"Au cours des trois-cinq ans à venir, il pourra y avoir des changements dans la situation juridique de cinq districts qui entourent le Haut-Karabakh, mais pas dans celle du Karabakh lui-même. Il est plus ou moins facile de s'entendre sur ces régions contrôlées par l'Arménie, mais définir le statut du Haut-Karabakh et de deux autres districts adjacents est une tâche ardue", a affirmé M. Karavaïev en commentant la déclaration faite vendredi par le coprésident américain du Groupe de Minsk de l'OSCE Matthew Bryza selon lequel l'Azerbaïdjan et l'Arménie pourraient signer, avant le printemps prochain, un "accord cadre" sur le règlement du conflit dans le Haut-Karabakh.
L'expert russe n'a pas exclu que Bakou et Erevan puissent signer une déclaration consacrant leur désir commun de parvenir au règlement.
"Ce document sera présenté comme une nouvelle tentative de régler le conflit, mais en réalité, il n'aura aucun sens", a indiqué M. Karavaïev.
Selon lui, les coprésidents américains du Groupe de Minsk ont maintes fois assuré qu'il faudrait plusieurs mois pour faire bouger du point mort le règlement arméno-azerbaïdjanais.
"Derrière la déclaration de M. Bryza, nous ne trouvons rien d'autre que le désir de montrer que le Groupe de Minsk se porte bien et qu'il n'a pas encore épuisé toutes ses possibilités. Si autrefois les déclarations de ce genre suscitent un vif intérêt, aujourd'hui, les parties au conflit et les analystes politiques ne leur attachent pas beaucoup d'importance", a dit l'expert russe.
Peuplé essentiellement d'Arméniens, le Haut-Karabakh est une enclave située à environ 270 kilomètres à l'Ouest de Bakou, dans les régions montagneuses et vallonnées de la partie est et sud-est du Petit Caucase.
Le 10 décembre 1991, la population arménienne du Haut-Karabakh a proclamé à titre unilatéral son indépendance vis-à-vis de l'Azerbaïdjan, indépendance qui n'a été reconnue par aucun Etat du monde. Cette démarche a pourtant déclenché des affrontements entre les forces armées arméniennes et azerbaïdjanaises qui se sont poursuivis jusqu'en1994. A la suite des ces hostilités, Bakou a perdu le contrôle du Haut-Karabakh et de sept districts attenants.
Le problème de l'enclave fait l'objet de négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan avec une médiation internationale. Erevan exige que le conflit soit réglé d'un trait, Bakou est prêt à accepter une solution par étapes. A cet effet, il propose d'abord la restitution des territoires contrôlés par l'Arménie et le rapatriement des réfugiés et ensuite le lancement de pourparlers sur le statut du Haut-Karabakh.
