Merrill Lynch arrive sur le marché russe

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Anatoli Gorev, analyste financier, pour RIA Novosti
Anatoli Gorev, analyste financier, pour RIA Novosti

Le plus grand groupe d'investissements américain Merrill Lynch vient d'annoncer l'acquisition d'environ 10% des actions du holding bancaire russe Trust. Les observateurs évoquent déjà une affaire en or. Premièrement, parce qu'elle annonce l'arrivée sur le marché russe des services bancaires d'un nouvel acteur très puissant. Deuxièmement, parce que Merrill Lynch n'arrive pas en Russie au mieux de sa forme (le groupe subit d'énormes pertes après la crise des subprimes aux Etats-Unis) et qu'il espère y trouver un havre de paix.

Peu d'informations ont filtré concernant la transaction. Il y a deux ou trois mois, l'un des actionnaires du groupe bancaire Trust a fait part de sa volonté de se retirer du capital. Il avait confié la vente de son paquet d'actions à Merrill Lynch. Apparemment, le groupe a fait d'une pierre deux coups en intervenant à la fois comme intermédiaire et comme acheteur, se retrouvant finalement propriétaire de 10% de Trust. Le montant de l'opération n'a pas encore été divulgué, mais les analystes n'excluent pas une plus-value relativement faible: les résultats du 3ème trimestre montrent que les actifs de Trust ont effectivement diminué et que le groupe est passé dans le classement Interfax-CEA de la 69e place à la 101e.

Quoi qu'il en soit, l'entrée dans le capital de Trust est une opération intéressante pour Merrill Lynch. Ne serait-ce que parce qu'elle permettra au groupe américain de développer pleinement ses activités en Russie, ce dont il rêvait depuis longtemps. En mars de cette année, Merrill Lynch avait fini par obtenir une licence de trois ans pour sa filiale en Russie, afin de pouvoir proposer des services de broker et de dealer sur les places financières russes. Les observateurs avaient alors parlé de la volonté de Merrill Lynch de démarrer ses activités en Russie le plus rapidement possible. Ils déclaraient également qu'il ne serait pas surprenant d'avoir vent à court terme de l'acquisition d'actifs russes par le groupe. Leurs prévisions se sont avérées exactes.

La "période de transition" aurait été probablement plus longue pour Merrill Lynch si la situation avait été plus tranquille. Mais, dans les conditions actuelles, l'arrivée sur le marché russe offre un véritable ballon d'oxygène au groupe. Plus particulièrement si l'on tient compte du fait que la Russie n'a pratiquement pas été affectée par la crise américaine des subprimes: son secteur bancaire a conservé une rentabilité élevée et la situation est restée stable sur les marchés financiers. Alors que Merrill Lynch, comme les autres grandes banques des Etats-Unis, a perdu des milliards de dollars et n'est probablement pas au bout de ses peines, comme semble l'indiquer la récente déclaration du directeur de la FED (Réserve fédérale des Etats-Unis), Ben Bernanke, selon qui l'économie américaine risque très sérieusement de voir reculer son taux de croissance, suite au refroidissement observé sur le marché du logement, et de connaître une nouvelle poussée de l'inflation provoquée par les prix records du pétrole et la faiblesse du cours du dollar.

Il est clair que si la situation évolue suivant le scénario le plus pessimiste, aucune victoire remportée sur les marchés russes ne pourra aider Merrill Lynch, d'autant plus que les capitaux qu'il vient d'investir en Russie ne sont rien en comparaison des actifs du groupe qui circulent sur les places américaines et européennes. En revanche, dans le cas d'une évolution selon un scénario "modéré", il est possible que le marché russe soit une aubaine pour ce groupe américain qui trouvera ici facilement l'espace nécessaire à son développement. Il est presque certain, par exemple, qu'il commencera par prospecter activement le segment des services bancaires d'investissement. Grâce à son expérience, à ses relations et à ses réserves encore conséquentes, il peut parfaitement venir marcher sur les platebandes des grandes banques russes ainsi que de ses concurrents traditionnels, tels que Morgan Stanley qui travaille en Russie depuis déjà plusieurs années.

Il est aussi fort probable que Merrill Lynch trouvera le moyen d'exploiter en Russie son expérience en matière de private banking (gestion des actifs de particuliers). Dans ce domaine, il est vrai, il devra faire face à davantage de concurrents, aussi bien des banques russes que des filiales de groupes financiers et de crédit étrangers. Néanmoins, estiment les observateurs, il est parfaitement possible que les clients soient attirés par le nom prestigieux de ce groupe américain et par la notoriété dont il continue de bénéficier à travers le monde, malgré les difficultés liées à la récente crise des subprimes.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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