mise en valeur de la Sibérie orientale et de l'Extrême-Orient russe sur la base du gisement Kovyktinskoïé. Ce programme concernant la création d'un système unifié d'approvisionnement en gaz de la Sibérie orientale et de l'Extrême-Orient russe a été conçu par Gazprom et actuellement il est examiné par le gouvernement. Valéri Yazev pense qu'il pourrait être définitivement entériné dans le courant de l'année. Sur décision du gouvernement russe la coordination des travaux a été confiée à Gazprom. Les réserves du gisement Kovyktinskoïé sont évaluées à 1.900 milliards de mètres cubes. Il pourrait pendant plus de 30 ans livrer annuellement 34 milliards de mètres cubes de gaz sur les marchés russe et étrangers.

Ce programme prévoit plusieurs versions de livraisons de gaz à l'étranger, notamment en Chine, en Corée et au Japon. Il est notamment question de livrer le gaz une fois liquéfié. Rappelons qu'une usine de liquéfaction est en chantier à Sakhaline. Or, le marché gazier coréen dépend entièrement des importations de gaz naturel liquéfié.

De l'avis de Valéri Yazev, le projet relatif à la livraison de gaz à la Corée du Nord sera international, il pourrait être financé par la Russie, les Etats-Unis, le Japon et d'autres pays. Aucune entente n'est encore intervenue, a précisé le député russe. Evidemment, avant même la mise en oeuvre du projet les investisseurs devront obtenir des garanties sur l'assurance des risques, y compris politiques.

Valéri Yazev a également souligné que le mécanisme de compensation du coût du gaz vendu à la Corée du Nord devait être clairement défini dans les accords internationaux. En effet, la Corée du Nord achètera le gaz à un prix préférentiel tandis que la République de Corée le paiera au prix du marché. Par conséquent, le sort du projet dépend de cette compensation. Autrement les exportateurs de gaz n'auraient aucun intérêt à y investir de l'argent.

Le président du Comité de la Douma pour l'énergie, le transport et les communications estime que le gazoduc pourrait être construit dans la péninsule coréenne dans les trois ou quatre années à venir. Il a souligné que cet automne il entendait organiser à la Douma une table ronde pour examiner les aspects politiques, juridiques et économiques du dialogue énergétique russo-coréen. A son avis, une décision concernant les livraisons de gaz à la Corée du Nord pourrait être prise d'ici à la fin de l'année.

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