Moscou prône le dialogue entre Fatah et Hamas

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Par Marianna Belenkaia, RIA Novosti

Le président russe Vladimir Poutine a reçu à Sotchi le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Les pourparlers ont eu lieu deux mois après la visite à Moscou d'une délégation du Hamas (Mouvement de résistance islamique). En ce moment, Mahmoud Abbas et les islamistes palestiniens ont des conceptions diamétralement opposées du règlement palestino-israélien. Quel est le rôle joué par Moscou?

Commentant le bilan des pourparlers de Sotchi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Saltanov, a confirmé que les deux parties avaient examiné la coopération entre Mahmoud Abbas et le gouvernement dirigé par le Hamas. "La Russie a exprimé sa satisfaction et a salué l'idée du dialogue entre tous les partis palestiniens. Si ce dialogue s'avère efficace, de nombreux obstacles, y compris dans le domaine humanitaire, seront levés", a-t-il souligné.

Par obstacles, Alexandre Saltanov entendait probablement le refus d'Israël, des Etats-Unis et de l'UE de coopérer avec le gouvernement du Hamas, ce qui complique la situation socio-économique dans les territoires palestiniens. Même si la communauté internationale apporte prochainement une aide humanitaire aux Palestiniens après la tournée de Mahmoud Abbas, la situation ne changera pas radicalement tant que l'appareil du président de l'Autorité palestinienne et le gouvernement n'auront pas commencé à fonctionner comme un organisme unique. Pour l'instant, aucun accord entre le FATAH (parti de Mahmoud Abbas) et le HAMAS n'est en vue. Ils luttent pour le pouvoir, mais le prétexte avancé pour ne pas coopérer est le refus des islamistes de reconnaître l'Etat d'Israël et tous les accords signés antérieurement avec l'Etat hébreu par les dirigeants de l'Autorité palestinienne. A la lumière de ce qui vient d'être dit, le succès du dialogue national est subordonné au consensus, en premier lieu, sur le règlement pacifique. Mais, le consensus n'est pas pour demain, et, par conséquent, les possibilités d'aide de la communauté internationale aux Palestiniens sont plutôt réduites. Bien que Moscou ait fait tout son possible pour que le boycott imposé au gouvernement du HAMAS par Israël, l'UE et les Etats-Unis n'entraîne pas de catastrophe humanitaire sur les territoires palestiniens.

Rappelons que les modalités d'octroyer une assistance aux Palestiniens ont été approuvées grâce à la position de la Russie à la récente réunion du Quartet de médiateurs internationaux pour le Proche-Orient (Russie, Etats-Unis, UE, ONU). Pour l'instant, les schémas d'octroi de l'aide sont encore flous, mais il est évident qu'elle aboutira à la chancellerie de Mahmoud Abbas, en contournant le gouvernement du HAMAS, autrement dit, de la même façon que les 10 millions de dollars récemment virés par la Russie.

A noter que lors de leur échange de propos en présence de la presse, ni Mahmoud Abbas, ni Vladimir Poutine n'ont mentionné le HAMAS. Leur entretien a porté principalement sur les perspectives du règlement palestino-israélien. Comme s'il n'y avait pas eu d'élections législatives palestiniennes et comme si le nouveau gouvernement palestinien n'avait pas été formé sous l'égide des islamistes avec qui Israël, les Etats-Unis et l'Europe refusent d'entretenir des contacts. D'ailleurs, la Russie, qui reste aujourd'hui l'unique membre du Quartet à avoir reçu une délégation du HAMAS, en parle aujourd'hui avec beaucoup de prudence.

D'une part, le dialogue se poursuit, mais, de l'autre, "les pourparlers avec le HAMAS sont difficiles, car le HAMAS doit faire aussi son bout de chemin", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Saltanov. Moscou a fait tout son possible pour sortir la situation de l'impasse. Alors que les autres membres du Quartet se trouvaient sous le choc produit par la victoire remportée par le HAMAS aux élections et ne savaient pas quelle attitude adopter à l'égard du pouvoir palestinien, les diplomates russes ont essayé de donner à ce mouvement une chance d'abandonner graduellement sa plate-forme idéologique et d'établir des contacts avec le Quartet, en acceptant un compromis de taille pour le HAMAS, à savoir reconnaître l'Etat d'Israël. En fait, la Russie a joué un rôle d'intermédiaire entre les islamistes palestiniens et la communauté internationale. A présent, la balle est dans le camp du HAMAS.

Si ce mouvement ne change pas de position à l'égard d'Israël, le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens ne pourra pas progresser. Le premier ministre palestinien Ismail Hanieh a maintes fois souligné que le gouvernement admettait que Mahmoud Abbas invite les Israéliens à la table des négociations. "L'important est de savoir ce qui sera proposé en fin de compte au peuple palestinien", a-t-il dit. S'il en est ainsi, faut-il que le président de l'Autorité palestinienne négocie pour le plaisir de parler, sans concerter préalablement avec le HAMAS l'ordre du jour des pourparlers?

Les Israéliens estiment que c'est insensé. "Israël n'est pas certain que les ententes avec Mahmoud Abbas seront respectées par le mouvement radical HAMAS qui campe, à l'étape actuelle, sur ses principes fondamentaux: la non-reconnaissance de la souveraineté d'Israël et la lutte armée contre l'Etat hébreu", a déclaré Eddy Shapira, représentant du ministère israélien des Affaires étrangères. Moscou et d'autres membres du Quartet s'en rendent également compte. Mais ils ne peuvent pas laisser échapper la possibilité, même illusoire, d'assurer la reprise des négociations palestino-israéliennes. Sinon, Israël, sûr de ne pas avoir de partenaires en Palestine, pourrait régler unilatéralement le problème palestinien. En outre, un mécanisme de négociations est nécessaire, car, en plus des grands problèmes comme le règlement pacifique définitif, il existe de nombreux problèmes quotidiens: l'approvisionnement des Palestiniens en eau, en essence, en électricité. Les problèmes de la sécurité ne sont pas non plus entièrement réglés. Voilà pourquoi la Russie, de même que les autres membres du Quartet, se prononce pour la poursuite du dialogue entre Israéliens et Palestiniens par l'intermédiaire de Mahmoud Abbas, et espère que le HAMAS révisera sa position, ce qui est, avant tout, dans l'intérêt des Palestiniens. Et Moscou en tient compte.

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