La Pologne fait chanter Moscou aux frais de l'Europe

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Par Vladimir Simonov, RIA Novosti

Lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères lundi à Bruxelles, la Pologne a bloqué le lancement des négociations sur un nouvel Accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'Union européenne.

Le vieil accord signé en 1997 pour une période de dix ans doit être renouvelé, et les négociations devraient débuter le 24 novembre prochain à l'occasion du sommet Russie-UE qui aura lieu à Helsinki avec la participation du président russe Vladimir Poutine.

La Pologne avance deux exigences: l'une officielle destinée à un large public, et l'autre cachée, mais essentielle pour elle.

De jure, Varsovie insiste sur la ratification par la Russie de la Charte européenne de l'énergie, revendication qui s'explique par les craintes d'instabilité des fournitures d'hydrocarbures russes vers les marchés européens.

De facto, néanmoins, Varsovie exige la levée de l'embargo sur les importations de viande et de produits végétaux imposé par la Russie en novembre dernier.

Moscou est prêt à discuter des deux problèmes. L'invention des Polonais consiste cependant à les relier en un seul bloc, ce qu'on ne peut pas qualifier autrement que de chantage sur la Russie et les collègues de l'Europe unie.

Commençons par la Charte européenne de l'énergie. Pour être précis, il ne s'agit pas de ce document déclaratif et non contraignant que la Russie a signé le 17 décembre 1991 à La Haye, mais de l'avenant de 1994 et du fameux protocole de transit.

Ces deux derniers documents ne satisfont pas la Russie. Ils contraignent les pays non membres de l'UE à garantir le "libre transit" d'hydrocarbures vers l'Union européenne via ses oléoducs et ses gazoducs. La Russie voit une tentative de placer son réseau de transport d'énergie sous le contrôle de Bruxelles.

Lors du sommet informel Russie-UE qui a eu lieu il y a un mois à Lahti, en Finlande, Vladimir Poutine a ouvertement déclaré que la ratification de la Charte de l'énergie dans sa forme actuelle était contraire aux intérêts russes. Peut-on parler, en effet, de bonnes perspectives de coopération entre Moscou et Bruxelles si les intérêts des partenaires incontournables, à savoir des producteurs d'énergie russes, ne sont pas respectés?

Contrairement aux Polonais, leurs collègues européens reconnaissent la rationalité de ces objections. La porte-parole de la Commission européenne, Emma Udwin, a récemment laissé entendre que les Vingt-Cinq devaient introduire dans le nouvel Accord de partenariat et de coopération avec la Russie les principales dispositions de la Charte de l'énergie en attendant que celle-ci soit ratifiée.

Quant à l'embargo sur les importations de produits agricoles polonais, le scandale a éclaté en novembre dernier. Les inspecteurs sanitaires russes ont alors constaté la falsification massive des certificats alimentaires polonais. D'ailleurs, la Pologne n'a jamais affirmé qu'il n'y avait pas eu de falsifications. Plus curieuse est la qualité des faux certificats - leur protection est généralement comparable à celle des billets de banque - qui n'avaient rien d'artisanal. Les enquêteurs russes ont tout lieu de supposer l'implication de responsables et d'inspecteurs polonais.

A Bruxelles, on comprend bien la menace que le veto polonais fait peser sur la prospérité de l'Union européenne. Les "anciens" et les "novices" divergent fortement dans leur approche de l'importance et du rôle de la Russie sur le continent européen.

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