Quel successeur pour Yartsev?

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MOSCOU, 5 avril (par Mikhaïl Smirnov, commentateur sportif de RIA Novosti). Dans le football russe, l'approche du printemps semble coïncider avec une période d'abdications. L'opinion sportive avait à peine réagi au départ "bénévole-forcé" du président de l'Union footballistique de Russie (RFS), Viatcheslav Koloskov, et à l'élection à ce poste de Vitali Moutko, que les agences de presse annonçaient la démission de l'entraîneur principal de la sélection russe, Gueorgui Yartsev.

Selon ce dernier "il est impossible de travailler normalement en étant constamment soumis à une pression aussi forte". Gueorgui Yartsev a indiqué que son départ était dû essentiellement au fait que l'équipe de Russie n'avait ramené que quatre points au lieu des six prévus de ses déplacements au Liechtenstein et en Estonie. Par ailleurs, il a rappelé que sous sa direction le onze russe n'avait perdu que trois rencontres officielles sur quatorze et qu'il considérait que la Russie pouvait encore se qualifier pour la phase finale de la Coupe du Monde 2006. "Nous avons trois points de retard sur les leaders, les matches décisifs restent encore à jouer. Je pense également ne pas m'être trompé dans le choix de la voie à suivre du moment que l'avenir appartient aux jeunes joueurs prometteurs", a dit Gueorgui Yartsev.

Maintenant, cet avenir sera entre les mains d'un autre coach. Le nouveau président de la RFS, Vitali Moutko, a déclaré que la décision de Yartsev était ce qu'il pouvait faire de mieux dans la situation actuelle. "J'ai l'intention de le rencontrer dans les jours à venir. La démission sera évidemment acceptée dans les quarante-huit heures au plus tard". A présent la grande question, c'est celle de savoir qui va prendre en main la sélection russe. C'est là une décision d'importance, aussi Vitali Moutko se donne de dix à quinze jours pour la prendre.

Ces derniers temps, cette question d'encadrement avait quelque chose de funeste pour le football russe. Les entraîneurs nationaux ne restent jamais en place plus de deux ans, et cette fois encore les choses s'annoncent difficiles. Le prochain match de qualification, contre la Lettonie, aura lieu dans moins de deux mois (le 4 juin). Le nouvel entraîneur ne disposera par conséquent que d'un capital temps très restreint. Ce qui limitera son champ géographique de prospection. Et quoique Vitali Moutko admette que le recours à un entraîneur étranger ne soit pas à écarter, il est quand même très peu probable. On assistera donc probablement à un remake de la sollicitation d'urgence de Gueorgui Yartsev quand, au mois d'août 2003, Valeri Gazzaïev avait rendu son tablier, alors que les footballeurs russes avaient encore trois matches à disputer dans le cadre de la qualification pour l'Euro-2004. On sait que Yartsev avait fait merveille dans le rôle de "sauveur". Mais cela signifie-t-il pour autant que le remplaçant potentiel du héros d'hier connaîtra la même baraka?

"L'entraîneur de la sélection nationale doit être un homme affichant déjà des résultats, possédant une expérience du travail car le onze national, ce n'est pas un banc d'essai", a dit le nouveau président de la RFS.

Qui aujourd'hui répond à ces critères? Youri Semine, coach du Lokomotiv Moscou depuis de nombreuses années, fait l'unanimité. Sa candidature avait déjà été avancée lorsque la place était vacante, mais Semine avait toujours refusé d'abandonner la stabilité dans le club de ses débuts pour des succès chimériques aux commandes de la sélection nationale. Il semble bien que le destin lui offre maintenant une dernière chance d'occuper ce poste qui, en dépit des difficultés et de la responsabilité qu'il implique, est toujours considéré comme le fleuron de la carrière de tout entraîneur. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce que la réaction première de Semine à une nomination éventuelle ait été non pas un refus catégorique comme à l'accoutumée, mais une phrase diplomatique selon laquelle nous devons nous serrer les coudes et promouvoir le football russe. "Si une telle proposition m'est faite, je suis prêt à l'examiner et à aider la sélection nationale au poste que l'on voudra bien me confier, a dit Youri Semine. La sélection traverse une passe difficile, il ne nous reste plus rien à faire que d'oeuvrer ensemble pour l'en sortir". Par ailleurs, s'il était fait appel à l'entraîneur du Lokomotiv, il faudrait assurément enfreindre le principe du non-cumul de fonctions. Car il est certain que Semine ne voudra pas abandonner les cheminots, en tout cas pas avant l'été.

On cite aussi le nom de l'entraîneur du CSKA, Valeri Gazzaïev, ainsi que celui d'Anatoli Bychovets, qui dans le passé avait présidé à deux reprises aux destinées de l'équipe nationale. En ce qui concerne le premier nommé, il est peu probable qu'il veuille abandonner le prospère CSKA pour un poste qui récemment ne lui a pas apporté de lauriers particuliers. Quant au second, d'un caractère revêche, ses rapports avec la fédération pourraient être difficiles, surtout qu'à une certaine époque en qualité d'entraîneur du Zenit Saint-Pétersbourg, un club qui était alors présidé par Vitali Moutko, Valeri Bychovets avait dû quitter la ville pour résultats insuffisants.

On ne voit pas d'autres candidatures en Russie. Alors, quel successeur pour Yartsev? Soyons patients, nous le saurons sous peu.

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