Historique du conflit osséto-géorgien: fiche technique

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Les ancêtres des Ossètes - Scythes et Sarmates - peuplaient dans l'Antiquité les steppes d'Europe de l'Est, d'Asie centrale et de Sibérie. Leurs descendants ethniques - les Ossètes - sont connus à l'époque du Moyen Age sous le nom d'Alans. L'Etat des Alans naît au IXe siècle, le christianisme en devient la religion officielle. Aux XII-XIIIe siècles, l'Alanie est morcelée en principautés avant de tomber sous le joug Tataro-Mongol. Aux XIV-XVe siècles, l'Ossétie représente plusieurs communautés indépendantes formant une sorte de confédération. Au XVIIIe siècle, l'Ossétie établit des relations diplomatiques avec la Russie dont elle fait partie en 1774. Dans les années 1830, le gouvernement russe décrète une nouvelle division administrative de l'Empire, en vertu de laquelle la Géorgie et les régions sud-ossètes passent sous la juridiction de la Transcaucasie, alors que les régions nord-ossètes (situées sur le versant nord de la chaîne du Caucase) relèvent de l'Administration militaire du Caucase du Nord. Cette division a été consacrée à l'époque de l'URSS.

Au moment de la dislocation de l'URSS, la République autonome socialiste soviétique d'Ossétie du Nord faisait partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (capitale : Ordjonikidze - auj. Vladikavkaz). La région autonome d'Ossétie du Sud relevait administrativement de la République socialiste soviétique de Géorgie (Ossétie du Sud, capitale - Tskhinval).

En 1989, l'Ossétie du Sud a mis le cap sur l'indépendance vis-à-vis de la Géorgie. A la fin de 1989, les autorités de la Géorgie introduisent des unités de la police dans la capitale sud-ossète Tskhinvali. En réponse, les Ossètes mettent en place leurs propres formations armées, la Garde nationale. Des affrontements ont lieu entre les forces géorgiennes et ossètes.

Le 20 septembre 1990, le Soviet des députés du peuple de la Région autonome d'Ossétie du Sud (parlement) adopte la déclaration qui proclame la "République d'Ossétie du Sud indépendante". Le gouvernement géorgien ne reconnaît pas cette république et passe, en 1990-1991, à des opérations militaires actives qui font de nombreux morts et provoquent l'exode de dizaines de milliers de réfugiés (essentiellement des Sud-Ossètes).

En janvier 1992, l'Ossétie du Sud organise un référendum au cours duquel la majorité de la population appuie l'indépendance.

Le conflit entre l'Ossétie du Sud et la Géorgie est gelé depuis la signature, le 14 juin 1992, des accords de Dagomys (en Russie) et l'introduction, dans la zone du conflit, de forces de paix constituées d'unités russes, géorgiennes et ossètes, en juillet 1992.

Jusqu'à présent, le statut politique de l'Ossétie du Sud demeure incertain. La république d'Ossétie du Sud - non reconnue par les autorités géorgiennes - est dirigée par le président Edouard Kokoïty (élu en décembre 2001). Tbilissi appelle l'Ossétie du Sud "région géorgienne de Tskhinvali" mais, de fait, ne la contrôle pas.

Aux termes du mémorandum "Sur les mesures à prendre pour garantir la sécurité et renforcer la confiance mutuelle dans le conflit osséto-géorgien" signé le 16 mai 1996 au Kremlin, les parties ont mutuellement renoncé aux pressions politiques, économiques et autres.

Le conflit s'est exacerbé après l'arrivée au pouvoir en Géorgie de Mikhaïl Saakachvili, élu président en novembre 2003.

Le 26 janvier 2005, devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) à Strasbourg, M. Saakachvili annonce des initiatives de paix à l'égard de l'Ossétie du Sud. Il propose à la république autoproclamée un statut de vaste autonomie au sein d'un Etat géorgien uni. Edouard Kokoïty réagit en déclarant que "l'Ossétie du Sud est depuis longtemps une république indépendante" et qu'elle ne formerait jamais un Etat unique avec la Géorgie.

Le 11 mars 2005, M. Saakachvili déclare lors d'une conférence de presse qu'il "n'attendra pas longtemps" la réponse de Tskhinvali aux initiatives de paix géorgiennes. "Ce sont (la région de Tskhinvali et l'Abkhazie - autre république autoproclamée sur le territoire de la Géorgie) nos gens, c'est notre territoire qui s'appelle la Géorgie et qui ne s'appellera jamais autrement", a-t-il dit.

Le 15 février 2006, le parlement géorgien vote un arrêté prévoyant de mettre un terme à la mission de maintien de paix dans la zone du conflit. Les actions de la Russie dans cette région y sont qualifiées d'"intervention".

Les dirigeants militaires russes déclarent de leur côté que le contingent de paix ne pourra quitter la zone du conflit qu'avec l'accord des deux parties impliquées. L'Ossétie du Sud s'oppose résolument à tout retrait des soldats de la paix russes.

La rotation des unités russes au sein de la Force mixte de maintien de la paix dans la zone du conflit osséto-géorgien a eu lieu le 31 mai 2006. Cette rotation a été menée par le tunnel automobile de Roki qui relie la Russie à l'Ossétie du Sud et que la Géorgie ne contrôle pas. Tbilissi qui a vu dans ce geste un défi à la Géorgie a déclaré que, profitant de cette rotation, la Russie a introduit dans la région des troupes supplémentaires.

Le 18 juillet 2006, le parlement géorgien adopte un arrêté exigeant le retrait immédiat des forces de paix russes.

Le 4 octobre 2006, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov déclare devant la session de l'APCE à Strasbourg : "Tout ce qui se passe autour des conflits en Ossétie du Sud et en Abkhazie, les provocations permanentes contre nos forces de paix et les offenses à l'adresse de la Russie, qui est qualifiée d''occupante" et désignée par des épithètes encore plus grossiers - traduisent la recherche d'un prétexte pour régler ces conflits par la force".

Le dirigeant sud-ossète Edouard Kokoïty estime que la politique de deux poids, deux mesures appliquée par la communauté mondiale empêche de régler les conflits osséto-géorgien et abkhazo-géorgien. M. Kokoïty fait grand cas de la présence du contingent de paix russe et estime que celui-ci ne partira pas d'Abkhazie ni d'Ossétie du Sud avant le règlement complet des conflits. Il estime que la politique appliquée par la direction actuelle de la Géorgie tend à "attiser la confrontation" dans la région et à "évincer la Russie de Transcaucasie". "Personne n'évincera jamais la Russie de Transcaucasie", souligne-t-il.

Ces événements ont lieu à la veille des élections présidentielles et du nouveau référendum sur l'indépendance dans la république autoproclamée d'Ossétie du Sud prévus pour le 12 novembre. Lors du référendum de 1992, plus de 98% des électeurs s'étaient prononcés pour l'indépendance de leur république.

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