Le courage des femmes soviétiques

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MOSCOU, 16 mars - par Viatcheslav Lachkoul, RIA Novosti.

Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1943, les résistants ont éliminé à Minsk le gauleiter Wilhelm Kube qui dirigeait la Biélorussie occupée. 12 groupes spéciaux de diversion avaient reçu en même temps l'ordre de Moscou de liquider le commissaire hitlérien. Elena Mazanik, Maria Ossipova et Nadejda Troïan ont été élevées à la dignité de Héros de l'Union soviétique pour avoir installé dans la maison du gauleiter la mine dont l'explosion devait tuer le bourreau.

Pendant la Grande Guerre patriotique (1941-1945), plus de 800.000 femmes ont combattu sous le drapeau soviétique, mais plus nombreuses encore étaient les femmes désireuses de partir pour le front. Elena Mazanik et Maria Ossipova n'avaient pas suivi de formation militaire. Nadejda Troïan a interrompu ses études de médecine à Minsk pour s'engager comme volontaire et mener un travail de sape dans les arrières de l'ennemi. Pour elles, comme pour millions de leurs compatriotes, le malheur de l'occupation hitlérienne était évident. La GFP (police secrète de campagne), la gendarmerie et l'Abwehr (contre-espionnage) sévissaient et multipliaient rafles et exécutions sommaires. L'arrivée de Wilhelm Kube a marqué le début des massacres. Les nazis asphyxiaient les malheureux avec les gaz d'échappement de camions. 260 camps de concentration ont surgi en Biélorussie où plus de 1,4 million de personnes ont trouvé la mort. Rien qu'à Trostenets, plus de 200.000 personnes ont péri. Les victimes n'ont été plus nombreuses qu'à Auschwitz, Majdanek et Treblinka.

On comprendra mieux l'attitude des femmes à l'égard de la guerre si l'on écoute leurs témoignages. Rien n'est plus horrible que leurs souvenirs de guerre. "Un homme a moins de mal à vivre la guerre. Mais je ne sais pas comment les femmes ont survécu. Quand j'y pense, l'horreur me saisit. J'ai pu tout supporter: j'ai dormi à côté d'un cadavre, j'ai tiré moi-même, j'ai vu le sang. Je me souviens très bien que sur la neige l'odeur du sang est particulièrement forte... Je raconte tout cela et j'ai mal... Mais alors je pouvais tout supporter", raconte une tireuse d'élite.

Se retrouvant parmi les filles du même âge après la guerre, elles se sentaient plus âgées, elles voyaient la vie avec d'autres yeux, des yeux qui ont vu la mort. Mais la plupart d'entre elles ont eu assez de force pour se réinsérer dans la vie de tous les jours et servir la nation. Elena Mazanik a terminé une école pédagogique et a travaillé au ministère biélorusse du contrôle d'État, puis comme directrice adjointe à la Bibliothèque fondamentale de l'Académie des sciences de Biélorussie. Maria Ossipova est devenu membre de la Cour suprême de Biélorussie. Nadejda Troïan dirige jusqu'à nos jours une école de médecine à Moscou.

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