Comment les frontières russes sont-elles gardées?

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MOSCOU, 24 février. (Par Viatcheslav Lachkoul, commentateur de RIA Novosti). Il y a un an le Service des frontières de Russie était dissous tandis que ses fonctions étaient restituées au Service fédéral de sécurité (FSB). RIA Novosti a posé quelques questions au général Vladimir Pronitchev, premier directeur adjoint du FSB et chef des gardes-frontières russes.

- Qu'est-ce qui avait motivé cette décision?

- Il ne s'agit pas du tout d'un changement d'étiquette. De par son niveau, la mission qui nous a été confiée - la lutte contre la criminalité transfrontalière, en premier lieu le trafic de stupéfiants et le terrorisme international - implique non pas des méthodes militaires, mais une activité relevant des services de renseignement. Les gardes-frontières se sont insérés dans le système du Service fédéral de sécurité. Cela a permis de constituer des banques de données uniques, de collecter et de synthétiser des informations sur les éléments présentant un danger pour l'Etat, principalement les terroristes.

- Combien de patrouilles assurent la protection des frontières russes?

- Plus de 11.000 patrouilles de gardes-frontières ainsi que des dizaines d'équipages de navires, de vedettes, d'avions et d'hélicoptères en assurent quotidiennement la garde. La longueur des frontières de la Russie est de plus de 61.000 kilomètres, dont environ 14.500 kilomètres de frontières terrestres.

- La Commission frontalière d'Etat a entériné la Conception de la formation d'un système moderne de protection et de garde des frontières du pays. Que recèle-t-elle de nouveau?

- Pour son élaboration nous avons sollicité des chercheurs, l'industrie et des technologies de pointe. A présent ce qui importe c'est d'assurer le contrôle des frontières au moyen des technologies implantées à cet effet, de transmettre les informations avec diligence et de prendre les décisions que la situation impose.

- Cela signifie-t-il que les unités de gardes-frontières ne surveilleront pas la totalité des frontières?

- Il va de soi que les méthodes testées resteront prioritaires sur les secteurs les plus menacés, principalement au Caucase du Nord. En ce qui concerne le secteur russo-kazak de la frontière, il sera confié à des responsables délégués qui, avec un staff approprié, travailleront en direction de la population. Ils devront surveiller la situation, s'informer sur les déplacements de frets, de contrebande, par exemple, et, le cas échant, faire intervenir les gardes-frontières pour intercepter les contrevenants. Les gardes-frontières prennent possession de moyens techniques ultramodernes qui ont déjà permis de "cadenasser" les mers Noire et d'Azov. La chose ne saurait tarder avec les secteurs terrestres de la frontière. Cela implique une surveillance totale de la situation - dans le temps et l'espace - au moyen d'équipements d'observation modernes. Aussitôt qu'un navire non identifié pénètre dans nos eaux, un signal avertit le poste de commande approprié qui donne l'ordre à l'aviation ou à la marine de procéder à l'arraisonnement. A propos, le même principe est appliqué sur les secteurs terrestres de la frontière. Au Caucase nous avons l'intention, en coopération avec le ministère des Télécommunications, d'installer une ligne pour la transmission des signaux. Ce seront des stations numériques. Seulement nous n'en resterons pas là. Les innovations techniques doivent être utilisées globalement, aussi travaillons-nous à la création de systèmes spéciaux. Les projets déjà entérinés ont été transmis aux usines pour exécution.

- Les appelés possèdent-ils le savoir-faire requis pour travailler avec des équipements sophistiqués?

- Nous envisageons d'abandonner totalement ce que l'on appelle la conscription. Sur certains secteurs des frontières occidentale et russo-kazakhe on ne trouve plus d'appelés. Il en est de même au Kamtchatka (presqu'île d'Extrême-Orient russe). A l'heure actuelle, nous étudions la possibilité de confier la protection des frontières nord-ouest à des militaires contractuels. Lors du recrutement nous travaillons tout particulièrement en direction de la population autochtone. Nous voulons faire renaître les familles dans lesquelles on était garde-frontière de père en fils. Sur ce plan, beaucoup d'exemples existent déjà. Evidemment, il n'est pas question de donner la frontière à ferme à la population locale. Le recrutement ne se fera pas de manière unilatérale et les officiers ne permettront pas à qui que ce soit de mettre la main sur des tronçons de frontière. Le recrutement sur contrat restera prédominant. D'ici à 2010, il ne sera plus question du recrutement par conscription.

- Recruterez-vous des ressortissants de la Communauté des Etats indépendants (CEI)?

- Pour le moment la question ne se pose pas. Toutefois, cette catégorie de personnes a la possibilité de servir dans les groupes frontaliers russes déployés en Arménie et au Tadjikistan. Par exemple, plus de 40.000 Tadjiks ont déjà servi dans des unités de gardes-frontières russes. A l'heure actuelle, plus de 80 pour cent de leurs effectifs sont des ressortissants tadjiks.

Les autorités tadjiques ont déclaré qu'elles étaient en mesure d'assurer elles-mêmes la protection de la frontière. Cependant, cela ne signifie pas que les gardes-frontières russes vont quitter le Tadjikistan. La coopération avec nos collègues tadjiks dans cette région change de forme. Pour nous il est primordial que cette frontière soit imperméable elle aussi. C'est que les trafiquants de drogue s'y montrent très actifs et qu'ils font parler la poudre de plus en plus souvent. Dans ce secteur, une véritable guerre est menée contre la narcomaffia internationale. Au cours des deux dernières années les gardes-frontières russes ont dû faire usage de leurs armes près de 200 fois. L'année dernière sur la frontière tadjiko-afghane ils ont mis la main sur plus de cinq tonnes de stupéfiants. Compte tenu du renforcement des frontières russes sur l'axe nord-caucasien, l'essentiel de notre attention se porte maintenant sur le tronçon russo-kazak de la frontière. Nous allons le rendre infranchissable pour les passeurs de drogue, les contrebandiers et les immigrés clandestins.

La dernière main est mise au Programme fédéral finalisé d'aménagement de nos frontières. Il prévoit la construction entre 2005 et 2010 de nombreuses cités de gardes-frontières, principalement sur les secteurs qui ne sont pas encore aménagés.

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