Les experts russes constatent une division au sein de l'UE au sujet du nouvel accord avec la Russie

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MOSCOU, 23 novembre - RIA Novosti. Le refus de la Pologne de lever son veto frappant le lancement des négociations sur la conclusion d'un nouvel accord de partenariat entre l'Union européenne (UE) et la Russie a révélé une division au sein même de l'UE, estiment les experts russes.

"L'incapacité de l'Union européenne de persuader la Pologne montre bien qu'une division s'est annoncée au sein même de l'UE. D'autre part, la Pologne s'est mise en dehors des règles éthiques européennes. Cela n'a pas évidemment manqué d'irriter tant les fonctionnaires de Bruxelles que les principaux pays de l'Union européenne", a déclaré dans une interview à RIA Novosti le politologue Alexandre Pikaïev de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO).

A la veille du Sommet Russie-UE prévu à Helsinki pour vendredi 24 novembre, l'Union européenne n'a pas réussi à persuader la Pologne de la nécessité de lever son veto opposé à l'adoption d'un mandat unique autorisant le lancement des négociations sur un nouvel accord cadre avec la Fédération de Russie. La Pologne a exigé comme préalable à son autorisation la levée de l'embargo russe sur les importations de viande polonaise.

L'actuel Accord de partenariat et de coopération (APC) expire à la fin de 2007.

Selon Viktor Mironenko, expert à l'Institut de l'Europe de l'Académie des Sciences de Russie, dans la situation actuelle, on perçoit un certain malaise de la Pologne au sein de l'Union européenne.

"On sent nettement le désir de la Pologne de jouer un rôle de premier plan au sein de l'Union européenne. Il y a là le problème des anciens et des nouveaux membres. La Pologne est un grand pays, un pays sérieux possédant un important potentiel, et tout porte à croire qu'elle n'est pas tout à fait satisfaite du rôle qui lui est réservé dans l'UE", a supposé Viktor Mironenko. C'est sans doute ainsi que les nouveaux Etats membres de l'UE essaient de "manifester leur importance", estime l'expert.

Les politologues s'interrogent sur l'issue de cette crise. Viktor Mironenko n'est pas d'accord avec les conclusions de certains médias selon lesquels la Russie et l'Union européenne se trouvent au seuil d'une guerre commerciale.

"Il n'y aura pas de guerre commerciale entre la Russie et l'UE à cause de la Pologne", est persuadé l'expert.

De son côté, Alexandre Pikaïev note qu'il devient de plus en plus évident que "la Pologne devra payer très cher sa politique populiste, de sorte que les pertes qu'elle prétend essuyer à cause de l'embargo russe sur sa viande lui paraîtront sous peu bien insignifiantes par rapport aux avantages ratés".

"Pas moins que la Russie, l'Union européenne est intéressée à conclure un nouveau partenariat stratégique", a relevé le politologue.

Aussi, en dépit de la situation autour de la Pologne, le nouvel accord de partenariat Russie-UE pourra-t-il être examiné par les participants au Sommet, pensent les experts.

"De toute évidence, il y aura au futur Sommet une discussion circonstanciée sur les paramètres, la forme et le contenu d'un nouveau grand accord entre la Fédération de Russie et l'Union européenne", a estimé Viktor Mironenko.

Selon lui, le Sommet aura pour tâche "d'élaborer des conditions normales de la coopération" et de désigner la perspective de l'accord.

"Et la Pologne n'est tout simplement pas à même de l'empêcher", est persuadé l'expert.

Il s'attend à ce qu'après le Sommet d'Helsinki, des négociations s'engagent sur un nouvel Accord. Toujours est-il que la préparation d'un nouvel accord durera longtemps, et pendant ce temps, soit l'embargo sera levé, soit la Pologne reviendra sur sa décision, a dit Viktor Mironenko.

En novembre 2005, la Russie a interdit les importations de viande depuis la Pologne, vu de grossières violations de la législation vétérinaire.

"Nous considérons ce problème créé par Varsovie comme un problème strictement intérieur de l'Union européenne (UE)", a déclaré mercredi dernier devant les journalistes à Moscou le représentant spécial du président russe pour les relations avec l'UE, Sergueï Iastrjembski.

"Le problème est qu'à présent, l'UE ne peut pas être mandatée pour engager des négociations avec la Fédération de Russie et ce, à cause de l'attitude adoptée par un Etat membre de l'Union européenne", a-t-il précisé.

Quoi qu'il en soit, Sergueï Iastrjembski estime que Moscou est mal placé pour participer au règlement des divergences entre la Pologne, d'une part, et les autres Etats de l'Union européenne, de l'autre, pour cette simple raison que la Fédération de Russie ne fait pas partie de l'UE.

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