Pas de lutte efficace contre le SIDA sans un changement dans les mentalités

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MOSCOU, 6 juillet (par Olga Sobolevskaïa, commentatrice de RIA Novosti). "On recense aujourd'hui officiellement en Russie 283 000 personnes infectées par le virus VIH, dont 9949 enfants, a déclaré dans un interview accordée à RIA Novosti le médecin hygiéniste de Russie, Guennadi Onichtchenko. Les statistiques sont mises régulièrement à jour depuis 1987, année du dépistage en Russie du premier cas de SIDA et de l'apparition des premiers systèmes de monitorage de l'infection par le Virus d'Immunodéficience Humaine (VIH). Le SIDA est dépisté en Russie au stade précoce - celui de l'infection VIH, alors que les signes cliniques de la maladie sont encore inexistants. Le SIDA a déjà tué 741 habitants du pays".

Comme l'a fait remarquer Guennadi Onichtchenko, l'expansion de l'épidémie du virus VIH en Russie a été favorisée par "l'ouverture des frontières dans les années 1990, la paupérisation de la population et la prostitution".

Avec l'ouverture des frontières, a souligné l'hygiéniste en chef, "la Russie est devenue une plaque tournante du trafic de drogue". "Nous avons longtemps résisté, mais dès 1996 la transmission non médicale de l'infection via les seringues a commencé à se répandre très rapidement. Les toxicomanes s'injectaient la drogue par voie intraveineuse en se repassant la même seringue. En ce qui concerne la transmission du virus, ce sont les drogues dures - les drogues opiacées - qui font la loi. Car elles sont généralement consommées par voie intraveineuse. Ainsi, le nombre des personnes infectées par le virus VIH parmi les jeunes de 14 à 25 ans - tranche d'âge la plus touchée par la toxicomanie - a considérablement augmenté. La morbidité a fait un bond à Kaliningrad, la fameuse enclave russe située au bord de la Baltique", a expliqué Guennadi Onichtchenko.

"De fait, nous sommes actuellement confrontés à un triple fléau - toxicomanie, VIH et hépatite", et il est indispensable de mener un "travail actif parmi les toxicomanes", estime l'hygiéniste en chef de Russie. Ce travail est d'ailleurs déjà en cours. Des programmes dits de baisse du préjudice causé par l'échange de seringues sont actuellement réalisés, "la composante intellectuelle a également son rôle à jouer" - un travail d'explication est mené parmi les groupes à risque - adolescents et prostituées.

Ces dernières années, la courbe d'expansion de la maladie s'est quelque peu infléchie, a dit Guennadi Onichtchenko. Le nombre de centres de prévention du SIDA a augmenté - on en compte aujourd'hui 114 en Russie.

Le nombre de cas de contamination nosocomiale par le virus VIH est en baisse sensible, d'autre part le problème des seringues jetables est en passe d'être réglé, et la situation dans ce domaine s'est nettement améliorée par rapport aux années 1990. "On enregistre également une diminution du nombre de cas de transmission du virus VIH de la mère à l'enfant au cours de la grossesse, note le spécialiste. Nous faisons largement appel à l'expérience mondiale. On administre à la mère infectée par le virus des médicaments qui abaissent sa présence dans le sang. Le foetus évite ainsi la contamination".

Par ailleurs, selon le médecin hygiéniste en chef de Russie, on note une augmentation des cas d'infection par voie sexuelle. En 2003, le nombre des cas de contamination sexuelle constituait 12% des nouveaux cas dépistés.

Une des tâches prioritaires du moment des médecins consiste, selon Guennadi Onichtchenko, à "créer des banques de sang mis en quarantaine". Dans l'avenir, conformément à une décision de l'OMS, il faudra "renoncer aux transplantations d'organes et de tissus, ainsi qu'aux transfusions de liquides biologiques, notamment de sang". Ces opérations augmentent le risque de transmission des "infections encore inconnues des médecins". Il est préférable de fabriquer du sang artificiel et de cultiver des organes", est convaincu l'hygiéniste.

Pour enrayer l'expansion de l'épidémie VIH, les Russes devront revoir leur attitude envers leur propre santé. "Jusqu'à présent, nous n'avons accordé que trop peu d'attention à notre santé, estime Guennadi Onichtchenko, c'est pourquoi notre société s'est trouvée démunie face à l'expansion de cette maladie mortelle qu'est le SIDA. D'ailleurs, les signes indiquant que les mentalités sont en train d'évoluer sont d'ores et déjà perceptibles".

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