La Douma russe a étoffé le panier de la ménagère

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Par Alexandre Yourov, RIA Novosti.

La chambre basse du parlement russe a adopté en deuxième lecture le projet de loi sur le panier de la ménagère.

D'autre part, le document prévoit de revoir ledit "panier" tous les cinq ans au minimum et d'en améliorer la valeur nutritive et biologique en augmentant les normes de consommation de viande, de poisson, de lait, de fruits et en réduisant celles de pain, de pâtes et de farineux.

Les transformations politiques et économiques initiées en Russie au début des années 1990 ont enrichi le lexique courant de termes nouveaux: le panier de la ménagère, le minimum vital, le salaire minimum, l'amende minimale... Les spécialistes ne les ignoraient pas et les utilisaient largement, par exemple en planifiant le budget.

Le salaire minimum sert à calculer les traitements des travailleurs du secteur public. L'amende minimale est l'unité utilisée pour le calcul du montant des sanctions administratives, y compris des contraventions pour violation du code de la route. Les changements rapides de ces dernières décennies ont conféré à cette terminologie une nuance sociale. Surtout en ce qui concerne le panier de la ménagère et le minimum vital.

Ces deux termes ont tout de suite attiré l'attention de la presse qui les a expliqués à la population alors qu'ils étaient depuis longtemps connu dans le monde, le minimum vital étant pratiquement partout défini sur la base du contenu du panier de la ménagère.

Les Russes se souviennent fort bien du début des années 1990. La vie de l'homme de la rue dépendait de la conjoncture sur le marché. L'Etat a cessé de réglementer les prix des biens de consommation et l'inflation s'est déchaînée tandis que les bas prix des hydrocarbures empêchaient le gouvernement d'établir un budget non déficitaire.

Le pays est entré dans une longue période de crise économique. La production industrielle reculait, les usines fermaient, les gens étaient victimes du chômage. Cela poussait les autorités à regarder le problème de la protection sociale sous un autre angle. C'est alors que la presse russe a brisé les chaînes de la censure et fait grand tapage autour du panier de la ménagère. Ce n'est d'ailleurs pas le terme mais son contenu qui a provoqué l'irritation générale.

Le ministère de la protection sociale expliquait aux gens que chaque habitant du pays avait le droit à un slip par an, à un manteau tous les cinq ans... C'était un choc pour la population qui avait connu la pratique soviétique de nivellement des salaires. La peur du retour de cette époque révolue est devenue totale. Certes, les fonctionnaires ne voulaient pas effrayer leurs concitoyens. Seulement leurs connaissances spécifiques, une fois passées dans le domaine public, se sont retrouvées sur un terrain inculte.

En réalité, ces informations ne comportaient aucune menace pour les gens. Peu après, le pays s'est doté d'une loi fédérale sur le minimum vital. Ce document définissait le panier de la ménagère comme l'assortiment de produits alimentaires et non alimentaires et de services nécessaires à l'homme pour pouvoir travailler et être en bonne santé, et le minimum vital comme le coût du panier de la ménagère plus le montant des contributions et des taxes obligatoires.

Du début au milieu des années 1990 l'Etat ne pouvait pas promettre beaucoup de choses à la population. Pour cette raison le niveau des garanties sociales proposées par les autorités était modeste. Et pourtant on ne pouvait pas se passer de ces notions. L'arithmétique budgétaire annuelle réclamait des chiffres compréhensibles. Le pays qui avait à l'époque très peu de revenus était obligé de bien calculer ses dépenses, y compris pour la sphère sociale. Annonçant un panier de la ménagère dérisoire, les autorités ont en fait pris l'engagement de corriger cet indice indigne de l'homme.

Ainsi, d'après le nouveau projet de loi, le panier de la ménagère coûtera 2 653 (100 dollars environ). Dès maintenant, il comprend également la fréquentation des cinémas, des musées, des expositions et les frais de transport. Les quantités de produits alimentaires les plus riches, contenant des protéines, ont été augmentées. Les normes de consommation l'ont été de 22% (39% pour les retraités) pour la viande, de 15% (25% pour les enfants) pour le poisson, de 31% (62% pour les retraités et 27% pour les enfants) pour les fruits, de 10% pour le lait et les produits laitiers. Par contre les normes du pain, des pâtes, de la farine, des gruaux et des légumineuses ont été diminuées de 11% et celles des pommes de terre de 12%.

Selon les prévisions, le minimum vital en Russie sera porté à 6 483 roubles (230 dollars) au cours des trois prochaines années. A titre de comparaison, il est de 64 dollars en Géorgie et de 200 dollars en Suède. D'ailleurs, dans ces pays, tout comme en Russie, peu de gens ont un revenu comparable au minimum vital. En Russie, le salaire moyen dépasse 300 dollars. Néanmoins, le nouveau panier de la ménagère a rapproché les normes de consommation en Russie de celles des pays les plus industrialisés.

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