Revue de la presse russe du 8 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Le conseiller du président critique la politique des autorités

Le conseiller économique du président Poutine, Andréi Illarionov, a émis des critiques acerbes sur la politique de renforcement de l'ingérence de l'Etat dans l'économie pratiquée actuellement en Russie. Dans une interview à un périodique américain influent le fonctionnaire a constaté que la Russie s'orientait vers une autre conception des droits de propriété : "Depuis ces dernières années une nouvelle conviction a émergé : les richesses naturelles doivent appartenir à l'Etat". Il attribue ce changement à la victoire des "antilibéraux" de l'entourage du président et à l'alimentation délibérée des craintes parmi les milieux d'affaires, depuis l'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski. Selon les prévisions d'Andréi Illarionov, tout cela est une "escalade d'erreurs" qui aura des "conséquences terribles" pour l'ensemble du pays.

Aucun fonctionnaire d'Etat n'a encore critiqué avec autant d'âpreté le tournant qui s'opère dans l'économie et la politique russes", écrit le quotidien "Kommersant". Mais on peut se demander pourquoi Illarionov déclare aujourd'hui son opposition à la politique actuelle ? On peut supposer que le conseiller présidentiel a pris une décision définitive partant de l'ensemble des changements en cours dans le pays. Fin septembre, rappelle le journal, il s'est subitement déclaré en public contre le remplacement de l'élection directe des gouverneurs par leur nomination. Avant cette date, l'économiste au service du président ne s'était jamais prononcé sur des problèmes strictement politiques, d'autant plus en des termes aussi rudes.

Peut-être a-t-il pris sa décision après que Poutine eut approuvé l'adhésion de la Russie au protocole de Kyoto qu'il combattait désespérément. Tout porte à penser que cette défaite n'était pas seulement celle de l'homme politique mais aussi une débâcle de lobbyiste. C'est que la limitation des émissions de gaz de serre dans l'atmosphère a des adversaires influents : les plus gros producteurs de matières sulfureuses dont la production doit diminuer en raison de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto.

Rossiiskaïa gazeta

Les députés s'apprêtent à améliorer le protocole de Kyoto ?

Le gouvernement a soumis à la Douma (chambre basse du parlement) une série de textes nécessaires à la ratification du protocole de Kyoto. Selon certains avis critiques, elle peut faire perdre à la Russie un millier de milliards de dollars. A la lumière de cette perspective, le pouvoir exécutif attend du législateur des propositions susceptibles de minimiser au maximum les pertes financières.

Que le protocole de Kyoto ait été une monnaie d'échange dans le règlement entre Etats de nombreux problèmes économiques et politiques très éloignés de l'écologie n'est un secret pour personne, écrit la "Rossiiskaïa gazeta". Il est vrai qu'au plus haut niveau l'objet du marchandage n'est jamais évoqué. On peut croire que des conditions sérieuses ont été posées en échange de la ratification. Beaucoup d'experts estiment que l'un des principaux objets du marchandage est le prix des hydrocarbures sur le marché intérieur russe : la Russie ratifiera le protocole mais que l'Union européenne ne demande plus qu'elle harmonise les prix intérieurs avec ceux du marché mondial ! C'est très important pour la compétitivité des entreprises russes.

Le premier ministre Mikhaïl Fradkov a dit que "la discussion sur le protocole de Kyoto est ouverte et le débat à Douma promet de ne pas être simple". Il ne s'agit, paraît-il, pas seulement de laisser sortir la vapeur de la chaudière. Le gouvernement semble attendre de ce débat des propositions concrètes. De l'avis des experts, on a encore le temps de faire du protocole un document plus acceptable pour l'économie russe, du point de vue de la vente des quotas d'émission de gaz, entre autres, ou encore pour élaborer un cadre juridique nécessaire à la réalisation des conditions de ce document. Il ne serait pas inutile de réfléchir aussi sur la compensation du préjudice causé aux forêts russes par l'économie mondiale. L'essentiel, estiment les spécialistes, est que ces rectifications soient faites au cours de la procédure de ratification. Car lorsque le document sera ratifié par toutes les instances russes, ce sera beaucoup plus difficile à faire.

Vedomosti

Ioukos demande 3 milliards de dollars à Sibneft

Le groupe pétrolier Ioukos a adressé une demande à Millhouse Capital qui représentait les intérêts de Sibneft pendant la fusion des deux sociétés. Selon l'information recueillie par le journal "Vedomosti", Ioukos veut récupérer par voie judiciaire, auprès des structures contrôlées par Roman Abramovitch, les 3 milliards de dollars versés lors de la fusion pour 20% des actions de Sibneft.

Selon le journal, la demande a été introduite fin septembre auprès de la Cour internationale d'arbitrage de Londres parce que le mécanisme de résiliation de l'achat de 20% des actions spécifié dans le contrat de février n'a pas fonctionné. Ioukos demande la restitution du capital (3 milliards) et la pénalité de résiliation (dont le montant n'est pas divulgué). Les noms des sociétés que Ioukos cherche à faire payer sont également inconnus.

Le président du conseil de surveillance du groupe "Renaissance Capital", Alexandre Chokhine, doute que les anciens propriétaires des actions veuillent bien rembourser Ioukos pour qu'il puisse régler ses dettes fiscales. "Il est douteux que Sibneft décide de rembourser les 3 milliards en échange des actions. L'éventualité la plus probable est que Ioukos gardera ces 20% de Sibneft", estime-t-il.

De toute façon Ioukos ne peut pas compter sur une décision rapide de la Cour de Londres. L'affaire risque de durer des années, souligne le journal.

Un paquet d'environ 52% de ses actions est contrôlé par le groupe MENATEP. En automne 2003, Ioukos a achevé le marché de fusion avec Sibneft dont il possède maintenant 92% des actions qui lui ont valu 3 milliards de dollars et 26,01% de ses propres actions qu'il a cédées à Millhouse Capital représentant les intérêts d'Abramovitch. Toujours en automne 2003, le président de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski a été arrêté et Millhouse a demandé le divorce sans avoir admis Ioukos à la gestion de Sibneft.

Vremia novostei

"Defendori International-2004"

Un scandale a éclaté à la 13e exposition internationale des armements et du matériel de guerre "Defendori Internaitonal-2004" qui se tient à Athènes. Les représentants de la délégation russe ont parlé aux participants étrangers de l'intention de moderniser le système de missiles de DCA de faible rayon d'action "Ossa-AKM". Le lendemain, une proposition analogue a été faite par la délégation polonaise qui a présenté à "Defendori Internaitonal-2004" le même système de missiles "Ossa". Les Polonais ont laissé entendre qu'ils n'avaient pas l'intention d'en assumer la responsabilité.

Le correspondant du quotidien "Vremia novostei" a examiné, avec des experts, les stands des anciens voisins du Pacte de Varsovie et a constaté qu'"Ossa" n'était nullement l'unique système d'armes soviétique et russe présenté aux stands d'autres pays. Le système de DCA S-75 "Volkhov" et celui des troupes terrestres "Koub" ont été également exposés par les Polonais. Selon l'explication des experts, ce matériel est une copie fidèle des armes russes.

Il en a été de même aux stands de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie. Les échantillons exposés ne se distinguaient souvent du modèle original russe que par l'inscription en lettres latines.

Les pays de l'ancien Pacte de Varsovie ne sont pas les seuls à reprendre les conceptions de la construction des armes russes. Le module de combat du BMP-2, véhicule blindé russe de combat d'infanterie appelé "Barak" par les Iraniens, est original, mais les lance-roquettes multiples "Grad-1" et "Grad-3" ont des copies des échantillons russes. Même les Grecs, organisateurs de l'exposition, ont modernisé notre BMP-1 en l'appelant BVP-2.

De l'avis des experts, les producteurs russes d'armes doivent, premièrement, déclarer plus souvent au monde que ce sont leurs armes, en effectuant régulièrement des actions de relations publiques, comme le font de nombreuses marques mondiales célèbres. Deuxièmement, ils doivent se charger des problèmes du droit international.

Novye izvestia

La télévision russe câblée revient en URSS?

La première conférence russe du "Système de télévision payante" a rassemblé beaucoup de monde à Moscou. Personne ne s'attendait à une telle manifestation d'attention pour les progrès et les problèmes du développement de la télévision payante en Russie, font savoir les "Novye izvestia".

De l'avis des orateurs, bien que les réseaux câblés connaissent un développement, la Russie a beaucoup de retard sur les pays occidentaux pour tout ce qui concerne la télévision payante. Comme l'a fait remarquer Mikhal Siline, directeur général de "Comcor-TV", "chez nous, les opérateurs peuvent se compter sur les doigts de la main". Selon lui, il n'y a que 500 000 abonnés pour trois opérateurs principaux et le chiffre d'affaires annuel ne dépasse pas 50 millions de dollars, somme insignifiante sur le marché de la télévision payante en Occident.

De nombreux problèmes, technologiques et législatifs, freinent le processus. Cependant, "la migration des opérateurs de TV sur la plate-forme numérique", comme s'est exprimé le représentant de "Comcor-TV", est un impératif pour les opérateurs et les abonnés russes qui auront ainsi accès à une masse de services d'informations, à Internet, à la poste électronique, à la télébanque et au télémagasin.

Cependant, Ayouna Badmaieva, directrice de "Cosmos-TV" pour le marketing, a déclaré: "Les réseaux de tous les opérateurs principaux sont prêts, les investissements ont été, dans l'ensemble, effectués. L'élévation du niveau de vie offre de bonnes perspectives pour le développement de la télévision payante dans le pays". Sviatoslav Bouniaiev, représentant des "Réseaux russes de télévision et de radio ", précise: "Le développement de la télévision sur les fonds budgétaires est impossible. Tout le monde doit payer pour une télévision de bonne qualité, mais pas beaucoup et de plein gré. Je tiens à rappeler qu'en URSS les citoyens payaient jadis pour leur téléviseur".

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