Revue de la presse russe du 20 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Izvestia

Les Etats-Unis proposent à la Russie de surveiller les éléments de l'ABM en Europe

La Russie pourra contrôler le fonctionnement du système ABM en Europe, d'après l'une des propositions faites par la partie américaine lors des négociations selon la formule 2+2 qui se sont tenues mardi dernier à Moscou, lit-on jeudi dans les Izvestia.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a exposé dans une interview au journal les détails de cette proposition: "La partie américaine est prête à nous proposer une série de mesures destinées à renforcer la confiance et à nous convaincre que ce système n'est pas dirigé contre nous".

Selon lui, le sens de cette proposition se réduit à ceci: "Nous aurons la possibilité de contrôler l'activité du radar et l'état réel de la base des intercepteurs, aussi bien en utilisant le facteur humain que par des moyens techniques".

"Ils (Américains) continuent bien sûr d'affirmer n'avoir aucune intention d'utiliser les bases polonaise et tchèque contre nous, mais ils sont contraints de reconnaître le bien-fondé de notre argument: dans ce genre d'affaires, ce n'est pas l'intention qui compte, mais le potentiel", a affirmé le chef de la diplomatie russe.

"En effet, il ne s'agit pas seulement de la troisième zone de positionnement, d'un radar et de dix missiles intercepteurs, mais du développement actif d'un système qu'il est prévu d'implanter, outre l'Europe de l'Est, dans l'espace du Sud-Est asiatique, y compris au Japon, en Grande-Bretagne et même, selon les médias, en Turquie, bien que cette information n'ait pas encore été confirmée", a poursuivi le ministre.

Quelles sont donc les perspectives réelles de parvenir à des ententes? Répondant à cette question dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta, Viktor Kremeniouk, vice-directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie russe des sciences, a mis l'accent sur la compréhension croissante, entre Washington et Moscou, de la nécessité de renforcer leur coopération stratégique, notamment en matière de lutte contre le terrorisme nucléaire. Cependant, estime l'expert, ce qui manque en ce moment, c'est une progression réelle dans la création de mécanismes concrets de coopération dans ce domaine.

Mais M. Kremeniouk se dit rassuré par le fait que les présidents Poutine et Bush manifestent une certaine impatience. Ils souhaiteraient que leur présidence s'achève sur une note positive, et parvenir à réaliser, entre autres, des progrès réels dans la coopération russo-américaine dans un domaine aussi important. Les deux chefs d'Etat essaient déjà de stimuler leurs équipes, avant tout les ministres, afin qu'ils trouvent des solutions mutuellement acceptables.

Gazeta.ru

Pétrole et gaz: l'Etat augmente la pression sur les compagnies privées

Une perquisition avec saisie de documents a eu lieu mercredi au siège de la compagnie russo-britannique TNK-BP dans le cadre de l'enquête sur la procédure de faillite suspecte de la compagnie pétrolière Sidanko, dont les actifs ont été intégrés à TNK-BP, a indiqué mercredi soir Gazeta.ru.

Néanmoins, les analystes estiment que ce n'est qu'un prétexte pour porter un coup au holding russo-britannique: un affaiblissement de TNK-BP serait dans l'intérêt des compagnies publiques.

Selon les experts, il existe au moins trois versions différentes pour expliquer cette affaire. Premièrement, il s'agit du manque de capacités de raffinage disponibles sur le marché russe. De l'avis de Dmitri Abzalov, du Centre de conjoncture politique, ces événements précèdent une attaque qui sera lancée contre TNK-BP en vue d'acquérir ses actifs à vil prix. "Puisque la saisie des documents est effectuée par le Comité d'enquête proche de Rosneft, on peut supposer que c'est Rosneft qui est à l'initiative de cette attaque", estime M. Abzalov.

Selon le deuxième scénario, c'est Gazprom qui pourrait avoir agi contre TNK-BP, car le monopole gazier souhaite acquérir une part majoritaire dans le gisement de condensat de gaz de Kovykta. "Gazprom et TNK-BP ne se sont toujours pas entendus sur un prix et le monopole russe du gaz n'aime pas payer plus quand il peut payer moins, affirme un des experts du marché. Selon nos prévisions, en faisant pression sur TNK-BP, Gazprom achètera Kovykta à bas prix".

La troisième version est également liée à Gazprom. "Selon la législation en vigueur, Gazprom, propriétaire des gazoducs, est exportateur exclusif de gaz", rappelle Dmitri Abzalov. Mais le Service fédéral antitrust prépare des amendements à la loi sur l'exportation de gaz, selon lesquels l'exportation sera répartie proportionnellement à l'extraction. Selon l'expert, si ces amendements sont adoptés, cela permettra aux producteurs indépendants de gaz, parmi lesquels TNK-BP est l'un des plus importants, au moins de doubler l'extraction de gaz. A propos, c'est la compagnie russo-britannique qui a proposé d'apporter ces amendements. "Par conséquent, Gazprom pourrait perdre jusqu'à 22% de ses exportations, affirme Dmitri Abzalov. C'est pourquoi il n'est pas exclu que l'on ait ainsi voulu porter un coup préventif à TNK-BP alors qu'on commençait à évoquer l'amendement de la loi sur l'exportation".

Quelle que soit la version juste, en fin de compte, nous sommes en présence d'une pression exercée par l'Etat sur les compagnies privées en vue de favoriser les compagnies publiques. "Cela témoigne du fait que l'arrivée au pouvoir de Dmitri Medvedev n'a rien changé", estime un des experts du marché.

Nezavissimaïa gazeta

Des tentatives naïves pour opposer Medvedev et Poutine

Les spécialistes américains de la Russie estiment que Dmitri Medvedev diffère de Vladimir Poutine, qu'il est plus conciliant, plus aimable et possède de sérieuses connaissances en droit: c'est sur ces considérations que se fondent les attentes d'un nouveau dégel, note jeudi le journal Nezavissimaïa gazeta.

Une attention particulière est portée sur trois détails caractéristiques de la conduite des deux leaders russes pendant les premières 24 heures qui ont suivi l'élection présidentielle. Premièrement, Dmitri Medvedev n'a pas remercié Vladimir Poutine au cours de la "manifestation des vainqueurs" près de la place Rouge, bien qu'il l'ait fait même pour les électeurs de ses opposants. Deuxièmement, après la déclaration de M. Medvedev selon laquelle il s'occuperait de la structure du pouvoir exécutif, M. Poutine l'a tout de suite corrigé en indiquant qu'ils s'en occuperaient ensemble. Troisièmement, aux propos de M. Medvedev relevant que le président, en vertu de la Constitution, était responsable de la formation de la politique extérieure, le président sortant a immédiatement répondu en précisant que la politique extérieure de la Russie resterait inchangée.

Ces nuances sont à présent analysées en prévision de l'avenir. On y voit tant les ambitions de leader du nouveau président qu'un conflit potentiel au sommet du pouvoir. On a l'impression que les Américains souhaitent vivement que Dmitri Medvedev ne soit pas un nouveau Poutine. Mais quelles sont précisément les questions de géopolitique américaine qui seront plus faciles à régler pour eux sans M. Poutine? Dans quelle partie du monde sera-t-il plus commode d'élargir l'OTAN?

Les réponses ne sont pas évidentes. Qui plus est, les attentes mêmes des experts américains et des personnalités officielles semblent être naïves. M. Medvedev ne nous est pas tombé du ciel. Pendant huit ans, il a été l'un des fonctionnaires les plus influents de l'administration poutinienne. Il est l'un des coauteurs et coarchitectes de l'édifice du nouvel Etat russe dont il prend la direction. Il est donc naturel qu'en tant que coauteur, il porte la responsabilité des défauts de construction. Et il se rend même probablement mieux compte que les autres des défauts de cette nouvelle construction. Mais il se peut également qu'en tant que concepteur, il ne voit aucune anomalie dans sa création préférée. Les critiques pourraient alors lui sembler excessives, car ce qu'on a à présent peut sembler mieux que ce qu'on avait auparavant.

Quoi qu'il en soit, les tentatives pour opposer sur-le-champ Dmitri Medvedev à Vladimir Poutine, établir les différences de principe entre ces deux hommes et prédire un conflit et une scission des élites semblent naïves. Un changement de politique est également peu probable: ce n'est pas un hasard si la notion de "poursuite de la politique de Poutine" a été introduite dans le vocabulaire politique en tant que leitmotiv des deux dernières campagnes électorales.

Kommersant

Défense: Russie et Inde accélèrent leur projet d'avion de transport polyvalent

Rosoboronexport (agence d'exportation d'armes russes) et la corporation indienne Hindustan Aeronautical Ltd ont l'intention de signer en avril un contrat d'étude conjointe de l'avant-projet d'un avion de transport polyvalent, lit-on jeudi dans les colonnes du quotidien Kommersant.

Par conséquent, le projet, dont le montant est évalué à 600 millions de dollars, doit être accéléré d'un an. Mais les experts estiment que cet avion coûtera bien plus cher et que son développement par la compagnie aéronautique MAK Ilyushin présente un risque.

L'avion de transport polyvalent doit être développé sur la base de l'Il-214 russe, avion de transport miliaire moyen courrier développé dans les années 90. Sa capacité de chargement sera de 20 tonnes. L'armée de l'air russe a déjà annoncé son intention de commander 100 avions de ce type, l'armée de l'air indienne, 45.

Le programme de construction de cet avion de transport polyvalent qui accuse déjà un retard de sept ans sur les plans initiaux peut enfin aborder le stade de la réalisation. Selon les estimations de MAK Ilyushin, compte tenu de l'intérêt manifesté par les forces aériennes russes et indiennes, le volume prévu de commandes pour l'Il-214 (avant-projet de la version russe de l'avion de transport polyvalent) peut constituer 250 appareils, soit environ 10 milliards de dollars, compte tenu du prix à l'unité de 35 à 40 millions de dollars.

Il est vrai, ces calculs sont effectués en prenant en considération le fait qu'environ 250 An-12 analogues, dont la fabrication s'est achevée dans les années 1970, sont actuellement exploités dans le monde. 1.900 avions de transport militaires moyens courriers d'une capacité de chargement de 20 tonnes sont exploités dans le monde, mais l'américain Lockheed Martin avec son C-130 Hercules détient 80% du marché.

Selon l'estimation de Viktor Livanov, directeur général de MAK Ilyushin, le coût de la construction de l'avion de transport polyvalent jusqu'à sa fabrication en série sera d'environ 600 millions de dollars, chaque partie versera 300 millions. Les programmes étrangers analogues sont évalués à 2 milliards au minimum.

Maxime Piadouchkine, rédacteur de la revue aérospatiale Russia/CIS Observer, indique que "l'avion n'existe pas encore même sur le papier, c'est pourquoi son coût et les délais seront, naturellement, corrigés". Konstantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies, suppose que "la somme de 600 millions de dollars est tirée du business plan de 1999 qui n'a probablement pas été corrigé depuis". M. Makienko fait remarquer que tout le programme du Sukhoi Superjet 100, appareil de moindre dimension que l'avion de transport polyvalent, pèse environ 1,5 milliard de dollars. En outre, selon l'expert, le fait que le projet ait été confié uniquement à MAK Ilyushin engendre "de grands risques, car cette compagnie ne peut pas se vanter d'avoir remporté de grands succès dans la période postsoviétique".

Vedomosti

Accès aux secteurs stratégiques russes: les étrangers bientôt fixés

Le projet de loi sur l'accès des étrangers aux secteurs stratégiques russes est prêt à passer en deuxième lecture et celle-ci pourrait avoir lieu dès vendredi, note jeudi le quotidien Vedomosti.

Le comité parlementaire pour l'industrie, le bâtiment et les technologies avancées l'a recommandé à l'adoption mercredi sans longues discussions.

Le document a été adopté en première lecture en septembre dernier. La composition de la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) a changé depuis, et des amendements concernant les gisements stratégiques ont été apportés au texte. La liste des secteurs stratégiques a été modifiée cinq fois. Après la deuxième lecture, il ne devrait plus y avoir aucun changement radical, estime le président du comité en question, Martin Chakkoum.

La version finale désigne 42 types d'activité dont le domaine nucléaire, le chiffrage, la fabrication et la vente d'armes ainsi que l'aviation. Outre les ressources du sous-sol, le texte amendé comprend également la pêche, les chaînes de télévision et les stations de radio (avec une audience de plus de la moitié des habitants de la région) et la presse écrite (avec un tirage dépassant un millions d'exemplaires). Les monopoles naturels, hormis la poste, les communications et la distribution d'énergie, sont restés classés stratégiques.

Pour Gazprom, les auteurs du projet ont décidé de ne pas l'étendre aux utilisateurs de ressources du sous-sol dont l'Etat contrôle plus de la moitié (50% + 1 action).

Afin d'acquérir plus de 50% d'une compagnie stratégique (plus de 10% dans le cas où celle-ci s'occupe d'extraction), les étrangers doivent obtenir l'aval d'un organe compétent (le plus probablement, du Service fédéral antitrust). La norme pour les compagnies nationales étrangères est plus rigoureuse: celles-ci devront obtenir cette permission pour acheter plus de 25% des actions d'une compagnie stratégique (ou de 5% des actions d'un utilisateur des ressources du sous-sol).

La commission gouvernementale aura entre trois et six mois pour prendre une décision. Les conclusions des experts seront rédigées par le FSB et par la commission interdépartementale pour le secret d'Etat. La décision pourra être contestée devant la Cour supérieure d'arbitrage. En cas de violation de la loi, toute transaction pourra être reconnue comme nulle.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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