"Les contrats pour l'année prochaine sont déjà signés, aucune mauvaise surprise ne nous attend", estime Dmitri Manguilev, analyste à la compagnie d'investissement Prospekt.
Sur les nouveaux termes de livraison de gaz en Russie, il faudra s'entendre avec le nouveau président du pays, mais si Moscou n'accepte pas d'indexer ces prix conformément aux tendances mondiales, la Turkménie pourrait rechercher de nouveaux partenaires, dit-il.
Le gaz turkmène peut être exporté vers l'Ukraine et l'Europe uniquement en transitant par le territoire russe.
"Le Turkménistan ne peut pas exporter son gaz en direct (vers l'Europe), mais si la Russie refuse d'indexer les prix il recherchera d'autres possibilités", estime l'expert.
De l'avis de l'analyste, l'Europe et la Chine pourraient devenir partenaires du Turkménistan dans l'édification de nouvelles capacités de transport, quant à l'Ukraine, elle ne serait pas, aux yeux d'Achkhabad, un client intéressant.
"En premier lieu, le Turkménistan tourne ses regards vers l'Europe et la Chine", a souligné l'expert.
Konstantin Gouliaev, de la compagnie d'investissement Region, estime qu'il est peu probable que le prix du gaz turkmène change pour la Russie prochainement. Le pays doit d'abord déterminer la politique qu'il appliquera à l'avenir, explique-t-il.
"Le Turkménistan n'a pas intérêt à rompre les accords existants et à tout recommencer à zéro", ajoute l'expert qui estime que pendant l'hiver et, le plus probablement, jusqu'à la fin du premier semestre, le prix du gaz turkmène pour la Russie restera le même, soit 100 USD les 1 000 mètres cubes.
La politique gazière ultérieure d'Achkhabad dépendra de la personne qui occupera le poste de président : "S'il s'agit d'un homme "fort" qui poursuivra la politique de M. Niazov, on aura du mal à s'entendre avec lui, mais, j'en suis sûr, personne n'aura envie de gâter les rapports avec la Russie", estime l'expert.
D'autre part, l'arrivée au pouvoir d'un personnage moins ferme pourrait avoir des retombées positives sur les relations entre les deux pays dans la sphère gazière, selon lui.
"Dans ce cas, le changement de pouvoir sera positif pour Gazprom", estime l'expert.
A plus longue échéance, poursuit-il, le prix du gaz turkmène acheté par la Russie devra approcher le seuil européen des 200 dollars.
"Il s'agira d'un relèvement graduel, espacé sur plusieurs années", note l'expert.
Konstantin Simonov, directeur du Centre de conjoncture politique, estime que la Russie a toute les chances de consolider ses positions au Turkménistan.
"A l'opposé de l'Ukraine ou de la Kirghizie, au Turkménistan, la Russie pourrait recommencer à zéro. Ses concurrents n'y ont pas préparé le terrain pour eux-mêmes, Moscou a donc toutes les chances de ne rien perdre", dit-il.
A son avis, étant allié de la Russie, le président Niazov était toutefois un homme assez imprévisible. Donc, ce changement de pouvoir en Turkménie recèle, pour la Russie, des menaces et de nouvelles opportunités à la fois.
"Si nous sommes les premiers à comprendre ce qui s'y passe et quelles sont les réserves turkmènes d'hydrocarbures, nous pourrions prendre part aussi bien à la production qu'à la construction de nouveaux gazoducs au Turkménistan", note l'expert.
La Chine, l'Europe et les Etats-Unis prétendront également aux ressources de gaz turkmènes, conclut-il.
